Serment de l'armée fait à l'empereur après la distribution des Aigles, 5 décembre 1804.
Auteur : DAVID Jacques Louis
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1810
Date représentée : 05 décembre 1804
H. : 610 cm
L. : 975 cm
huile sur toile. Le décor est peint par Ignazio Degotti.
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux
MV 2278 - 18-537384
Napoléon et sa légitimité de guerrier
Date de publication : Novembre 2014
Auteur : Jérémie BENOÎT
Napoléon et sa légitimité de guerrier
Napoléon et sa légitimité de guerrier
Emblème déjà des armées romaines, des empereurs allemands, puis de la Prusse, de la Sicile et des États-Unis, l’aigle est adoptée en juin 1804 comme emblème de l’empire sur décision de Napoléon. Après la cérémonie du couronnement, l’Empereur devait remettre un nouveau drapeau aux gardes nationales des 108 départements ainsi qu’à tous les corps d’armée une fois que ces derniers auraient prêté serment de fidélité au nouveau monarque. La cérémonie fut repoussée au 3 puis au 5 décembre. Elle eut lieu par temps de neige et de pluie, dans un décor créé par Percier et Fontaine. « Soldats, voilà vos drapeaux ; ces Aigles vous serviront toujours de point de ralliement ; ils seront partout où votre Empereur les jugera nécessaires pour la défense de son trône et de son peuple. Vous jurez de sacrifier votre vie pour les défendre, et de les maintenir constamment par votre courage sur le chemin de la victoire. » Tel est le texte du serment prononcé par l’Empereur.
Le tableau de David appartient aux œuvres commandées en vue des célébrations du sacre. Dans cette composition bien plus dynamique que ne l’est Le Couronnement, on distingue à gauche sur l’estrade les grands dignitaires du nouveau régime : Duroc, grand maréchal du Palais, Cambacérès et Lebrun, Louis et Joseph Bonaparte, Eugène de Beauharnais, l’impératrice Joséphine et plusieurs autres figures. L’Empereur s’avance entouré des nouveaux maréchaux Berthier, Bernadotte, Murat, Augereau, Masséna, Lannes, etc., brandissant leur bâton. Le moment de la cérémonie choisi par David est celui où, dans un élan unanime, l’ensemble des militaires lance à l’Empereur : « Nous le jurons ! » On reconnaît là des chasseurs, des grenadiers, des dragons. Les bras tendus des soldats et ceux des maréchaux se rencontrent dans une sorte de triangle dont le sommet serait formé par l’aigle et le drapeau tricolore qui surmontent la tente dans le fond du tableau. L’aigle, animal sacré de l’Antiquité romaine, emblème du souverain Jupiter, est censé annoncer la lumière et représenter le soleil. Mais ce n’est plus Napoléon qui est au centre de cette composition fastueuse, il ne fait que descendre vers son armée. La symbolique est ici plus abstraite. Toutefois, l’aigle du drapeau joue en quelque sorte le rôle de la croix dans le tableau du sacre.
Le législateur démocrate de la Révolution a été remplacé par le militaire devenu empereur. Consacré par la religion et par l’aigle, oiseau de lumière, il tire sa légitimité de l’assise populaire que lui assure le serment de tous les corps d’armée et de l’aval qu’il a reçu de l’Église. En fait on peut distinguer le souverain sacré, qui apparaît dans Le Couronnement, du souverain justicier que montre Le Serment de l’armée. Tout se passe comme si l’on avait là comme un dédoublement du pouvoir impérial en deux entités. De même que les trois couleurs du drapeau national symbolisent chacune, comme l’a montré Georges Dumezil (blanc du souverain, rouge du guerrier et bleu des producteurs), la couleur blanche se divise elle-même en deux versants matérialisés dans les tableaux de David par les deux symboles qui surmontent ses compositions : la croix et l’aigle. Ainsi, David semble avoir raisonné selon d’antiques représentations profondément ancrés dans l’esprit européen, et réactivés au moment de la Révolution et de l’Empire.
Louis BERGERON L’Épisode napoléonien. Aspects intérieurs.1799-1815 Paris, Seuil, coll. « Points », 1972.
Claire CONSTANS Musée national du château de Versailles. Les Peintures , 2 vol. Paris, RMN, 1995.
Eudore SOULIE Notice du musée de Versailles , 4 vol. Paris, Mourgues Frères, 1861-1881.
Adolphe THIERS Histoire du Consulat et de l’Empire , 20 vol.Paris, Paulin-Lheureux, 1845-1862.
Jean TULARD(dir.) Dictionnaire Napoléon Paris, Fayard, 1987.
Jean TULARD (dir.) L’Histoire de Napoléon par la peinture Paris, Belfond, 1991.
Jean TULARD, Louis GARROS Itinéraire de Napoléon au jour le jour. 1769-1821 Paris, Tallandier, 1992.
Collectif De David à Delacroix , catalogue de l’exposition au Grand-Palais Paris, 1974-1975.
Collectif Dominique Vivant Denon. L’œil de Napoléon Paris, catalogue de l’exposition au Louvre, 1999.Paris, 1999
Jérémie BENOÎT, « Napoléon et sa légitimité de guerrier », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/napoleon-sa-legitimite-guerrier
Lien à été copié
Découvrez nos études
La Conquête de l’Algérie
En juin 1830, la prise d'Alger décidée par Charles X est une opération de prestige conduite à des fins de politique…
Commémorations de la guerre 1914-1918
Le panthéon rennais reflète l’ampleur du traumatisme de la Première Guerre mondiale et le mouvement de prise de conscience…
La conscription au XIXe siècle
Pendant la majeure partie du XIXe siècle, la conscription, ou obligation pour tous les garçons de servir sous les drapeaux, n’a jamais…
Une utilité pour l’aviation ? Usages guerriers de l’aéronautique
L’avion comme nouvel objet technique n’a, à ses débuts, aucune utilité préétablie. Non seulement il ne remplace pas réellement une fonction…
Guerre et Révolution en Russie (1917-1918)
Le 12 mars 1917 (calendrier justinien), la garnison de Petrograd se soulève. Immédiatement un Conseil des délégués ouvriers et soldats se…
Le 14 juillet 1880 : la République et l’armée
Un an après l’élection du premier républicain à la présidence de la République, Jules Grévy, la loi du 6 juillet 1880 fait…
"La Force Noire"
La France achève, dans les deux dernières décennies du XIXe siècle, la conquête de…
Une Rue de village pendant la révolution mexicaine
Après le soulèvement dirigé par Madero, en novembre 1910, pour contester une nouvelle réélection du vieux…
Aux Eparges, avril 1915
La guerre de positions, qui succéda rapidement à la guerre de mouvements de l’été et de l’automne 1914, fit perdre tout espoir de gloire. Le…
Une vision sociale de l'armée
Dans la société française du XIXe siècle, les inégalités sont encore criantes…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel