Aller au contenu principal
La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

La Seine et la Marne

Auteur : COUSTOU Nicolas

Lieu de conservation : musée du Louvre (Paris)
site web

Date de création : 1712

H. : 244 cm

L. : 270 cm

marbre. Profondeur : 220 cm. Commande pour la pièce d'eau des Nappes du parc de Marly en pendant de "La Loire et le Loiret".

Domaine : Sculptures

© RMN - Grand Palais (musée du Louvre) / René-Gabriel Ojéda

Lien vers l'image

06-512423 / M.R. 1801

La Seine et la Marne

Date de publication : Septembre 2015

Auteur : Saskia HANSELAAR

Avec l’accession au trône de Louis XIV, une nouvelle politique artistique est mise en place en France. A partir des années 1660, l’un des grands chantiers est la transformation du pavillon de chasse de Louis XIII en un somptueux palais, dont les jardins doivent être agrémentés de nombreuses sculptures. La politique appliquée à Versailles s’étend également à des domaines plus privés tels que celui de Marly. Acheté en 1676, il commence à être transformé trois ans plus tard par Jules Hardouin Mansart et Robert de Cotte pour être achevé en 1684. Pour un château de plaisance, l’importance des jardins et des bassins y est de premier ordre : cette nature apprivoisée est rythmée par de nombreux marbres selon la volonté de Louis XIV lui-même.

A l’avènement de Jules Hardouin Mansart en tant que Surintendant des Bâtiments du Roi en 1699, celui-ci décide que le programme déjà ambitieux des jardins du château de Marly sera encore amplifié. En 1699, Mansart demande quatre nouveaux groupes statuaires à Nicolas Coustou (La Seine et la Marne), Corneille van Clève (La Loire et le Loiret), Anselme Flamen et Simon Hurtrelle (des groupes de nymphes), pour le bassin des Nappes et ainsi créer un ensemble majestueux se répondant. Coustou réalise un modèle en cire de la Seine et de la Marne au printemps 1699, qui est accepté par Louis XIV et à l’été de la même année, il exécute rapidement un plâtre. En 1701, ce plâtre prend place à Marly, en attendant qu’il termine d’exécuter le marbre à la date de 1707. En 1704, un premier paiement est effectué pour la réalisation du marbre, qui s’échelonne jusqu’en 1715 alors que l’artiste doit effectuer un nouveau piédestal pour le déménagement du groupe prévu pour être désormais placé dans le jardin des Tuileries, du côté de l’entrée occidentale.

Cette allégorie représente la jonction des deux fleuves principaux de l’Ile-de-France. La Seine est représentée sous la forme d’un vieillard idéalisé, appuyé sur une corne d’abondance de laquelle sortent de nombreux fruits dont des melons, du raisin ou des grenades, rendant compte de la richesse apportée aux pays traversés par ce fleuve. La présence de la corne est à mettre en rapport avec les figures déjà existantes du Tibre et du Nil antiques, exposés à l’époque à Rome et connus par la gravure. Homme majestueux et souverain, il tient la rame, emblème antique de sa domination sur les eaux – comme le veut l’iconologie de Cesare Ripa. Il est assis de manière à être surélevé par rapport aux autres figures. A ses côtés, la Marne est incarnée sous les traits d’une jeune femme, penchée en arrière et souriante ; elle est située à l’opposé de la Seine, dans un geste vivant et gracieux. Elle est par ailleurs perçue comme une nymphe. Deux enfants les entourent, chacun apportant des éléments supplémentaires à la compréhension du groupe statuaire. L’un, plus près de la Seine, joue avec un cygne alors que l’autre tendait une écrevisse à la Marne (cette partie de l’œuvre n’existe plus aujourd’hui). Les cygnes avaient été importés par Louis XIV, sans doute pour leur relation ténue avec Apollon, le dieu solaire, et étaient entretenus sur la cassette royale.

