Portrait de l'artiste à Sainte-Pélagie.
Auteur : COURBET Gustave
Lieu de conservation : musée départemental Gustave-Courbet (Ornans)
site web
Huile sur toile
© Musée départemental Gustave Courbet
Courbet à Sainte-Pélagie
Date de publication : Septembre 2004
Auteur : Fabrice MASANÈS
La répression des communards illustres et le sort de Courbet
Accusé d'avoir activement participé à la Commune, d'avoir usurpé des fonctions publiques en tant qu'élu au Conseil de la Commune (16 avril 1871) et de s'être rendu complice de la destruction de la colonne Vendôme, votée le 12 avril et renversée le 8 mai, Gustave Courbet (1819-1877) est arrêté le 7 juin 1871. Son procès devant le troisième Conseil de guerre commence le 7 août suivant. Après deux mois d'audiences, le jugement est prononcé le 2 septembre : le peintre est condamné à six mois de prison et 500 francs d'amende.
Derrière les barreaux
Dans cet autoportrait, Courbet s'est représenté dans sa cellule de la prison parisienne Sainte-Pélagie. Entre son arrestation et sa condamnation, l'artiste a connu plusieurs geôles : à Versailles, les Grandes Ecuries et l'Orangerie du château ; à Paris, la Conciergerie, les prisons Mazas et Sainte-Pélagie. Depuis la Révolution française, cet établissement est une prison politique où le XIXe siècle des lettres, du journalisme et de la caricature a séjourné. Courbet cherche visiblement à s'inscrire dans la continuité de cette tradition carcérale : il se montre coiffé du béret et vêtu des habits bruns qui sont ceux des prisonniers politiques de Sainte-Pélagie. Assis sur une table, appuyé contre la grille de la fenêtre de sa cellule, il fume la pipe, le regard tourné vers la cour de la préfecture, sur laquelle plonge la perspective. Dans cette œuvre régie par des tonalités assourdies – l'ocre y est prédominant –, seul le foulard rouge noué en cravate revêt un éclat que l'on peut apparenter à une proclamation de l'artiste : la revendication de son engagement dans les rangs de la Commune.
Le portrait-déposition
On ignore à quelle période précise ce portrait a été peint par Courbet. Les exégètes de l'œuvre évoquent trois possibilités : pendant sa détention à Sainte-Pélagie, en Franche-Comté dès sa libération ou en Suisse au début de son exil organisé afin d'échapper aux contraintes juridiques l'obligeant à reconstruire la colonne Vendôme à ses frais, à hauteur de 323 091,68 francs. Dans tous les cas, cette œuvre semble avoir été conçue comme une sorte de déposition par laquelle l'artiste répondait à ses détracteurs et à ses ennemis décidés à ruiner tant sa fortune personnelle que son talent de peintre. C'est aussi la protestation d'un condamné illustre exprimée avec éclat, alors que l'écrasante majorité des communards est sans voix.
Catalogue d’exposition Courbet et la Commune Paris, RMN-musée d’Orsay, 2000
Fabrice MASANÈS, « Courbet à Sainte-Pélagie », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/courbet-sainte-pelagie
Lien à été copié
Découvrez nos études
Les otages de la Commune de Paris
Dès le 5 avril 1871, la Commune décide en un décret historique « que toutes personnes prévenues de complicité avec le…
Louise Michel et sa légende
Institutrice républicaine, cantinière pendant le siège de Paris, oratrice au club de la…
L’écrasement de la Commune
Proclamée en mars 1871 dans la capitale assiégée par les troupes allemandes, la Commune de Paris est une tentative de…
Image de la Commune : la barricade du boulevard Puebla
Parmi les images de la Commune s’impose souvent celle de la barricade avec ses tas de pavés derrière lesquels sont…
Courbet à Sainte-Pélagie
Accusé d'avoir activement participé à la Commune, d'avoir usurpé des fonctions…
Paris enflammé par la Commune
Les premiers incendies particulièrement spectaculaires de la « Semaine sanglante » furent provoqués par les bombardements versaillais…
Henri de Rochefort et les déportés de la Commune
Plus de 4 000 communards furent condamnés par les conseils de guerre à la déportation en Nouvelle-Calédonie…
Le procès des communards
Dès la « Semaine sanglante », avec l’entrée des troupes versaillaises dans Paris, les soldats des généraux…
La Répression de la Commune
A la charnière des mois de mai et juin 1871, pendant et après la " semaine sanglante " au cours de laquelle la Commune…
La répression populaire de la Commune : Eugène Varlin
Né en 1839 et relieur de son état, Eugène Varlin est représentatif des travailleurs spécialisés qui…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel