Le 14 juillet 1880.
La Célébration du centenaire des Etats-Généraux de 1789,[...], 5 mai 1889.
Le 14 juillet 1880.
Auteur : ROLL Alfred
Lieu de conservation : musée du Petit Palais (Paris)
Date de création : 1880
Date représentée : 14 juillet 1880
H. : 175 cm
L. : 370 cm
Huile sur toile. Esquisse préparatoire du tableau exposé au Salon de 1882.
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - Bulloz
02-014706 / INV829bis
Célébrations de la Révolution sous la IIIe République
Date de publication : Mars 2008
Auteur : Mehdi KORCHANE
Les élections municipales et sénatoriales de 1879 consacrent la victoire des républicains sur les royalistes. Le 30 janvier le monarchiste Mac-Mahon démissionne ; un républicain, Jules Grévy, devient président de la République après une décennie d’une étrange République laissée aux mains des monarchistes. La refondation institutionnelle du pays est marquée par une série de célébrations et de commandes publiques qui exaltent l’héritage de 1789 et inscrivent la Troisième République dans la continuité de la république originelle.
La consécration du 14 juillet comme fête nationale compte parmi les mesures les plus symboliques : elle célèbre la prise de la Bastille autant que de la fête de la Fédération, premier anniversaire de l’évènement, qui avait marqué l’éveil d’une conscience nationale.
La commémoration révolutionnaire va également devenir l’instrument de légitimation d’un pouvoir républicain menacé : l’État orchestre opportunément le centenaire de la Révolution pour neutraliser la crise boulangiste et renforcer sa popularité. En souvenir de l’ouverture des États Généraux de 1789, la date du 5 mai avait naguère été proposée lors de la discussion du projet de loi pour l’établissement d’un jour de fête nationale, mais avait été écartée en raison de son antériorité à l’événement révolutionnaire. Elle est opportunément réactualisée à la faveur de l’inauguration de l’Exposition universelle, dont elle constitue la cérémonie préliminaire.
Le 14 juillet 1880 condense dans la même scène tous les acteurs et ingrédients de la fête populaire : un public en liesse déclinant tous les âges occupe la moitié inférieure de l’image ; à une tribune de spectateurs à droite répond l’estrade d’une fanfare à gauche, le mât orné d’un trophée de drapeaux tricolores formant l’axe médian de cette composition relativement symétrique.
A mi-hauteur, un casque de dragon émergeant au dessus la foule dans le lointain (vers la gauche) laisse deviner le passage d’un défilé militaire. Tous assistent, sur l’ancienne place du Château d’Eau, à l’inauguration du monument dévolu à la République, visible à l’arrière-plan, édifié par les frères Morice à la suite d’un concours organisé l’année précédente par la Ville de Paris.
Si la statue allégorique – une version en plâtre, en attendant son exécution en bronze – permet de reconnaître la place à laquelle elle a donné son nom, les indications de lieu sont limitées et la profondeur de la scène reste restreinte, le peintre privilégiant, dans cette esquisse préparatoire, les effets de surface pour rendre l’agitation fébrile de la foule au moyen d’une densité extrême de figures, d’un éparpillement contrasté des couleurs, la gamme chromatique se réduisant pour l’essentiel aux trois tons du drapeau français.
La Célébration des États Généraux de 1789 reprend le principe de condensation plastique de la foule, mais pour répondre aux exigences de lisibilité du tableau officiel, le peintre a tempéré l’effet d’instantanéité en organisant l’image de manière plus rationnelle et hiérarchisée. L’élan collectif converge vers les acteurs politiques : le prédisent Sadi Carnot et son ministre Pierre Tirard se détachent de la masse compacte des assistants. La touche naturaliste de Roll saisit également les portraits des hommes illustres du régime : s’y reconnaissent entre autres Clarétie, Massenet et Zola. Les notes bleues, blanches et rouges introduites dans la composition par les costumes des comparses rappellent de manière allusive le caractère national de la célébration, mais l’absence des décorations tricolores souligne la solennité du moment : le peintre saisit non plus une fête mais une cérémonie officielle à laquelle le jardin du château de Versailles sert de théâtre grandiose.
Dépôt sacré, fond commun à tous les Français, la Révolution intervient dans tous les grands moments de la vie politique du pays dès lors que la République en devient le régime officiel. La fête nationale qui la célèbre est, de fait, avant tout celle du peuple : c’est la fête de sa fierté retrouvée après l’humiliante défaite de 1870 ; c’est celle de son identité républicaine, que le régime doit exalter pour assurer son avenir. La tenue de l’Exposition universelle de 1889, rythmée de bout en bout par les cérémonies du Centenaire, a été un agent électoral déterminant : à l’automne, le boulangisme est vaincu dans les urnes.
Tandis que le gouvernement se tourne volontiers vers Édouard Detaille pour représenter les cérémonies militaires, Alfred Roll lui est désigné par ses préoccupations sociales comme le peintre par excellence de l’enthousiasme populaire. Adepte de l’esthétique naturaliste prônée par Zola et Castagnary, celui qui a fait du peuple ouvrier et militant l’un des acteurs principaux de son œuvre est l’artiste idéal de la troisième République.
Maurice AGULHONMarianne au pouvoir, l’imagerie et la symbolique républicaines de 1880 à 1914Paris, Flammarion, 1989.Christian AMALVI « Le 14-Juillet », in Les Lieux de mémoire, tome I, La RépubliquePierre NORA (dir.), Paris, Gallimard, 1984, rééd.1997.Olivier IHLLa Fête républicaineParis, Gallimard, Bibliothèque des histoires, 1996.Olivier LE BIHAN (dir.)Alfred Roll (1846-1919).Le naturalisme en questionParis, Somogy, 2007.Rosemonde SANSONLes 14 Juillet, fête et conscience nationale (1789-1975)Paris, Flammarion, 1976.Pierre VAISSELa Troisième République et les peintresParis, Flammarion, 1995.
Mehdi KORCHANE, « Célébrations de la Révolution sous la IIIe République », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/celebrations-revolution-iiie-republique
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iman tsabet
c bien expliqué mais y a pas la forme les couleurs et personnages la compositonn et les jeux de lumières ni les usages (classique/romantisme)
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