La composition élégante et dynamique, dans laquelle les deux fleuves se répondent en diagonale, est innovante. Elle s’explique par la volonté de Louis XIV d’admirer des œuvres isolées et non pas adossées à des murs, telles que les antiques du Tibre et du Nil l’étaient dans leur présentation au Belvédère. L’artiste crée donc un groupe admirable de tous côtés afin que le spectateur, en tournant autour de celui-ci, soit marqué par la singularité de chaque détail et la finesse de sa technique. Néanmoins, le parcours réalisé par le spectateur in situ était régi par l’implantation des bassins et des fontaines, qui proposaient donc une vision déterminée de ce groupe. L’inspiration pour la Seine est dérivée de la statue antique du Tibre, présentée dans la salle du Belvédère au Vatican. Une copie était présente dans la collection de Louis XIV ; en effet, à partir de 1666, l’Académie de France à Rome est pensée afin de permettre aux jeunes artistes de copier ou de mouler les statues antiques de la Ville éternelle. A la fin du règne de Louis XIV, les collections royales sont donc constituées d’un ensemble inégalé des œuvres sculptées les plus importantes de l’Antiquité dont les artistes s’inspirent et qu’ils doivent même surpasser, selon la volonté du roi.

Créer une nouvelle Rome tant par le nombre de statues copiées d’après l’antique que par les créations nouvelles des artistes français est clairement une démonstration du pouvoir acquis par Louis XIV tout au long de son règne. Le groupe de la Seine et de la Marne, bien que dans un lieu dédié au plaisir, doit tout de même entretenir l’image du souverain absolu et surtout l’assise de son pouvoir. De fait, la Seine est surélevée afin de faire une référence directe à la Machine de Marly, véritable prouesse technique permettant de faire remonter le cours d’eau pour alimenter les bassins du château. Ces démonstrations de pouvoir sont faites par la richesse des fleuves français et contrairement à d’autres réalisations, le groupe de Coustou et le bassin des Nappes en général mettent en avant un aspect nourricier et pacifique du roi. Ainsi, les commandes effectuées pour Marly correspondent à un art différent de celui de Versailles, plus léger et plus naturel, idéal pour une demeure de plaisance royale.

HASKELL Francis, PENNY Nicholas, Pour l’amour de l’antique : la statuaire gréco-romaine et le goût européen (1500-1900), Paris, Hachette, coll. « Bibliothèque d’archéologie », 1988.

ROSASCO Betsy, The sculptures of the château of Marly during the reign of Louis XIV, New York / Londres, Garland Publishing, 1986.

Saskia HANSELAAR, « La Seine et la Marne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/seine-marne

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

La Liberté

La Liberté

Au lendemain de la prise de la Bastille, étendards, affiches et gravures commencent à diffuser des emblèmes du triomphe de la Révolution sur le…

La Liberté
La Liberté
La Liberté
Les emprunts nationaux de 1916 et 1917

Les emprunts nationaux de 1916 et 1917

La Grande Guerre, une mise à l’épreuve des nations et des populations

Dès les premières semaines de la guerre, à l’automne 1914, les réserves de…

Les emprunts nationaux de 1916 et 1917
Les emprunts nationaux de 1916 et 1917
La décoration picturale de l'Hôtel de ville de Paris

La décoration picturale de l'Hôtel de ville de Paris

La reconstruction de l’hôtel de ville de Paris après la Commune

Au terme de la semaine sanglante, les communards qui se repliaient devant l’armée…

Plus jamais ça !

Plus jamais ça !

« Plus jamais ça ! »

La Grande Guerre, par sa durée insupportable, l’extension et la multiplication de ses fronts, l’expérience des tranchées et…

Plus jamais ça !
Plus jamais ça !
La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire

La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire

La Fabrique nationale Herstal

Les deux images proposées concernent la Fabrique nationale d’Herstal, située près de Liège en Belgique. Elles…

La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire
La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire
Marie Curie et la presse

Marie Curie et la presse

Marie Curie, femme de science

Marya Sklodowska est née à Varsovie, en 1867, en Pologne alors partie intégrante de l’Empire russe et décède en…

Marie Curie et la presse
Marie Curie et la presse
Portrait de Turenne en général romain

Portrait de Turenne en général romain

Un portrait à l’attribution incertaine

S’il l’identification du modèle ne fait pas de doute – il s’agit d’Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de…

La révolte du papier timbré

La révolte du papier timbré

La dernière grande révolte populaire

La révolte du papier timbré, ou des bonnets rouges, qui éclate en Bretagne en juillet 1675 est la dernière…

Une femme force les portes de l’Académie

Une femme force les portes de l’Académie

L'Académie royale de peinture et de sculpture est fondée sur mandat royal en 1648. Elle constitue l'un des socles institutionnels sur lesquels…

Le Baptême du Prince impérial

Le Baptême du Prince impérial

Lorsque, le 16 mars 1856, naît aux Tuileries Eugène Louis Jean Joseph Napoléon, le fils tant attendu de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie,…