Versailles, Séance du troisième Conseil de guerre.
Les Prisonniers à Versailles.
Versailles, Séance du troisième Conseil de guerre.
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée d’Art et d’Histoire Paul-Éluard (Saint-Denis)
site web
Date de création : 1871
Date représentée : 1871
gravure de presse
Domaine : Estampes-Gravures
© Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - Cliché I. Andréani
Le procès des communards
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Bertrand TILLIER
La répression judiciaire de la Commune
Dès la « Semaine sanglante », avec l’entrée des troupes versaillaises dans Paris, les soldats des généraux Mac Mahon, Cissey, Vinoy et Galliffet, couverts par l’autorité de Thiers, organisent des rafles. Avec plus de 60 000 prisonniers considérés comme de dangereux insurgés, cette saignée opérée dans la population parisienne doit abreuver l’important appareil répressif mis en place par Mac-Mahon. C’est à la justice militaire qu’il incombe de sanctionner les communards, car le département de la Seine est encore officiellement en état de siège. Le rétablissement du droit dépend de la rigueur de cette vaste entreprise.
Pendant plus de quatre années consécutives, vingt-quatre conseils de guerre siégeront pour instruire les procès de presque 35 000 hommes, plus de 800 femmes et 538 enfants. En dehors de quelque 2 500 acquittements et d’environ 23 000 ordonnances de non-lieu, les conseils de guerre réunis à Saint-Germain-en-Laye, Sèvres, Rambouillet, Rueil, Saint-Cloud, Vincennes, Chartres ou Versailles se montreront intraitables : 93 individus seront passés par les armes au camp de Satory, 250 seront condamnés aux travaux forcés. Par ailleurs, plusieurs milliers de communards connaîtront la déportation en Nouvelle-Calédonie, en enceinte fortifiée pour 1 000 d’entre eux environ, 3 400 y étant condamnés à la déportation simple. À ces chiffres, il faut encore ajouter 4 500 condamnations à la réclusion et plus de 3 000 condamnations par contumace pour les communards ayant réussi à quitter la France.
Du cachot au tribunal
Ces gravures de presse à visée documentaire permettent de saisir la disparité des individus arrêtés parce que considérés comme ayant pris une part active à la Commune.
Dans le dessin de Lix, qui représente les prisonniers dans la pénombre des voûtes massives des caves de l’Orangerie du château de Versailles, vit tout un peuple d’individus anonymes. Saisis de dos, accroupis dans des attitudes abandonnées, les visages cachés sous leurs chapeaux ou engoncés dans leurs vareuses, ces prisonniers sont dénués d’identité, selon la vision du dessinateur qui se complaît aussi à les montrer vautrés comme des animaux, insouciants ou absents.
Cette perception est très différente de celle qui transparaît dans la gravure anonyme représentant le 3e Conseil de guerre. En l’occurrence, la scène est d’une grande lisibilité tant sa composition cherche à traduire l’ordre de la justice militaire. Sous les arcades des fenestrages, le banc des accusés est parfaitement ordonné, illustrant l’intrusion de l’ordre parmi les acteurs du désordre de la Commune. En pleine lumière, les accusés en costume ou en uniforme sont confrontés à leurs actes devant leurs juges et devant l’assemblée des citoyens-spectateurs au premier plan – parmi lesquels le dessinateur s’est représenté dans l’angle gauche.
Les sans-voix et les ténors
D’une gravure à l’autre, on perçoit les deux versants de la justice versaillaise, qui s’exerçait en fonction de la catégorie à laquelle appartenait les accusés. Les ténèbres des fédérés anonymes et obscurs auxquels ni la justice ni l’opinion publique ne donnèrent la parole ; la lumière éclatante des audiences du 3e Conseil de guerre qui jugea expéditivement, mais avec un sens aigu du spectacle, les membres les plus éminents de la Commune en prononçant des peines lourdes et disproportionnées.
Bernard NOËL, Dictionnaire de la Commune, 2 vol., [1971], Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1978.
Bertrand TILLIER, « Le procès des communards », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 05/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/proces-communards
A voir aussi : un corpus de documents pour la classe consacré à la Commune
Lien à été copié
Découvrez nos études
Louise Michel et sa légende
Institutrice républicaine, cantinière pendant le siège de Paris, oratrice au club de la…
Commune : le peuple en arme
La Commune n’a pas disposé d’armée au sens strict. Ses rangs étaient composés d’une part de gardes…
La Répression de la Commune
A la charnière des mois de mai et juin 1871, pendant et après la " semaine sanglante " au cours de laquelle la Commune…
Les otages de la Commune de Paris
Dès le 5 avril 1871, la Commune décide en un décret historique « que toutes personnes prévenues de complicité avec le…
Le Père-Lachaise et les derniers combats de la Commune
Situé au cœur du Paris populaire où les communards sont solidement implantés, le cimetière…
Le procès des communards
Dès la « Semaine sanglante », avec l’entrée des troupes versaillaises dans Paris, les soldats des généraux…
Image de la Commune : la barricade du boulevard Puebla
Parmi les images de la Commune s’impose souvent celle de la barricade avec ses tas de pavés derrière lesquels sont…
Henri de Rochefort et les déportés de la Commune
Plus de 4 000 communards furent condamnés par les conseils de guerre à la déportation en Nouvelle-Calédonie…
Le mur des Fédérés
À la fin de la « Semaine sanglante », le samedi 27 mai 1871, les troupes versaillaises parviennent à investir le cimetière du…
Le retour des Parisiens dans la capitale en juin 1871
Après la « Semaine sanglante » et dès les derniers jours de mai 1871, les Parisiens…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel