Marché aux chiffons dans le Finistère.
Auteur : TRAYER Jean-Baptiste Jules
Lieu de conservation : musée des Beaux-Arts (Quimper)
site web
H. : 181 cm
L. : 263 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© Musée des Beaux Arts de Quimper
55-122
Le vêtement en Bretagne
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Ivan JABLONKA
Les foires représentent un moment important dans la vie quotidienne des campagnes. Elles ont lieu au bourg, vers lequel des centaines de paysans convergent au jour dit pour vendre leur production et acheter des bêtes ou des victuailles, mais aussi parfois simplement pour s’informer, se distraire et voir du monde. Mais, dans la France rurale, chaque pays a en la matière des traditions différentes. “ Nulle part l’ancienne civilisation campagnarde ne prenait, au XIXe siècle, une forme plus parfaite, plus typée, plus riche dans tous les domaines, qu’en Bretagne, pays très isolé, maintenu à l’écart des influences étrangères par sa position péninsulaire ”, écrit un historien de la Bretagne (Y. BREKILIEN, La Vie quotidienne des paysans en Bretagne au XIXe siècle, Hachette, 1966, p. 9-10). Qu’en est-il pour les marchés ruraux et les vêtements ?
La toile de J.-B. Trayer, peintre bien oublié aujourd’hui, nous introduit au cœur d’un marché aux chiffons dans la Bretagne de la fin du XIXe siècle. Avec un style simple, d’un certain académisme, et une palette relativement claire, il représente un peuple de femmes de tous âges occupé à acheter des pièces de tissu et des chiffons, en marge du marché dont on distingue plus loin les autres étals. Certaines inspectent la marchandise, d’autres en discutent le prix, d’autres écoutent simplement. Il est à cet égard frappant de noter le contraste entre l’austère tenue de ces Bretonnes – épaisse robe noire, collerette et coiffe blanches – et les étoffes rouges, bleu clair, jaunes, roses, qu’elles négocient. Ce tableau est pourtant un peu trompeur, car il fait oublier que les hommes aussi fréquentent les foires ; ce sont eux, notamment, qui s’occupent de l’acquisition des bêtes.
Le tableau de Trayer indique une certaine ouverture culturelle et économique : ces femmes achètent leur tissu au marché, alors que les habitudes de l’autoconsommation pourraient les conduire à utiliser la laine de leurs moutons, qu’elles fileraient le soir à la veillée. Ces deux pratiques, au demeurant, ne sont pas incompatibles. Les Bretons, comme le reste des ruraux français, possèdent du linge de corps en abondance, mais peu de vêtements de dessus : ils enfilent des nippes pour les travaux des champs et réservent leur costume pour le dimanche. Les pantalons, bragou braz, la coiffe des femmes ou corledenn, le gilet noir appelé jiletenn, varient fortement d’un pays breton à l’autre. Mais ces tenues “ folkloriques ” n’ont été fixées qu’à la fin du XIXe siècle, au moment où l’uniformisation nationale s’est mise à menacer les costumes régionaux.
Yves BOUCHE Coutumes et usages locaux à caractère agricole en vigueur dans le département du Morbihan Vannes, 1939.
Yann BREKILIEN La Vie quotidienne des paysans en Bretagne au XIXe siècle Hachette, 1966.
Denise DELOUCHE sous la direction de, Bretagne, images et mythes Presses universitaires de Rennes II, 1987.
Georges DUBY, Armand WALLON (dir.) Histoire de la France rurale , t.III, “ Apogée et crise de la civilisation paysanne, 1789-1914 ”Paris, Seuil, 1976.
Eugen WEBER La Fin des terroirs : la modernisation de la France rurale (1870-1914) Paris, Fayard, 1983.
Ivan JABLONKA, « Le vêtement en Bretagne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 15/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/vetement-bretagne
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