Paire de pichets à eau en forme de "Napoléon" et "Joséphine".
Moule à gaufres "Napoléon".
Mouchoir de cou. Au centre : le grand cordon de la Légion d'Honneur
Paire de pichets à eau en forme de "Napoléon" et "Joséphine".
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée national du château de Malmaison (Rueil-Malmaison)
site web
H. : 30 cm
L. : 13,5 cm
faïence
Domaine : Objets
© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot
01DE14514/MM.60.9.3 (1&2)
Napoléon, idole du peuple sous Louis-Philippe
Date de publication : Avril 2014
Auteur : Jérémie BENOÎT
« Toujours lui ! Lui partout ! », s’exclamait Victor Hugo dans Les Orientales (1829), à quoi Auguste Barbier répondait dans « L’idole » (Les Iambes (1831) : « Encore Napoléon, encore sa grande image ! » A partir de la Restauration en effet, les demi-soldes, anciens soldats de l’Empire démobilisés, commencèrent à faire circuler d’innombrables objets napoléoniens. D’abord camouflée, cette production qui prit immédiatement un caractère politique commença à se divulguer au grand jour à partir des années 1820. La mort de Napoléon, dont on avait craint jusqu’alors le retour comme lors des Cent-Jours en 1815, permit cette quasi-officialisation, de même que le régime monarchique, de plus en plus coupé de toute assise populaire, n’avait plus les moyens de s’opposer à la propagande. La production fut immense, variée, insolite, et recourut à tous les supports, techniques et matériaux.
Outre les objets présentés ici, on trouve aussi des canifs, des encriers, des sonnettes de table, des bougeoirs en forme de Napoléon, des tabatières ou boîtes diverses décorées de portraits de l’Empereur ou de scènes de bataille, des représentations du tombeau de l’Empereur, des statuettes, des assiettes ornées de sujets napoléoniens, etc. A défaut d’invasion de l’Europe, Napoléon fut partout dans les objets. Du plus quotidien au plus luxueux, il y en avait pour toutes les bourses, car ces objets étaient diffusés auprès de différentes catégories sociales, de l’ouvrier et du paysan au bourgeois libéral.
Il n’était pas anodin dans la première partie du XIXe siècle de posséder un objet de ce type, surtout sous la Restauration. C’était afficher hautement ses opinions bonapartistes, libérales. C’est pourquoi certains objets comme les foulards ne furent imprimés que sous Louis-Philippe : il était impossible de se montrer avec un mouchoir napoléonien noué autour du cou sous le règne de Charles X. Les foulards imprimés étaient d’ailleurs plutôt le fait des ouvriers – la plupart étant en coton –, que des bourgeois. Celui que nous montrons ici, en soie et portant la Légion d’honneur, devait appartenir soit à un ancien officier, soit à un nouveau décoré. Il s’agit en effet d’une œuvre déjà luxueuse, que l’on peut dater de 1840 étant donné son sujet central qui représente d’une manière allégorique « l’envol de l’aigle », c’est-à-dire le retour des cendres.
En revanche, les pichets et le moule à gaufres sont bel et bien des objets très populaires, objets de cuisine et de taverne, qu’on ne devait cependant montrer qu’à des intimes ou à des proches dont on connaissait les opinions.
Signes de reconnaissance entre gens du même parti, tous ces objets relèvent en même temps d’une manière ou d’une autre de la propagande plus ou moins autorisée sous Louis-Philippe, principale période de production de tous ces objets. On remarquera la présence de l’impératrice Joséphine, mieux acceptée par le peuple que Marie-Louise, bien mise en évidence dans l’imagerie autour de 1814-1815 parce que mère du roi de Rome, mais très vite oubliée parce que fille de l’empereur d’Autriche, ennemi de la France, et traîtresse à Napoléon.
Collectif Napoléon. Le Retour des cendres. Mort et Résurrection , catalogue de l’exposition, Courbevoie, musée Roybet-Fould, 1990.
Jérémie BENOÎT, « Napoléon, idole du peuple sous Louis-Philippe », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/napoleon-idole-peuple-louis-philippe
Lien à été copié
Découvrez nos études
Grandes inondations de 1856
Au cours du XIXe siècle, l'inondation est le cataclysme naturel le plus souvent représenté dans l'imagerie d'actualité. Moins dévastatrice que les…
Le Boulangisme
La chute de Napoléon III à Sedan, le 2 septembre 1870, entraîne la France dans une…
La Cour Impériale à Fontainebleau, le 24 juin 1860
Sous le Second Empire, Napoléon III s’entoure d’une cour animée par Eugénie de Montijo, devenue son épouse en janvier 1853. Jugée…
Le bonapartisme social et humanitaire
Création de la Légion d'honneur
Les distinctions avaient été supprimées en 1791. Une fois au pouvoir, Bonaparte décida de créer un ordre national pour récompenser le mérite civil…
Les inondations en France sous le Second Empire
Durant le XIXe siècle, la France a connu de multiples catastrophes naturelles, notamment les crues des grands fleuves. La Seine et la Loire ont…
L'Empereur et l'Impératrice reçus chez le sénateur-comte Mimerel
En 1867, le prestige du régime impérial est déjà fort terni, en France comme à l’étranger. À partir de 1865, l’autorité de l’empereur décline : il…
Louis Napoléon, Président de la République et futur empereur
Le 9 juin 1850, la Ville de Saint-Quentin recevait le prince Louis Napoléon Bonaparte, unique président de la IIe République.
Le…
Le boulangisme et les autres tendances politiques
La courte période boulangiste a été marquée par quelques coups d’éclat publics qui étaient la…
Napoléon, idole du peuple sous Louis-Philippe
« Toujours lui ! Lui partout ! », s’exclamait Victor Hugo dans Les Orientales (1829), à quoi Auguste Barbier répondait dans « L’idole » (Les…
Romich
De bien beaux objets. Napoléon était un grand homme, pas par sa taille mais par sa stratégie et son abnégation quoi qu'on puisse en discuter aujourd'hui.
gemolibre
Dire que Napoléon était un grand homme, bien sûr qu'il le fut par son génie militaire, par son grand talent d'organisateur et de législateur, mais il fut aussi une catastrophe pour le peuple français qu'il saigna à blanc durant 15 ans par ses guerres incessantes dictées par son appétit insatiable de conquêtes, qui détruisit des familles entières, corollaire de la mort de tous ces soldats morts sur les champs de bataille pour sa seule gloire.
On comprend donc qu'en 1815, le pays se soit senti soulagé de sa chute et de son exil définitif.
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel