Aller au contenu principal
Adieux de Napoléon à la Garde impériale dans la cour du Cheval blanc du château de Fontainebleau

Adieux de Napoléon à la Garde impériale dans la cour du Cheval blanc du château de Fontainebleau

Date représentée : 20 avril 1814

H. : 98 cm

L. : 130 cm

D'après Horace Vernet.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

MV 1775 - 90-001012

Les adieux de Napoléon à la Garde impériale (20 avril 1814)

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Martine GIBOUREAU

Février 1814 : la campagne de France tourne mal ; les généraux ne suivent plus les plans de Napoléon, qui a remporté sa dernière victoire lors de la bataille de Montereau le 18 février. L’Empereur constate : « On ne m’obéit plus ! On ne me craint plus ! Il faudrait que je fusse partout à la fois ! » Il arrive à Fontainebleau le 31 mars avec le projet d’attaquer Paris, occupé par les ennemis. Mais le Sénat et le Corps législatif proclament sa déchéance, et les maréchaux refusent de tenter un dernier assaut. Napoléon propose une abdication conditionnelle : le roi de Rome serait empereur, et Marie-Louise régente. Dès qu’il prend connaissance de la trahison de Marmont, duc de Raguse, qui livre ses troupes à l’ennemi, le tsar Alexandre refuse l’abdication sous condition, et les sénateurs appellent Louis XVIII à régner. Le 6 avril, Napoléon accepte d’abdiquer sans conditions et de bénéficier de la souveraineté de l’île d’Elbe ainsi que d’une rente de deux millions versée par le gouvernement français, tandis que Marie-Louise se voit confier le duché de Parme avec droit de succession pour son fils. Le mercredi 20 avril, c’est le départ pour l’île d’Elbe.

La scène se situe dans la cour du Cheval blanc (appelée aussi cour des Adieux en souvenir de cet épisode). On devine en haut et à gauche le célèbre escalier en fer à cheval créé sous Louis XIII. Napoléon est au centre du tableau, de face, botté, épée au côté, la tête coiffée du chapeau légendaire. Derrière lui, à gauche, les représentants des pays victorieux, chapeau à la main, l’air grave. L’un d’entre eux lève son chapeau de sa main gauche. Les deux généraux de Napoléon, eux aussi découverts, l’encadrent de très près. L’Empereur est très droit et ne montre aucune faiblesse. A gauche au premier plan des soldats brandissent leurs bonnets. Le porte-drapeau, vers lequel Napoléon tend la main gauche et qui s’avance, cache ses yeux de la main gauche. Les couleurs sont à dominante sombre. La représentation de cette scène, décrite par les différents auteurs comme étant marquée d’une intense émotion, est plutôt froide. La gravité, plus que l’émotion, domine ici. Les gestes sont raides, les visages figés. Le peintre semble partagé entre deux visions.

Horace Vernet (1789-1863), auteur du tableau original dont l'œuvre de Montfort est une copie, n’a pas été le témoin de la scène. Il retranscrit ce que l’imagerie populaire a véhiculé. La scène se situe juste au moment où Napoléon vient d’achever sa harangue : « Soldats de ma vieille garde, je vous fais mes adieux… ». Certains hommes, vieux grognards endurcis, pleurent. Le général Petit s’approche, Napoléon va embrasser le drapeau, serrer le général dans ses bras, souhaiter que ces baisers retentissent dans le cœur de tous ses braves. Des récits disent qu’alors le général Koller mit son chapeau au bout de son épée pour le brandir : le tableau de Vernet, plus sobre, plus retenu, montre juste le chapeau tenu à la main, levé au-dessus des têtes. La légende noire, développée dès le règne de Napoléon, alimentée par l’Angleterre, s’appuie sur l’opposition intérieure et la lassitude populaire face aux guerres incessantes génératrices de misère : l’Aigle est devenu l’Ogre. Après l’abdication, la légende noire continue d’être diffusée, car des centaines de pamphlets antinapoléoniens paraissent entre 1814 et 1821. Mais une légende dorée napoléonienne se développe aussi dès le retour des Bourbons. Il s’agit d’une histoire revue et corrigée par les récits des vieux soldats ou demi-solde, les gravures et les chansons populaires qui glorifient le destin du Petit Caporal et la puissance donnée alors à la France. Si les grands auteurs contribuent à alimenter cette épopée impériale (Hugo, Lamartine, Musset, Vigny, Stendhal, Balzac, etc.), les chansons et gravures entretiennent la ferveur populaire. Ainsi l’exil contribue-t-il à faire de Napoléon une victime. Et le premier épisode de cette tragédie est certainement les adieux de Napoléon à sa garde, au pied de l’escalier en fer à cheval, à Fontainebleau.

Jacques BAINVILLE Napoléon Paris, rééd. Balland, 1995.

Juan-Carlos CARMIGNANI et Jean TRANIE Napoléon : 1814, la campagne de France Paris, Pygmalion-Gérard Watelet, 1989.

Paul NOIROT Napoléon Bonaparte : reflets et résonances littéraires de 1800 à 2000 Paris, Maisonneuve et Larose, 1999.

Jean TULARD (dir.) Dictionnaire Napoléon Paris, Fayard, rééd.1999.

Martine GIBOUREAU, « Les adieux de Napoléon à la Garde impériale (20 avril 1814) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 12/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/adieux-napoleon-garde-imperiale-20-avril-1814

Anonyme (non vérifié)

Excellent tableau qui fait la part belle à Napoléon.
Pourriez-vous liseter les personnages d'après leur position (du fait de la perspective, il est difficile de savoir qui est à gauche ou à droite de qui).

Régis Saison

sam 19/10/2013 - 14:22 Permalien
Anonyme (non vérifié)

A part le général PETIT, le ministre MARET duc de ROVIGO, et le baron FAIN,que je reconnais, peut-on me dire quels sont les autres personnages représentés sur ce tableau ; merci par avance.

lun 16/03/2015 - 15:49 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Hugo en exil

Hugo en exil

Le proscrit

Dramaturge, romancier, poète, Victor Hugo est devenu un monstre sacré de la littérature française. Au cours du XIXe siècle…

Hugo en exil
Hugo en exil
Hugo en exil
L’"Ange soldat" de Paul Klee

L’"Ange soldat" de Paul Klee

En exil sur sa terre natale

En 1940, Paul Klee est un artiste exilé dans le pays qui l’a vu naître soixante et un ans plus tôt. Né Allemand en…

9 janvier 1873 : mort de Napoléon III à Camden Place

9 janvier 1873 : mort de Napoléon III à Camden Place

Mort de l’empereur malade et en exil après la défaite de Sedan

Le 9 janvier 1873 mourrait dans la résidence de Camden House, à Chislehurst, près…

9 janvier 1873 : mort de Napoléon III à Camden Place
9 janvier 1873 : mort de Napoléon III à Camden Place
Les adieux de Napoléon à la Garde impériale (20 avril 1814)

Les adieux de Napoléon à la Garde impériale (20 avril 1814)

Février 1814 : la campagne de France tourne mal ; les généraux ne suivent plus les plans de Napoléon, qui a remporté sa dernière victoire lors de…

Les Fugitifs : fuite, exode ou déportation ?

Les Fugitifs : fuite, exode ou déportation ?

La signification des Fugitifs est assez mystérieuse.

On invoque le plus souvent, pour expliquer l’irruption de ce thème dans l’œuvre de…

Einstein. Photo-génie

Einstein. Photo-génie

Eureka

Le prix Nobel de physique 1921, Albert Einstein (1879-1955) a été l’un des savants les plus photographiés de la première partie du XXe…

Einstein. Photo-génie
Einstein. Photo-génie
La Chute des Bourbons

La Chute des Bourbons

Devenu roi le 24 septembre 1824 à la mort de son frère Louis XVIII, Charles X inaugure son règne par quelques mesures libérales, dont l’abolition…

La Chute des Bourbons
La Chute des Bourbons
La Chute des Bourbons
Le statut social de l’écrivain au XIX<sup>e</sup> siècle

Le statut social de l’écrivain au XIXe siècle

La production littéraire en vogue

Tout au long du XIXe siècle, les œuvres littéraires rencontrent un succès croissant auprès du public…

Le statut social de l’écrivain au XIX<sup>e</sup> siècle
Le statut social de l’écrivain au XIX<sup>e</sup> siècle
Gabriele d'Annunzio, le poète en exil

Gabriele d'Annunzio, le poète en exil

Le poète maudit

Gabriele D’Annunzio naît en 1863 à Pescara, petite ville du sud de l’Italie. Il manifeste très tôt des capacités exceptionnelles et…

Felix Nussbaum, un artiste en clandestinité 1/1

Felix Nussbaum, un artiste en clandestinité 1/1

Un artiste juif en exil et en clandestinité

Né en 1904 dans une famille allemande juive d’Osnabrück, en Basse-Saxe, Felix Nussbaum se forme comme…