Aller au contenu principal
Principales productions d'origine végétale

Principales productions d'origine végétale

Date de création : 1931

Date représentée :

H. : 308 cm

L. : 278 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© Droits réservés © RMN-Grand Palais (musée du quai Branly - Jacques Chirac) / Daniel Arnaudet

Lien vers l'image

75.1684 IA - 87-000132

  • Principales productions d'origine végétale
  • Principales productions d'origine végétale

Le Vin et les colonies

Date de publication : Octobre 2009

Auteur : Alban SUMPF

La viticulture dans les colonies d’Afrique du Nord de la fin du XIXe siècle aux années 1930

Les exploitations agricoles du Maghreb connaissent leur âge d’or de la fin du XIXe siècle aux années 1930. Compagnies mettant en valeur de vastes terres, petits et moyens propriétaires (d’abord presque exclusivement des colons, puis de plus en plus d’indigènes), s’adonnent le plus souvent à la monoculture – cultures maraîchères, vergers ou vigne. Les travaux d’assainissement et d’irrigation des terres ainsi que l’amélioration des transports, qui garantissent un acheminement rapide des fruits et légumes frais, conduisent à une forte augmentation des exportations vers la France.
Ce contexte favorable bénéficie en premier lieu à la viticulture. Les découvertes de Pasteur sur la fermentation du vin (années 1850) et sur la manière de réfrigérer les moûts pendant les grosses chaleurs (1867) rendent possible une meilleure vinification. La crise du phylloxéra qui débute en 1864 et anéantit les vignobles de métropole ouvre de nouveaux débouchés aux vins des colonies. L’État aide alors au développement de la viticulture dans le Maghreb. Si le Maroc, et encore plus la Tunisie, consacrent des superficies assez importantes à la vigne, c’est bien en Algérie qu’elles vont progresser le plus : 15 000 hectares en 1878, 110 000 en 1890, 167 000 en 1903 et 396 000 en 1930. Avec près de 20 millions d’hectolitres produits en 1930, soit 45 % de la valeur de ses exportations, l’Algérie devient alors le quatrième producteur mondial de vin.

La vigne, un exemple de l’excellence des produits coloniaux

L’image proposée est un détail de la toile Principales exportations d’origine végétale, œuvre de Géo-Michel, né en 1885. Pour l’exposition de 1931, l’artiste réalise sept tableaux ayant pour thème l’économie coloniale et représentant les denrées vivrières exportées par les territoires français d’Afrique et d’Asie.
Dans cette partie de la toile figurent trois personnages. Un homme de type maghrébin, vêtu d’un costume traditionnel blanc et beige, se tient debout et s’occupe avec soin d’une vigne. Au centre de la diagonale, une femme habillée elle aussi à l’indigène et voilée. Assise, elle présente au spectateur qu’elle fixe droit dans les yeux une coupe pleine de henné. Enfin, un enfant nous montre son dos nu et hâlé. Autour d’eux apparaissent les différents produits coloniaux, dont le nom est inscrit en lettres jaunes. Les raisins et les vins sont en bonne place, presque en évidence, au premier plan. Utilisant habilement la peinture à huile, l’artiste joue de la diversité des couleurs et figure de manière lumineuse la variété, la diversité, la luxuriance et l’abondance des produits coloniaux.

Les bienfaits de la colonisation illustrés par la viticulture

L’œuvre cherche à convaincre les Français de métropole des bienfaits de la colonisation, ici en matière agricole, et à leur montrer tout ce que les colonies apportent à la France. La profusion des produits locaux prouve la grande fertilité de ces terres lointaines, pour peu qu’elles soient bien exploitées. Au-delà de l’intention « exotique », le fait que ce sont des indigènes qui présentent leur production veut peut-être signifier que, bien formés et bien encadrés, ils sont capables, pour leur prospérité et celle de la métropole, de tout cultiver.

C’est alors le principe même de la colonisation qui viserait à être légitimé, l’abondance de la récolte montrant que la mission civilisatrice exercée par la France et par les colons sur place profite à tous. Les terres « exotiques » ont été domptées pour donner le meilleur d’elles-mêmes. Les indigènes aussi, qui semblent surtout dociles, apaisés, confiants en leur travail et leur avenir (surtout l’homme). Si le regard fier de la femme exprime une sorte d’insoumission, celle-ci procéderait de sa réussite dans le processus agricole et commercial induit par la colonisation plutôt qu’elle ne le contesterait.

La vigne et le vin (comme le blé ou les légumes d’ailleurs) ne sont certes pas des produits exotiques. Mais, véritables fruits d’un réel travail, ils méritent de figurer au tableau d’honneur des richesses agricoles que les colonies apportent à la France, pays de vin par excellence. Peut-être s’agissait-il ici de rassurer les consommateurs et de « répondre » aux viticulteurs métropolitains mécontentés par la concurrence des vins d’Algérie – le secteur connut une grève en 1907 et de nombreuses crises par la suite.

Pierre GUILLAUME, Le monde colonial, Armand Colin collection U, Paris, 1999.

Gilbert GARRIER, Histoire sociale et culturelle du vin, Bordas Cultures, Paris, 1995.

Catherine HODEIR et Michel PIERRE, L’Exposition coloniale, Paris 1931, Paris-Bruxelles, Éditions Complexe, 1991.

Alban SUMPF, « Le Vin et les colonies », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/vin-colonies

Anonyme (non vérifié)

Bonjour,
Je recherche depuis des mois des informations sur le peintre Michel Geo dont j'ai exécuté en tant que copiste une de ses toiles sur l'exploitation végétale.
Pourriez- vous m'aider ? De plus, pourriez-vous dans un cadre légal accepter de "complèter" mon travail sur ce peintre d'aprés ce que j'y ai découvert sur les exploitations coloniales. A bientôt !!!!

mar 15/10/2013 - 18:45 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Bonjour,

Pour davantage d'informations sur ce peintre, je vous invite à consulter l'ouvrage de Lynne Thornton, Les Africanistes. Peintres voyageurs (1860-1960), 1990, Courbevoie : ACR Éditions (collection "Les Orientalistes", n° 9), 336 p. L'auteur y présente une courte biographie de l'artiste (p. 326) et renvoie au quatorzième volume du Livre des peintres exposants (1931). N'hésitez pas non plus à effectuer des recherches sur Gallica et sur le catalogue des oeuvres du musée du Quai Branly, qui conserve quelques toiles.

Bon courage pour vos recherches et à très bientôt sur notre site !

Aurélie

mer 30/10/2013 - 12:15 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

"Le tour du monde en un jour", une exposition coloniale

"Le tour du monde en un jour", une exposition coloniale

La constitution de l’empire colonial français

Depuis les années 1890, la constitution de l’empire colonial français ne rencontre plus de…

Prise de la smalah d'Abd-el-Kader

Prise de la smalah d'Abd-el-Kader

L’émir Abd el-Kader avait été l’âme de la résistance à la colonisation française de l’Algérie, dont la conquête avait été entreprise en 1830. D’…

L'Armée française au cœur de la conquête de l'Algérie

L'Armée française au cœur de la conquête de l'Algérie

La conquête de l’Algérie.

La conquête de l’Algérie débute en juin 1830 : les troupes françaises, dirigées par le comte de Bourmont, débarquent à…

Alger, « capitale » de la France Libre

Alger, « capitale » de la France Libre

Séance inaugurale de l’Assemblée consultative provisoire d’Alger

Le 8 novembre 1942, l’opération Torch (nom de code du débarquement allié en…

Voyage de Napoléon III en Algérie, 1865

Voyage de Napoléon III en Algérie, 1865

Napoléon III et l’Algérie

Conquis progressivement à partir de la prise d’Alger du 5 juillet 1830, les territoires algériens sont devenus…

La prise de Constantine

La prise de Constantine

La prise de Constantine

En 1834, le roi Louis-Philippe se résout à maintenir la présence française en Algérie, mais choisit de restreindre l’…

La prise de Constantine
La prise de Constantine
La prise de Constantine
Une représentation orientaliste d'un village algérien

Une représentation orientaliste d'un village algérien

A la découverte de nouveaux espaces

L’intérêt de Napoléon III pour l’Algérie est tardif mais en 1859 la conquête du territoire est très avancée.…

L'Achèvement de la conquête d'Algérie

L'Achèvement de la conquête d'Algérie

La reddition d’Abd el-Kader en décembre 1847 ne marqua pas la fin de la résistance à l’occupation française en Algérie. Pour achever la conquête,…

École de jeunes filles en Algérie

École de jeunes filles en Algérie

Un intérêt croissant pour l'Algérie

Après la prise d’Alger par les Français le 5 juillet 1830, la monarchie de Juillet, un temps hésitante,…

Juive d’Alger

Juive d’Alger

Après la campagne d’Égypte de Bonaparte (1798-1801) et le début de la conquête de l’Algérie (1830), la France et la Grande-Bretagne étendent…