Enterrement d'un officier dans les Vosges, juillet 1915.
Le poste le plus avancé devant le « Vieux Thann », Vieux Moulin, 26 avril 1916
Poilu gazé alertant les soldats américains
Enterrement d'un officier dans les Vosges, juillet 1915.
Auteur : BOUCHOR Joseph Félix
Lieu de conservation : Musée franco-américain (Blérancourt)
site web
Date de création : 1915
Date représentée : Juillet 1915
H. : 24 cm
L. : 33 cm
Huile sur bois.
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot
98-019665 / Dsb59
La vie des soldats dans les tranchées
Date de publication : Juin 2006
Auteur : Alain GALOIN
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et, dès le lendemain, chacun des deux belligérants engage le combat selon les modalités prévues par son état-major. Après plusieurs échecs des offensives allemandes et françaises, c’est un nouveau type de guerre qui se met en place. Aux grandes manœuvres des bataillons en terrain découvert se substitue une guerre défensive et souterraine. Les combattants s’enterrent dans des tranchées. La première position est composée de deux à trois lignes de tranchées espacées de deux cents à trois cents mètres. La deuxième position se trouve de trois à cinq kilomètres à l’arrière. Les tranchées sont reliées entre elles par un système de boyaux sinueux pour éviter que les soldats ne soient pris en enfilade par les tirs adverses. À l’intérieur de ces tranchées sont creusés des abris aux parois soutenues par des rondins chez les Français, souvent bétonnées chez les Allemands. Les conditions de vie des « poilus » dans cet univers sont excessivement dures : outre le froid, les rats, les poux, les odeurs pestilentielles et l’absence d’hygiène, l’ennemi le plus redoutable des combattants est la pluie, qui transforme les tranchées en fondrières malgré les caillebotis qui en garnissent le fond.
Ami d’Édouard Manet (1832-1883), Joseph-Félix Bouchor (1853-1935) était un peintre de paysages et un portraitiste de talent. En 1914, âgé de soixante et un ans, il demande à être mobilisé et devient peintre attaché au musée de l’Armée, sillonnant le front et croquant sur le vif les combats et la vie quotidienne des soldats.
Ainsi, en juillet 1915, il est dans les Vosges où il immortalise les obsèques d’un officier, probablement tué dans les combats livrés au nord de Munster pour atteindre la crête du Linge. La cérémonie funèbre se déroule dans une clairière que dominent les pentes verdoyantes de la montagne vosgienne. Devant une assistance de militaires figés dans un garde-à-vous recueilli, le prêtre officie près du cercueil recouvert d’un drapeau tricolore.
L’année suivante, Joseph-Félix Bouchor est à nouveau sur le front de l’Est où les troupes françaises sont retranchées à l’entrée de la vallée de la Thur, aux portes de l’Alsace. Au poste placé devant le Vieux Thann, à peu de distance de Mulhouse – ville deux fois perdue, mais deux fois reprise par les Allemands –, il fixe sur la toile des combattants au repos entre deux offensives. Derrière un rempart de planches étayé par des poteaux entre lesquels ils ont mis leur linge à sécher, les soldats vaquent à de prosaïques occupations : lessive, jeux de société…
En 1918, en un lieu non précisé du front, il peint Poilu gazé alertant les soldats américains. Les gaz asphyxiants sont d’autant plus dangereux que, plus lourds que l’air, ils s’insinuent dans toutes les cavités et en particulier dans les abris. L’ypérite – ou gaz « moutarde », ainsi surnommé en raison de son odeur – provoque la terreur et a des conséquences physiologiques souvent irréversibles pour ceux qui l’inhalent. Victime de cette arme chimique, le poilu porte la tenue bleu horizon et la « bourguignotte », casque d’acier qui s’est substitué au képi rouge en 1915. À l’exception des zouaves et tirailleurs vêtus de kaki, toutes les troupes françaises portent désormais cet uniforme peu voyant qui remplace la tenue du « biffin » de 1914, trop colorée et mal adaptée à la guerre moderne.
Quand ils ne se mesurent pas à la boue, au danger et à la mort dans les tranchées de première ligne, les poilus peuvent se reposer à l’arrière du front dans des « cagnas », abris de fortune où ils sont protégés du froid et de la pluie, et où ils peuvent reprendre un semblant d’activités normales : ils y jouent aux cartes, lisent, écrivent, « cassent la croûte », s’épouillent mutuellement, lavent leur linge… Ces divers rituels propres aux poilus sont à la source de ce que l’on appelle « la culture du front », qui leur permit aussi de tenir.
Pour les belligérants, tous les moyens d’abréger cette guerre d’usure sont bons. Malgré la convention de La Haye du 29 juillet 1899 qui avait interdit l’emploi des gaz asphyxiants, les Allemands sont les premiers à en utiliser. Excessivement nocive pour l’adversaire, cette arme chimique a cependant peu d’effets sur le plan proprement militaire. Son emploi sera solennellement interdit après la guerre.
Jacques BECKER, 14-18, Documentation photographique n° 6074, C.N.D.P., Paris, décembre 1984.Roger-Alexis COMBET, Les Témoins de la Grande Guerre, Paris, Ofrateme, Radiovision RV 150, 1974.Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, Paris, Fayard, 2004.
Alain GALOIN, « La vie des soldats dans les tranchées », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 31/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/vie-soldats-tranchees
Lien à été copié
Découvrez nos études
La Campagne de France, 1814
Après la désastreuse campagne de Russie, l’armée française, exsangue, connut encore de beaux succès lors de la campagne de Saxe du printemps 1813…
Philippe Pétain, Maréchal de France
Pétain est promu général en août 1914 – il a alors 58 ans. En février 1916, il prend la direction du secteur défensif de Verdun et parvient à…
Dessiner la mort pendant la guerre de 1914-1918
Les conditions nouvelles de la guerre infligent des violences innombrables et terribles aux soldats. Le champ de bataille est un immense charnier…
La guerre de Vendée vue par la IIIe République
La chouannerie, opposition armée des paysans de l’Ouest de la France aux assemblées révolutionnaires, est un thème de prédilection…
La vie des soldats dans les tranchées
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et, dès le lendemain, chacun des deux belligérants engage le combat selon les modalités…
Les Monuments aux morts de la Grande Guerre
La Première Guerre mondiale a fait environ 10 millions de morts dans le monde, et les survivants n’ont eu de cesse de commémorer les disparus. Dès…
Soldats de la Première République
Les « Malgré-eux » dans l’armée allemande
Depuis la signature de l’armistice, le 22 juin 1940, la France vaincue est en partie occupée, mais le régime de l’Occupation varie d’un territoire…
Le mythe du soldat-laboureur
Napoléon et sa légitimité de guerrier
Emblème déjà des armées romaines, des empereurs allemands, puis de la Prusse, de la Sicile et des États-Unis, l’aigle est adoptée en juin 1804…
Bretagne Quimper
nous recherchons un historique sur la vie d'un soldat français pendant la guerre de 14 18 et de la population
Monsieur Fluchaire
Moi
J'aime beaucoup ce tableau les couleurs sont réaliste
minicolo62
magnifique ce site m'as beaucoup aider merci a vous
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel