Louis XVIII, roi de France et de Navarre, né à Versailles le 17 novembre 1755.
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem, Marseille)
site web
Date de création : 1815
Date représentée : 1815
H. : 42,5 cm
L. : 33,4 cm
Bois de fil (colorié au pochoir) sur papier vergé. Lieu d'édition : Épinal. Chez Jean-Charles Pellerin (éditeur, imprimeur, libraire)
Domaine : Estampes-Gravures
© Photo RMN - Grand Palais - J.-G. Berizzi
02CE10152/52.39.143 C
Louis XVIII
Date de publication : Janvier 2005
Auteur : Nathalie JANES
Cette image est l’une des premières effigies du roi Louis XVIII marquant le retour de la monarchie en France.
Louis XVIII, frère de Louis XVI, était exilé depuis 1791 à l’étranger. Successeur légitime au trône à la chute de Napoléon Ier, il revient en 1814 pour reprendre ses droits. Bien qu'hostile au mouvement révolutionnaire, Louis XVIII a le réalisme politique d'en conserver une partie de l'héritage et met en place une monarchie constitutionnelle. Il tente alors de mener une politique conciliante – malgré la pression des ultras – tout en réaffirmant la place de l’aristocratie en France.
Son règne dura peu de temps : interrompu en 1815 par les Cent-Jours, il s’acheva à sa mort en 1824. Son frère, le comte d’Artois, chef des ultraroyalistes, lui succède.
La Restauration obligea l’éditeur Jean-Charles Pellerin[1] , pourtant défenseur et protégé de l’Empire, à éditer à partir de 1815 l’effigie du nouveau roi, gommant ainsi vingt-cinq ans de lutte contre la monarchie.
Portant les attributs de la royauté, Louis XVIII est représenté à cheval alors que son obésité lui interdisait toute activité équestre. Ce type de représentation s’inscrit dans la tradition du portrait équestre, tradition de représentation de l’effigie royale qui remonte à l’Antiquité gréco-romaine. La première Renaissance s’est réapproprié ce symbole de victoire puis de pouvoir, notamment dans des œuvres comme la statue équestre de Gattamelata, réalisée par Donatello. Il disparaîtra avec l’automobile. Apanage des classes dirigeantes, ce genre est récurrent sous tous les régimes, et les portraits équestres des généraux de l’Empire, entre autres, foisonnent lorsque Louis XVIII arrive au pouvoir.
Son effigie, cependant, se démarque des portraits impériaux par un hiératisme qui fait appel à des souvenirs visuels de l’Ancien Régime. Elle est notamment à rapprocher de la numismatique. Monnaies et médailles montraient le souverain dans son aspect le plus rigide, de profil, quelque peu déshumanisé. Représentant de Dieu sur terre, le roi restait dans l'imaginaire populaire ancien un être suprême, quasi divin, impalpable et lointain. Seule son image était accessible, connue de tous, manipulée au quotidien et en cela très populaire.
Louis XVIII apparaît ainsi en héros triomphateur mais, à la différence de son prédécesseur, ne fait plus référence directement à l’Antiquité, dont Napoléon s’était servi pour légitimer son pouvoir. Libérateur d’une France opprimée, l’Empereur avait consolidé son règne à travers son effigie marmoréenne. Louis XVIII, à son tour, devient ce héros libérateur, mais en réaffirmant des traditions monarchiques que la Révolution puis l’Empire s’étaient efforcés d’éradiquer.
Le succès des images d’Épinal correspond sans doute aux aspirations de la population. Après des années de souffrances et de guerre, la paix et le retour des valeurs anciennes étaient attendus. À la suite des changements radicaux nés de la tourmente révolutionnaire, une sorte d’âge d’or où le souverain était le seigneur protecteur renaissait.
Le message politique de l’estampe, contrairement à la mise en scène, reste en fait d’obédience médiévale et rétablit dès lors un ordre millénaire marquant le retour de la monarchie au pouvoir.
Cette gravure légitime ainsi la place de Louis XVIII sur le trône de France et traduit la continuité de l’imagerie populaire à célébrer les grands de ce monde, notamment par le biais du colportage, alors en plein essor.
Georges BORDONOVE, Louis XVIII : le Désiré, Paris, Pygmalion, 1989.Jean-Marie DUMONT, Les Maîtres graveurs populaires 1800-1850, Épinal, Pellerin, 1965.Annie DUPRAT, Les rois de papier, la caricature de Henri III à Louis XVI, Paris, Belin, 2002.Nicole GARNIER, L’Imagerie populaire française, tome II « Images d’Épinal gravées sur bois », Paris, RMN, 1996.Évelyne LEVER, Louis XVIII, Paris, Fayard, 1988.Emmanuel de WARESQUIEL et Benoît YVERT, Histoire de la Restauration : naissance de la France moderne, Paris, Perrin, 1996.
1. Jean-Charles Pellerin, né à Épinal en 1756.Le succès des images retraçant l'épopée impériale a fait la fortune de l'imagerie Pellerin. Sous l'Empire, Jean-Charles Pellerin consacre une part de sa production à l'Empereur. Il est même invité par celui-ci à Paris pour exposer en 1806, et le jury apprécie son œuvre. En 1814, le premier catalogue de sa production (publié en 1925) comporte encore des images de l'histoire impériale, à côté de l'iconographie religieuse. L'année suivante semble avoir été une année de conciliation. De simples modifications des bois d'impression ont parfois permis de transformer les membres de la famille impériale en ceux de la famille royale. Après 1815, il est pourtant inquiété par la censure. Six cents images de l'armée impériale sont alors saisies dans sa boutique. Il sera gracié par le roi en 1817. Quelques années plus tard, à la suite de ses procès, il vendra son fonds et sa maison à son fils et à son gendre.
Nathalie JANES, « Louis XVIII », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 03/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/louis-xviii
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Etienne
En montant sur le trone,Louis XVIII aurait dit je cite "J'accepte la Couronne et elle nous restera si je survis à mon frere (le futur Charles X) . Si c'est lui qui me survit,Je ne réponds alors plus de rien "
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