La Victoire apportant au Conseil de Régence la nouvelle de la bataille gagnée à Magenta
Auteur : GUILLEMET Pierre-Désiré
Lieu de conservation : musée national du château de Compiègne (Compiègne)
site web
Date de création : 1859
Date représentée : 04 juin 1859
H. : 33,5 cm
L. : 24,5 cm
Peinture à l'huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais - D. Arnaudet
97DE10829/C. 70.219
Napoléon III et la politique des nationalités
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Alain GALOIN
L’une des conséquences de l’attentat d’Orsini, perpétré le 14 janvier 1858 contre l’empereur Napoléon III, fut la création d’un Conseil privé comprenant l’impératrice, le prince Napoléon et les principaux dignitaires du régime. Il pouvait se transformer en Conseil de régence en cas de disparition ou d’empêchement de l’empereur. Ce Conseil de régence fonctionna quand l’empereur commanda en personne les troupes franco-piémontaises pendant la campagne d’Italie.
Lors de l’entrevue de Plombières le 21 juillet 1858, Napoléon III et Cavour avaient convenu de chasser l’Autriche d’Italie, et de faire de Victor-Emmanuel le roi de l’Italie du Nord, « des Alpes à l’Adriatique ». En échange, le Piémont céderait Nice et la Savoie à la France. Provoquée par le Piémont, l’Autriche prit l’initiative de la guerre. Les troupes franco-piémontaises remportèrent les victoires de Magenta et de Solférino, les 4 et 24 juin 1859, qui libérèrent la Lombardie de la domination autrichienne.
Assise sur une estrade surmontée d’un dais, l’impératrice Eugénie tient le Prince impérial sur ses genoux. L’enfant est souriant et lève les yeux vers la Victoire ailée à laquelle il adresse un signe de la main.
À la gauche de l’impératrice se tient le prince Jérôme. Il est debout, accoudé sur le dossier du fauteuil vide de l’empereur, où sont posés la couronne et le sceptre.
Au premier plan, au pied de l’estrade, les membres du Conseil de régence sont représentés à mi-corps. Ils sont répartis en deux groupes. Dans celui de gauche, on reconnaît le duc de Morny, président du Corps législatif, et monseigneur Morlot, cardinal-archevêque de Paris.
En haut et à droite du tableau, une Victoire ailée, couronnée de laurier, tend un écu ovale où l’on peut lire : « MAGENTA... ANNO MDCC… » (l’inscription est partiellement effacée). Elle vole au-dessus d’un aigle tenant en son bec un rameau d’olivier.
Dans cette œuvre, Pierre-Désiré Guillemet associe l’allégorie au réalisme politique
La Victoire ailée est une figure allégorique qui, en annonçant le succès militaire de Magenta au Conseil de régence, proclame le prestige retrouvé de la France impériale sur la scène internationale. Après le congrès de Paris de 1856, qui efface le congrès de Vienne de 1815, les victoires de Napoléon III en Italie placent la France en position d’arbitre pour que triomphent la politique des nationalités prônée par l’empereur et la paix en Europe. L’aigle tenant en son bec un rameau d’olivier illustre parfaitement la phrase célèbre prononcée par Napoléon III lors du rétablissement du régime impérial : « L’Empire, c’est la paix ! »
Par ailleurs, le tableau de Guillemet met en scène une situation politique bien réelle. En l’absence de l’empereur qui dirige les opérations militaires en Italie, c’est le Conseil de régence qui gouverne, comme il gouvernera d’ailleurs en 1865 et en 1870. Contrairement à ce pourraient laisser supposer la couronne et le sceptre abandonnés sur le trône vide, le pouvoir impérial n’est pas vacant. L’impératrice est régente. Elle est assistée du prince Jérôme – l’oncle de Napoléon III et membre de droit du Conseil – dont la présence symbolise la pérennité dynastique, essentielle dans une situation politique exceptionnelle.
Raymond BOUGERIE, Magenta et Solférino (1859) : Napoléon III et le rêve italien, Paris, Economica, 1993.
Jean-Baptiste DUROSELLE, L’Europe de 1815 à nos jours : vie politique et relations internationales, Paris, PUF, 1999.
François GARELLI, Histoire des relations franco-italienne, Paris, Rive droite, 1999.
Jean TULARD (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.
Alain GALOIN, « Napoléon III et la politique des nationalités », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 13/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/napoleon-iii-politique-nationalites
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Le triomphe de Juliers
Le programme préparatoire négocié en 1622 entre le peintre Rubens et l’entourage de Marie de Médicis…
Le compositeur Cherubini et la Muse de la poésie lyrique
Compositeur italien né en 1760, Cherubini s’établit à Paris en 1788 et se fait naturaliser français. Il traverse les gouvernements : porte-parole…
L'Édit de Fontainebleau
Le 18 octobre 1685, Louis XIV scelle l’édit de Fontainebleau, par lequel il met fin à près de quatre-vingt-dix ans d’…
Felix Nussbaum, un artiste en clandestinité 2/2
À la période au cours de laquelle il peint ce qui est sans doute son dernier tableau, Le Triomphe de la mort,…
1860 : Réunion de Nice et de la Savoie à la France
Alors que le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-…
Henri IV et la paix
Depuis 1562 la France est plongée dans des guerres de religion. La mort de François duc d’Anjou en 1584, dernier frère d’Henri III lui-même sans…
La Liberté
Au lendemain de la prise de la Bastille, étendards, affiches et gravures commencent à diffuser des emblèmes du triomphe de la Révolution sur le…
Allégorie des Arts sous Napoléon III
Un manifeste du romantisme
En juin 1816, La Méduse amirale, frégate de quarante-quatre canons, quitte l’île d’Aix sous les ordres du comte de Chaumareix, un émigré qui ne…
La majorité de Louis XIII
Afin de satisfaire aux ambitions de la reine mère Marie de Médicis, le peintre anversois Rubens, alors au faîte de sa gloire…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel