Aller au contenu principal
Commandos Kieffer

Commandos Kieffer

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : Le Mémorial de Caen (Caen)
site web

Date de création : juin 1943 ? juin 1944

Date représentée : juin 1943 ? juin 1944

H. : 9,5 cm

L. : 7,7 cm

tirage argentique

Domaine : Photographies

© Mémorial de Caen

site web

MEMO_PHOT_14513

Les commandos Kieffer

Date de publication : mai 2016

Auteur : Alexandre SUMPF

Le 1er bataillon de fusiliers marins commandos

Cette photographie, réalisée entre juin 1943 et juin 1944, représente quelques membres des commandos effectuant un entraînement en Écosse. Créée le 2 avril 1942 et placée sous le commandement du lieutenant de vaisseau Kieffer (promu capitaine de corvette le 5 juin 1944), le bataillon de fusiliers marins commandos est intégrée au Special Service Brigade au sein du commando interalliés numéro 10 (et de ce fait placée sous autorité Britannique). Les soldats du 1er BFMC (bataillon des fusiliers marins commandos) suivent une formation intensive avec les commandos britanniques (les bérets verts) au château d’Achnacarry situé dans les Highlands écossais.

Organisés en deux « troops » et une section de mitrailleuse « k gun », ils sont 177 à participer au Débarquement du 6 juin 1944, seuls représentants de la France à joindre les côtes normandes par voie maritime. Arrivés sur la plage Sword de Colleville, ils s’illustreront tout particulièrement à Ouistreham, où ils reprendront à l’ennemi, au prix de lourdes pertes, l’ex casino fortifié du site Riva Bella. Après avoir combattu jusqu'à la fin de la bataille de Normandie, le 1er BFMC est notamment engagé lors de la libération de Flessingue aux Pays-Bas en novembre 1944.

Cette prise de vue n’est diffusée qu’après les opérations car tout ce qui touche aux commandos et à leur préparation est ultra secret et sous contrôle des forces britanniques. Doté d’une valeur documentaire et instrument de la propagande Alliée, il permet aussi à sa manière d’incarner l’élite des combattants de la France libre, acquérant de ce fait une dimension symbolique.

Figures de la France libre

Anonyme, ce cliché nous plonge au cœur d’un exercice d’instruction militaire que ces commandos suivent quotidiennement pendant plusieurs mois. Son auteur pourrait être un membre du 1er bataillon, plus vraisemblablement un photographe autorisé et missionné par les forces Alliées.

En se plaçant au devant des commandos en marche, il choisit de représenter un instantané éloquent. Les militaires s’approchant de l’endroit de la prise de vue d’un pas décidé semblent en effet fondre sur le spectateur, ce qui donne l’impression d’une force en mouvement que rien ne peut arrêter.

Trois colonnes de quatre ou cinq soldats bien alignés parcourent ainsi d’un pas réglementaire (cadencé, les bras le long du corps) une route de campagne, passant à côté d’une maison de briques typique de la région. Le soleil diffuse une grande luminosité si l’on en juge par les manches retroussées et les cols ouverts des chemises. Les simples commandos sont de jeunes hommes portant un uniforme britannique et un béret (qui n’est pas encore le béret vert qu’ils reçoivent à la fin de l’instruction). Plus âgés, les officiers à la tête de chaque colonne se distinguent également par leur couvre-chef, identifié comme ceux de la Marine. Malheureusement, les insignes qui ornent ces casquettes sont illisibles sur l’image.

Le photographe a enfin choisi de centrer le lieutenant de vaisseau Kieffer qui est le commandant de ces troupes en exercice. Si certains visages sont assez détendus, le sien est plutôt fermé, déterminé, grave. Il fixe l’objectif en continuant d’avancer, droit, martial, guerrier. Il apparaît en tout cas comme l’acteur principal de cette photographie.

En marche. Prêts au combat

Ce cliché donne donc à voir certains des visages de ceux qui doivent habituellement rester dans la clandestinité avant d’opérer derrière les lignes ennemies. Les commandos sont particulièrement redoutés et ciblés par les nazis (Hitler ordonne d’abattre tous ceux qui seraient faits prisonniers en octobre 1942). De même, parce qu’elle indique sommairement le lieu de leur entraînement, cette image n’est pas destinée à être diffusée avant un certain temps.

Elle permet d’incarner les soldats du 1er bataillon dont près de la moitié étaient bretons. Les héros sont de jeunes gens, parfois encore adolescents (premier rang à gauche et à droite de l’image). Si la photographie donne quelques indications sur la réalité de leur formation (équipement, matériel, exercice) le document entend surtout présenter une scène « habituelle » (la marche) de leur entraînement, prise sur le vif.

La figure centrale de Kieffer est plus connue. Né en 1899 et mort en 1962, il répond dès le 19 juin à l’Appel du Général De Gaulle avant de s’engager dans les forces navales françaises libres le jour où celles-ci sont créées, le 1er juillet 1940. Inspiré par le fonctionnement des Special Forces Britanniques, il constitue et dirige les premiers commandos de la marine française qui ne prendront son nom que bien après le conflit. Cette image montre certes un groupe, mais un groupe qui suit son chef.

Quoique diffusée après le Débarquement, cette image a aussi une valeur idéologique et symbolique. Elle témoigne du fait que des français ont bien constitué une partie des troupes d’élite Alliées, suggérant d’une part que la France Libre n’est pas qu’un concept et d’autre part que les Britanniques ont su s’appuyer sur des nationalités réfugiées (Polonais, Français, Grecs, etc.) à qui ils ont fait une place de choix. Bientôt prêts aux combats les plus extrêmes, ces hommes et celui qui les guide avec fierté sont des acteurs à part entière de la Libération. Triés sur le volet, leur entraînement et leurs capacités font d’eux de redoutables soldats en marche vers une victoire inéluctable.

AZÉMA Jean-Pierre, Nouvelle histoire de la France contemporaine. XIV : De Munich à la Libération (1938-1944), Paris, Le Seuil, coll. « Points : Histoire » (no 114), 1979.

KIEFFER Philippe, Béret vert, Paris, France-Empire, s. d. [1951 ?].

MAN John, Atlas du Débarquement et de la bataille de Normandie (6 juin – 24 août 1944), Paris, Autrement, coll. « Atlas : mémoires » (no 1), 1994.

MASSIEU Benjamin, Philippe Kieffer : chef des commandos de la France libre, Paris, Pierre de Taillac, 2013.

SIMONNET Stéphane, Les 177 Français du Jour J, Paris, Tallandier / ministère de la Défense, 2014.

WIEVIORKA Olivier, Histoire du débarquement de Normandie : des origines à la libération de Paris (1941-1944), Paris, Le Seuil, coll. « L’univers historique », 2007.

Alexandre SUMPF, « Les commandos Kieffer », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/commandos-kieffer

Anonyme (non vérifié)

Les historiens anglais(Max Hasting!!) americain et presque tous ont souvent oublies de publier que des Francais ont aussi debarques en juin 1944 en Normandie car mon pere(decede a 96 ans!!) ancien officier de la Marine National m'a comente en 60-70 sur les comandos Francais que tout le monde avait oublie mais 75 ans apres ENFIN les voilas!!!!!!!

jeu 06/06/2019 - 18:50 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Les « tondues » de la Libération

Les « tondues » de la Libération

Une démonstration publique

On estime que 20 000 à 40 000 femmes accusées à tort ou à raison de collaboration avec l’occupant allemand auraient…

Les opérateurs soviétiques et la Shoah

Les opérateurs soviétiques et la Shoah

Les camps d’extermination, étape finale de la découverte de la Shoah à l’Est

Après les défaites qui se sont suc cédées depuis l’invasion…

Alliés, mais pas trop

Alliés, mais pas trop

Tous contre un

Six mois après le Débarquement de Normandie (6 juin 1944) et l’ouverture du « second front » à l’ouest tant réclamée par Staline,…

Alliés, mais pas trop
Alliés, mais pas trop
Les Femmes dans l’armée de Libération

Les Femmes dans l’armée de Libération

Les « Merlinettes »

Dans le cadre de l’organisation des troupes françaises libres, le général d’armée Giraud, commandant en chef des forces…

La guerre juste

La guerre juste

Le choc des cultures

Dans une nation moins déchristianisée que la France, où la foi ne constitue pas le principe de ralliement d’un parti (comme…

La guerre juste
La guerre juste
La guerre juste
Jean Daligault, un artiste détenu

Jean Daligault, un artiste détenu

La Résistance, des armes au dessin

Né à Caen en 1899, Jean Daligault entre dans les ordres en 1917 et est ordonné prêtre en 1924. Également peintre…

Jean Daligault, un artiste détenu
Jean Daligault, un artiste détenu
Une icône féministe

Une icône féministe

Les femmes dans l’effort de guerre américain

Quand John Howard Miller livre en février 1943 l’affiche commandée par l’entreprise Westinghouse…

Devenir <em>le</em> maréchal

Devenir le maréchal

Une figure militaire majeure

À la fin du premier conflit mondial, Philippe Pétain (1856-1951) n’est plus seulement l’un des plus hauts gradés de l…

Devenir <em>le</em> maréchal
Devenir <em>le</em> maréchal
Alsace, année zéro

Alsace, année zéro

L’une des images de la « Libération » de l’Alsace.

A partir de 1944, la reconquête et la Libération du territoire français s’accompagnent de la…

La conférence de Casablanca

La conférence de Casablanca

La conférence de Casablanca

La conférence de Casablanca réunie du 14 au 24 janvier 1943 à l’initiative conjointe de Roosevelt et Churchill. Prise…