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Une noce en Basse-Normandie. La belle-mère apporte le trousseau de la mariée.

Une noce en Basse-Normandie. La belle-mère apporte le trousseau de la mariée.

La Rançon du marié, Alsace

La Rançon du marié, Alsace

Une Noce en Bretagne

Une Noce en Bretagne

Repas de noces à Yport

Repas de noces à Yport

Une noce en Basse-Normandie. La belle-mère apporte le trousseau de la mariée.

Une noce en Basse-Normandie. La belle-mère apporte le trousseau de la mariée.

Date de création : 1834

Date représentée :

H. : 25,8 cm

L. : 34,8 cm

Lithographie.

Domaine : Estampes-Gravures

© MuCEM, Dist. GrandPalaisRmn / Danièle Adam

Lien vers l'image

1960.34.1- 06-510718

Le mariage à la campagne au XIXe siècle

Date de publication : Mars 2011

Auteur : Charlotte DENOËL

Le mariage et la culture rurale française

La législation matrimoniale connaît une réforme en profondeur sous la Révolution : soustrayant le mariage à la juridiction de l’Église, la loi du 20 septembre 1792 le transforme en un contrat laïc conclu devant un officier civil avant le mariage religieux. Elle instaure par ailleurs le divorce au nom du respect de la liberté.

Si ces nouvelles dispositions favorisent la nuptialité, qui fait alors un bond aussi bien dans les villes que dans les campagnes, elles n’ont toutefois que peu d’incidence sur les pratiques du monde rural. Comme le montrent ces peintures et gravures, les rituels matrimoniaux y demeurent inchangés durant une grande partie du XIXe siècle : regardé comme un événement qui s’inscrit dans le cycle de la vie, le mariage reste un rite de passage. Obéissant à un folklore fondé sur les traditions qui régissent le fonctionnement de la communauté villageoise, il culmine toujours avec la cérémonie religieuse, elle-même suivie de festivités collectives qui prendront une importance particulière surtout vers le milieu du siècle, en plein âge d’or des campagnes françaises.

Les rituels du mariage dans les campagnes

Cette gravure de Joseph Bellangé représente le moment où, lors d’une noce villageoise en Basse-Normandie, la belle-mère apporte le trousseau de la mariée dans une charrette attelée de deux vaches et d’un cheval. En haut du chargement trône une armoire massive que retient une corde. Élément fondamental de tout mariage, le trousseau fait ici l’objet d’un transport au cérémonial bien codifié et prend ainsi la dimension d’un rituel symbolique de passage : la mariée a quitté son ancienne demeure pour entamer une nouvelle vie auprès de son époux.

C’est aussi d’un rite de passage qu’il s’agit dans cette peinture d’Alfred Pabst intitulée La Rançon du marié ou Noce alsacienne : accompagné de son épouse, le marié est « rançonné » par les gens du village qui tendent une corde devant eux. Les musiciens qui jouent du tambour et de la trompette, les villageois qui assistent à la scène de leur fenêtre ou dans la rue, montrent bien que le mariage est une festivité collective.

Il en va de même dans cette toile, datée de 1863, où Adolphe Leleux a représenté un mariage en Bretagne : rassemblés en grand nombre, Bretons et Bretonnes en costume traditionnel s’adonnent à des danses et à des réjouissances dans le village où se déroule la noce. En Bretagne, les danses débutaient souvent dès la sortie de l’église, alors que dans la plupart des autres régions, elles suivaient le repas de mariage.

Dans le scénario nuptial, le repas de noces constitue le point culminant des festivités : il permet aux hôtes de communier collectivement avec les mariés, ainsi que le suggère cette peinture d’Albert Fourié. Elle représente le moment solennel où les mariés se portent un toast l’un à l’autre lors d’une noce fêtée à Yport, dans le pays de Caux. Sous les pommiers en fleurs, des invités en costume de ville côtoient des personnes vêtues du costume traditionnel de la région.

Des traditions au folklore

Durant la seconde moitié du XIXe siècle, la révolution industrielle entraîne un exode massif des paysans vers les villes. Entre autres conséquences de ce phénomène, nombre de coutumes nuptiales tombent en désuétude ou ne perdurent que sous la forme de pâles copies. Devant cet effacement de la France rurale et de ses mœurs, les ethnographes entreprennent de recueillir les ultimes traces de rites séculaires.

Parmi les premiers à prendre conscience de l’urgence de la situation, Arnold Van Gennep parvient dès le début du XXe siècle à susciter la curiosité publique envers les cultures populaires en voie de disparition. Publié de 1937 à 1958, son Manuel du folklore français contemporain constitue une immense encyclopédie sur les mœurs et coutumes des campagnes françaises, où il a abondamment traité la question du mariage et où il a élevé l’étude du folklore au rang de science.

Parallèlement à cette entreprise, une autre école d’ethnologie naît autour de Georges-Henri Rivière qui est, avec Paul Rivet, à l’origine de la fondation du musée des Arts et Traditions populaires en 1937. Bien qu’il ait mis près de trente ans à sortir de terre, ce musée s’est très tôt affirmé par ses expositions et ses enquêtes nationales comme le réservoir officiel des aspects aussi bien matériels qu’immatériels de la culture populaire.

Jean-Claude BOLOGNE, Histoire du mariage en Occident, Paris, Lattès, 1995.

Fernand BRAUDEL, Histoire économique et sociale de la France, tome III « L’avènement de l’ère industrielle, 1789-1880 », Paris, P.U.F., 1976.

Daniel FABRE, « Le Manuel du folklore français ª d’Arnold Van Gennep » in Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, tome III « Les France », Paris, Gallimard, 1997.

Jean GAUDEMET, Le Mariage en Occident, Paris, Éd.du Cerf, 1987.

Arnold VAN GENNEP, Manuel du folklore français, Paris, A.Picard, 1936-1957.

Charlotte DENOËL, « Le mariage à la campagne au XIXe siècle », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 13/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mariage-campagne-xixe-siecle

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