Premiers essais du traitement du cancer par les rayons X
Auteur : CHICOTOT Georges
Lieu de conservation : musée de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (Paris)
site web
Date de création : 1907
Date représentée : 1907
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Cliché Archives, Assistance publique, Paris.
Naissance de la radiothérapie
Date de publication : Septembre 2004
Auteur : Anne NARDIN
Naissance de la radiothérapie
Naissance de la radiothérapie
Il aura fallu moins d’un an entre la découverte des rayons X par le physicien allemand Conrad Röntgen (1845-1923), en novembre 1895, et les premières tentatives d’applications médicales à des fins thérapeutiques, en juillet 1896. La nouvelle s’est répandue dans le monde occidental comme une traînée de poudre. C’est aussitôt l’effervescence, car ces rayons qui permettent de voir à l’intérieur des corps – et des corps vivants – enflamment l’imagination et la curiosité des médecins. Pour la médecine clinique du XIXe siècle, voir c’est comprendre. La radioscopie et la radiographie ouvrent soudain de nouvelles perspectives dans le domaine du diagnostic : immédiat, sûr et précis. Puis les propriétés de ces rayons, capables de détruire les tissus malades, sont exploitées à des fins thérapeutiques : c’est la radiothérapie, dont la principale application porte sur les tumeurs cancéreuses. La radiologie ouvre une ère nouvelle, celle de l’imagerie médicale, qui va révolutionner les pratiques médicales, les résultats de la lutte contre la maladie et aussi, un jour, les attentes des patients.
Le médecin radiologue, grand ordonnateur de cette scène, est aussi le peintre du tableau. Pendant ses études à l’Ecole des Beaux-Arts, Georges Chicotot s’est passionné pour l’anatomie au point d’entreprendre des études de médecine, tout en poursuivant son activité de peintre (il expose chaque année au Salon des artistes français de 1877 à 1913). Après sa thèse, en 1899, il débute à l’hôpital Broca et devient chef du laboratoire de radiologie en 1908. C’est avec l’objectivité et la précision d’un homme de science qu’il dépeint une scène ordinaire de la vie des pionniers de cette nouvelle spécialité, « à une époque où la radiologie était à son enfance ». Son projet est d’en donner une représentation fidèle, à visée descriptive, dans l’intention de laisser des « documents pour l’avenir ». « Ce ne sont pas des tableaux de salon mondain », tient-il encore à préciser.
La composition est soumise à une discipline géométrique. A droite, la verticale du personnage principal. A gauche, un deuxième axe vertical qui occupe la moitié supérieure du tableau sur deux plans successifs : l’ampoule radiogène placée dans un tube de Crookes (monté sur un pied articulé) et, contre le mur, un meuble sur lequel apparaissent des voyants de contrôle. Entre ces deux verticales, et tel un trait d’union, la patiente allongée. Le « quadrillage » est encore souligné par les lignes horizontales et verticales des meubles de la pièce. Cette objectivité froide ne dit rien de l’étrangeté de « l’opération radiologique » (comme on disait alors) vécue, d’après les témoignages de l’époque, comme un événement impressionnant : la salle était plongée dans le noir, l’ampoule radiogène émettait une lueur jaune-vert (et l’on comprend ainsi le choix de la gamme chromatique utilisée par le peintre), l’action du moteur s’accompagnait de grésillements et de grondements, enfin les étincelles produites dégageaient une odeur acide et écœurante d’ozone. Mais la patiente semble dormir et son angoisse restera une énigme, car le peintre a choisi de mettre l’accent sur la parfaite maîtrise de l’opération.
Nous ne pouvons que nous étonner aujourd’hui, devant cette scène, de l’absence totale de protection de la malade et du radiologue, tous deux exposés à des rayonnements dangereux. Mais l’époque est encore celle des premiers balbutiements : Chicotot tient dans sa main droite un chalumeau à gaz, destiné à réguler la haute tension du courant qui traverse l’ampoule ; dans le même temps, il contrôle le temps d’exposition avec sa montre (30 minutes en 1897, mais déjà plus que 10 secondes en 1899). Et s’il a la coquetterie de conserver son chapeau haut de forme (signe distinctif de sa qualité de « patron » à une époque où par souci d’hygiénisme tous les médecins sont désormais en blouse blanche), a-t-il accordé suffisamment d’attention à la publication en 1904 du Dr Antoine Béclère (le « père de la radiologie française ») : Moyens de la protection du médecin et des malades contre l’action nocive de nouvelles radiations, où l’auteur préconise les premières règles à adopter ? Les paravents et cabines doublées de plomb, les tabliers, lunettes et gants protecteurs ont commencé à apparaître en Allemagne. Ces règles ne deviendront obligatoires qu’en 1922. Comme beaucoup de radiologues, Chicotot est mort des suites d’une radiothermie[1].
Les Rayons de la vie. Une histoire des applications médicales des rayons X et de la radioactivité en France, 1895-1930catalogue de l’exposition du musée de l’Institut Curie, 11 sept. – 31 déc. 1998, Paris, 1998 Pr Guy PALLARDY, Marie-José PALLARDY et Auguste WACKENHEIMHistoire illustrée de la radiologieParis, Editions Roger Dacosta, 1989
Anne NARDIN, « Naissance de la radiothérapie », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/naissance-radiotherapie
Lien à été copié
Découvrez nos études
Approche historique de la folie
Né dans une famille de chirurgiens, le plus illustre des aliénistes français, Philippe Pinel (1745-1826), est reçu docteur de la faculté de…
La Galerie des Glaces transformée en ambulance
L’effondrement du Second Empire en 1870 suite aux victoires de l’armée allemande s’accompagna d’une avance rapide de l’ennemi jusqu’à Paris,…
Naissance de la puériculture
Extérieur d'un hôpital militaire, dit Les Français en Italie
Désireuse de se voir reconnaître la frontière du Rhin, la France poursuit durant le Directoire la guerre contre l’Autriche et l’Angleterre tout en…
Une leçon d’anatomie au XIXe siècle
Le modèle de la médecine clinique (du grec klinè, « lit ») qui s’affirme à la fin du XVIIIe siècle repose sur deux piliers : l’…
Corps du soldat et corps de la nation
Jamais auparavant une catastrophe humanitaire d’une telle ampleur n’avait été créée par l’homme. Les légions de tués, les…
Progrès de la médecine infantile
A l’aube du XXe siècle, la médecine des enfants semble entrer dans une ère nouvelle, qui va enfin permettre le recul de la mortalité infantile,…
1er mai 1891 : la fusillade de Fourmies
Le 1er mai 1891, pour la deuxième fois, les organisations ouvrières du monde entier se préparent à agir par…
Naissance de la radiothérapie
Il aura fallu moins d’un an entre la découverte des rayons X par le physicien allemand Conrad Röntgen (1845-1923), en novembre 1895, et les…
La visite de Napoléon à l'infirmerie de l'Hôtel des Invalides
Les blessés étaient un souci permanent de Napoléon, bien qu’en réalité il fît assez peu pour soulager leur détresse. Percy, chirurgien en chef de…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel