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Louis XV enfant recevant une leçon, en présence du cardinal de Fleury et du Régent

Louis XV enfant recevant une leçon, en présence du cardinal de Fleury et du Régent

Date de création : 1717-1725

Date représentée : 1717

H. : 23,5 cm

L. : 23,5 cm

Huile sur cuivre.

Domaine : Peintures

© CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris

Lien vers l'image

P 631

Louis XV enfant recevant une leçon

Date de publication : Juillet 2016

Auteur : Stéphane BLOND

L’éducation du roi

Devenu roi à l’âge de cinq ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XV doit encore parfaire sa formation. Ce tableau anonyme réalisé pendant la Régence évoque l’organisation de son enseignement. La scène se déroule probablement aux Tuileries, là où le jeune roi s’installe au début de l’année 1716, après avoir quitté Versailles pour Vincennes à la mort de Louis XIV.

Quelques indices suggèrent que la leçon se déroule vers 1717. Le roi est désormais âgé de sept ans, ce qui marque la fin de l’éducation élémentaire confiée à sa gouvernante « Maman Ventadour ». Jusqu’à sa majorité (13 ans), il est entouré par des hommes qui organisent une formation théorique et pratique le préparant à l’exercice du pouvoir. Les intervenants sont désignés dans le testament de son trisaïeul, puis confirmés par le parlement de Paris et le régent Philippe d’Orléans. Le duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV, est surintendant de l’éducation. Le maréchal de Villeroy, un militaire fidèle au feu roi, occupe la fonction de gouverneur, alors que le prélat André-Hercule de Fleury, ancien évêque de Fréjus, devient précepteur. Deux sous-gouverneurs (les Marquis de Saumery et de Ruffey) et plusieurs sous-précepteurs complètent ce groupe.

L’équipe pédagogique

Au cours de cette leçon, le jeune souverain est assis et accompagné par sept personnages, plus un huitième qui rejoint la bibliothèque située au dernier plan. Il s’agit peut-être du gouverneur, étonnement absent de la scène alors que sa mission impose une surveillance constante du souverain. Le Régent, aisément reconnaissable par son ruban bleu de l’Ordre du Saint-Esprit, rend visite à son petit-neveu. Le roi tend son bras droit vers les documents étudiés, comme pour signifier qu’il est bon élève. Derrière eux, trois valets de la Maison civile du roi font office d’appariteurs, apportant documents et objets. Cette leçon se déroule à partir d’un volume oblong ouvert sur la table, plus un plan qui se déploie jusqu’au sol. Il s’agit probablement d’un cours d’architecture militaire sur l’art des fortifications, une matière que le souverain affectionne, car le plan figure les lignes de défense d’une citadelle, comme le second plan transporté par l’un des valets.

Trois prélats sont installés de l’autre côté de la table de marbre. Face au souverain, le maître de la leçon est probablement André-Hercule de Fleury. Le futur cardinal tient une place de plus en plus importante auprès du monarque. Quelques années plus tard, entre 1726 et 1743, il devient son principal ministre. Les deux autres prélats appartiennent probablement au groupe des sous-précepteurs qui comprend les abbés Jehan Vittement, Robert Pérot et Pierre Joseph Alary. Fleury s’assure aussi les services de spécialistes dans des domaines variés, comme l’abbé du Four de Longuerue qui enseigne la géographie historique.

L’éveil aux sciences

Cette leçon dispensée au jeune Louis XV décrit l’influence des sciences dans le programme de formation. Si les disciplines classiques comme le français, le latin ou les mathématiques ne sont pas négligées, l’éducation du souverain fait appel à de nouveaux savoirs, comme la biologie, l’anatomie, l’astronomie ou la cartographie. Ainsi, le peintre utilise une série de cartes, de volumes et d’instruments scientifiques, avec un globe, une équerre, un astrolabe, des compas ou encore un cadran solaire. Cet attirail scientifique traduit une mutation pédagogique avec un important volet pratique basé sur des exercices. À l’inverse, les matières traditionnelles comme la « Teologia », inscrite en haut de la bibliothèque, paraissent reléguées au second plan.

En ce sens, ce tableau fait œuvre de militantisme en plaçant sur le devant de la scène les outils modernes de la connaissance. Il s’inscrit dans le prolongement des représentations des visites de Louis XIV à la nouvelle Académie royale des sciences et à l’Observatoire de Paris. Par la suite, le programme éducatif des enfants de France intègre davantage les disciplines scientifiques qui sont devenues de véritables outils de gestion dans l’administration du royaume. Au XVIIIe siècle, le souverain se déplace moins dans les institutions savantes, car les démonstrations viennent à lui, comme à Versailles qui devient le « lieu d’enseignement des sciences » (Pascale Mormiche).

ANTOINE Michel, Louis XV, Paris, Fayard, 1989.

MORMICHE Pascale, Devenir prince : l’école du pouvoir en France (XVIIe-XVIIIe siècles), Paris, CNRS Éditions, 2009.

PETITFILS Jean-Christian, Louis XV, Paris, Perrin, 2014.

SAULE Béatrix, ARMINJON Catherine (dir.), Sciences et curiosités à la cour de Versailles, cat. exp. (Versailles, 2010-2011), Paris, Réunion des musées nationaux / Versailles, château de Versailles, 2010.

Stéphane BLOND, « Louis XV enfant recevant une leçon », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/louis-xv-enfant-recevant-lecon

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