La Patrie en danger.
Auteur : GUILLON dit LETHIERE Guillaume
Lieu de conservation : musée de la Révolution française (Vizille)
site web
Date de création : 1799
Date représentée : 1799
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Musée de la Révolution française, Vizille
La patrie en danger
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Pascal DUPUY
En 1798, l’Angleterre demeure l’ennemi principal de la France révolutionnaire. La victoire navale de Nelson à Aboukir, le 13 messidor an VI (1er août 1798), en reprenant le contrôle de la Méditerranée, a permis à la « perfide Albion » de se rapprocher de la Turquie et de la Russie du tsar Paul Ier. Cette seconde coalition embryonnaire et dirigée contre la France allait bientôt se renforcer de l’arrivée de l’Autriche après l’échec des pourparlers de Rastadt (mars-avril 1799). La guerre ouverte reprend et au printemps 1799 les armées de la République française accumulent les revers. La frontière du Rhin est menacée, Masséna recule en Allemagne et en Italie où les « jacobins » italiens profrançais sont massacrés. Au début de l’été, on peut craindre une invasion de la France imminente d’autant que les Anglais viennent de débarquer au nord des Pays-Bas et se sont emparés de la flotte batave. Devant ces difficultés, le « second Directoire » fait voter de nouvelles lois militaires afin d’appeler 200 000 hommes et de renforcer la conscription instaurée par la loi Jourdan du 19 fructidor an VI (5 septembre 1798). Le principe de cette loi, longtemps contestée, était que « tout Français est soldat et se doit de défendre sa patrie ».
Dans une ville portuaire fictive, les hommes partent pour sauver la République des menaces d’invasion étrangères et contre-révolutionnaires. Au centre du tableau, un soldat embrasse son épouse, en présence de leur enfant et de sa nourrice, tout en se tournant déjà vers ses compagnons d’armes, qui lui indiquent qu’il est temps d’embarquer. Autour d’eux, une foule de soldats lève unanimement leur sabre à la gloire de la majestueuse statue de la Patrie, placée symboliquement au-dessus des magistrats qui contrôlent et organisent le départ des troupes. Parmi eux, on relève la présence d’un Noir, représentant des ex-colonies françaises qui symbolise l’abolition de l’esclavage voulue et décrétée par la Convention le 16 pluviose an II (4 février 1794). Tout en étant volontairement imaginaires, les costumes des soldats et des représentants officiels de la nation s’inspirent des planches que Vivant Denon a gravées en 1794 d’après les dessins de David et où figurent des projets de costumes civils et militaires des représentants de la République. On relève également l’influence des costumes portés sous le Directoire lors des cérémonies officielles.
Ce tableau de Guillon-Lethière recourt à des procédés classique afin de traduire une scène d’histoire contemporaine. Les paysages, les édifices, certains costumes reprennent les canons de l’histoire ancienne. Le sujet ainsi que certains éléments emblématiques sont en revanche tirés de l’histoire du temps présent – les enrôlements, la patrie en danger, la statue de la Patrie, le rôle des Représentants du peuple –, tout en rappelant l’histoire récente de la séquence révolutionnaire – 1793, les levées en masse – ainsi que la propagande iconographique de l’an II. Toutefois, c’est l’histoire à venir qui aura le dernier mot car le 18 Brumaire et le coup d’Etat de Bonaparte obligeront l’artiste à ne finalement jamais traduire en grand ce sujet ambitieux.
Philippe BORDES « La patrie en danger par Lethière et l’esprit militaire » La Revue du Louvre , 1986, n° 4-5, p. 301-306.François FURET et Denis RICHET La Révolution française Paris, Fayard, 1965, nouv. éd. 1997.Collectif Catalogue des peintures, sculptures et dessins Vizille, Musée de la Révolution française, 1986.
Pascal DUPUY, « La patrie en danger », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 24/01/2025. URL : https://histoire-image.org/etudes/patrie-danger
Lien à été copié
Découvrez nos études
La Fronde
Depuis 1648, le ministère du cardinal Mazarin, appuyé par la régente Anne d’Autriche, mère du jeune…
Une armée en mal d’idéaux
Bonaparte et la propagande pendant la campagne d'Italie
Encore peu connu lorsqu’il rejoint l’armée d’Italie pour effectuer des manœuvres de diversion, Bonaparte sait d’emblée s’attacher ses soldats. Son…
La vie des soldats dans les tranchées
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et, dès le lendemain, chacun des deux belligérants engage le combat selon les modalités…
La Vie quotidienne dans les tranchées
Par sa durée et sa violence, la Grande Guerre a constitué une expérience sans précédent historique pour les huit millions de Français mobilisés…
Soldats de la Première République
Alliés, mais pas trop
Six mois après le Débarquement de Normandie (6 juin 1944) et l’ouverture du « second front » à l’ouest tant réclamée par Staline,…
La Bataille de Fontenoy
Louis XV jouit du titre glorieux de « Bien-Aimé » pendant toute la première moitié de son règne. Sa popularité…
La Bataille d'Isly
Malgré le traité de la Tafna signé en 1837, qui reconnaissait l’autorité d’Abd el-Kader sur l’Algérie, celui-ci n’avait de cesse de vouloir en…
L'engagement des artistes dans la Grande Guerre
En Bretagne, les pertes humaines de la Grande Guerre semblent avoir été plus lourdes que dans le reste du territoire.…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel