Prise du fort Saint-Jean-d'Ulloa, 27 novembre 1838
Auteur : VERNET Émile-Jean-Horace, dit Horace
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1840-1841
Date représentée : 27 novembre 1838
H. : 512 cm
L. : 712 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (château de Versailles) / Gérard Blot
93-000418-01 / MV 2024
L’expédition au Mexique en 1838
Date de publication : Novembre 2016
Auteur : Nicolas BOURGUINAT
La souveraineté du Mexique en question
Le Mexique des années 1830 peine à trouver une stabilité politique et doit faire face à des difficultés financières. Violences, pillages, interdictions diverses, restrictions commerciales : les puissances européennes s’exaspèrent de voir leurs intérêts financiers bafoués et font régulièrement pression sur le pays pour aider leurs ressortissants.
Constatant que leurs demandes d’indemnisation sont ignorées par le président Bustamante, nombre de commerçants français expatriés au Mexique se tournent vers Paris. Parmi eux un pâtissier, d’où la dénomination de cet épisode : la « guerre des gâteaux » (guerra de los pasteles). Plusieurs mois durant, en 1837, des vaisseaux français envoyés par le roi Louis-Philippe font le blocus du port de Vera Cruz, sans pour autant faire céder le gouvernement mexicain.
L’expédition montée pour l’automne 1838 conduit à une véritable démonstration de force : l’escadre bombarde en effet le fort de San Juan d’Ulùa, installée sur un promontoire rocheux défendant la baie de Vera Cruz. Considéré jusque-là comme inexpugnable, il est contraint à la reddition. L’épisode ne met pas fin au conflit mais constitue un pas décisif pour conduire les Mexicains à la table des négociations.
Ce tableau gigantesque d’Horace Vernet achevé en 1841 fait partie d’une série de commandes de l’État orléaniste, désireux de constituer une galerie de peintures d’histoire qui exalte la naissance du régime en 1830 et les succès militaires de la nouvelle dynastie.
Un spectaculaire bombardement naval
Le tableau de Vernet sert d’abord à rendre hommage au prince de Joinville, que l’on aperçoit sur la corvette La Créole, tenant à la main une lorgnette. Le troisième fils de Louis-Philippe, tout juste âgé de vingt ans, venait de recevoir le commandement de ce vaisseau au sein de l’escadre française placée sous la responsabilité du contre-amiral Baudin.
Le bombardement de Vera Cruz à l’arrière plan, avec les flammes et les fumées qui s’échappent des bâtiments, renvoie à un épisode très précis : l’explosion de la tour du fort de San Juan d’Ulùa, qui contenait les réserves de poudre, le 27 novembre 1838. Joinville écoute le rapport d’un lieutenant de vaisseau, dans une posture un peu nonchalante alors que le danger reste bien réel, du fait des tirs de boulets et de mitraille opposés par les défenseurs du fort, dont on voit les impacts sur l’eau, et de la présence des récifs tout proches.
Un tableau glorifiant la monarchie de Juillet
Souvent présentée comme un régime très modeste en termes de politique extérieure, la monarchie de Juillet a souvent affiché, au contraire, des objectifs ambitieux. Elle a également eu le souci de se présenter et de se mettre en scène auprès du public français contemporain comme un régime menant une politique de puissance.
Louis-Philippe a multiplié les commandes de peintures destinées à évoquer la naissance du régime, avec les journées de juillet 1830, et ses grands succès extérieurs, dans l’achèvement de la conquête de l’Algérie ou dans les opérations navales et militaires outre-mer. Cette œuvre de Vernet peut donc être vue comme une peinture de propagande, exaltant la réussite de la France et le rôle personnel de l’un des fils du roi dans une opération navale qui eut réellement un grand retentissement international.
La chute du fort de San Juan d’Ulùa était en effet le fruit d’un bombardement naval très efficace, mené avec l’aide d’obus explosifs d’usage totalement nouveau, et Joinville s’y était effectivement distingué. Ces qualités de chef devaient lui valoir de continuer brillamment sa carrière dans la marine, jusqu’à ce que la Révolution de 1848 le contraigne à l’exil.
PENOT Jacques, Les relations entre la France et le Mexique de 1808 à 1840 : un chapitre d’histoire écrit par les marins et diplomates français, Lille, service de Reproduction des thèses, 1976.
VERGÉ-FRANCESCHI Michel (dir.), Dictionnaire d’histoire maritime, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002, 2 vol.
Nicolas BOURGUINAT, « L’expédition au Mexique en 1838 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/expedition-mexique-1838
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rouxel || une demande de précision
le tableau est-il d'Horace Vernet ou de son père Carle Vernet somme indiqué dans la légende de l'image ?
Bonjour,
Bonjour,
Ce tableau est bien une œuvre d'Horace Vernet.
A bientôt,
l'équipe du site l'Histoire par l'image
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