Paris incendié.
Auteur : NUMA fils
Lieu de conservation : musée d’Art et d’Histoire Paul-Éluard (Saint-Denis)
site web
Date de création : 1871
Date représentée : mai 1871
H. : 10 cm
L. : 15 cm
dit aussi "Vue de l'incendie de Paris". Gravure photographiée et retouchée
Domaine : Estampes-Gravures
© Saint-Denis, musée d'art et d'histoire - Cliché I. Andréani
C 490.7
Paris enflammé par la Commune
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Bertrand TILLIER
Paris en feu
Les premiers incendies particulièrement spectaculaires de la « Semaine sanglante » furent provoqués par les bombardements versaillais sur le Champ-de-Mars et sur le ministère des Finances. Ces tirs à boulets rouges devaient permettre aux troupes versaillaises de gagner du temps et de pénétrer plus facilement dans la capitale.
Partagée entre stratégies tactiques et actions symboliques, la Commune alluma à son tour des feux pour faire diversion et pour entraver la progression des versaillais. Brûler Paris plutôt que de le rendre devint une consigne dans les rangs communards, conformément à certaines déclarations qui avaient pu enflammer les esprits, comme cette formule menaçante aux accents prémonitoires de Louise Michel : « Paris sera à nous ou n’existera plus » (17 mai 1871).
Les édifices incendiés
Cette gravure photographiée et retouchée par Numa fils offre une spectaculaire vision à vol d’oiseau de Paris en proie aux flammes. Vu depuis un point en hauteur situé au-dessus du jardin des Tuileries, ce panorama montre les principaux édifices et les différents quartiers touchés par les incendies : la barrière de feu du palais des Tuileries, le Conseil d’État, le palais de la Légion d’honneur, le ministère des Finances et la Cour des comptes qui ont commencé à flamber le 23 mai 1871 au soir. L’Hôtel de Ville incendié par Pindy le lendemain est également visible, de même que la préfecture de police et le Palais de Justice mis à feu sur ordre de Ferré.
Le cœur de Paris est donc le plus touché, comme le montre cette sorte de plan en relief. Mais il y a aussi d’autres foyers sur la rive droite, tels les quartiers populaires de la porte Saint-Martin et de Saint-Eustache. Numa fils n’a toutefois pas représenté la rive gauche qui fut pourtant aussi touchée par des incendies dont l’origine fut souvent difficile à déterminer : la rue de Lille, le quartier Vavin ou le carrefour de la Croix-Rouge.
Une vision panoramique
Dans les derniers chapitres de La Débâcle (1892), Zola décrit Paris livré aux flammes, à la « chaleur insupportable », à « l’air brûlant d’asphyxie » sous une « pluie de tisons ». L’un de ses héros, Maurice, « voyait le ciel s’embraser d’une immense lueur rouge […] comme si toute la ville s’allumait ». En recourant à un dispositif panoramique, l’artiste réussit ici à produire un effet saisissant, grâce à la précision topographique d’une image qui s’apparente plus à un relevé qu’à un paysage.
Cette image de la ville brûlée souvent comparée à la Rome de Néron reste ambivalente. Les anticommunards y virent la concrétisation de leurs fantasmes – celui de la pétroleuse, archétype de la criminelle, fut sans conteste l’un des plus efficaces – pour mieux dénier sa portée politique à la Commune. Quant aux communards, ils crurent parfois à cette « politique du feu » qu’ils perçurent comme la destruction du Paris d’Haussmann dont le peuple avait été proscrit, voire comme une tentative désespérée de reconquête du cœur de la ville assimilé au pouvoir des notables.
Bernard NOËL, Dictionnaire de la Commune, [1971], 2 vol., Paris, Flammarion, coll. « Champs », 1978.
Louis RÉAU, Histoire du vandalisme : histoire des monuments détruits de l’art français, Paris, Robert Laffont , coll. « Bouquins », 1994.
Bertrand TILLIER, « Paris enflammé par la Commune », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/paris-enflamme-commune
A voir aussi : un corpus de documents pour la classe consacré à la Commune
Lien à été copié
Découvrez nos études
L’écrasement de la Commune
Proclamée en mars 1871 dans la capitale assiégée par les troupes allemandes, la Commune de Paris est une tentative de…
Courbet à Sainte-Pélagie
Accusé d'avoir activement participé à la Commune, d'avoir usurpé des fonctions…
Paris enflammé par la Commune
Les premiers incendies particulièrement spectaculaires de la « Semaine sanglante » furent provoqués par les bombardements versaillais…
Le retour des Parisiens dans la capitale en juin 1871
Après la « Semaine sanglante » et dès les derniers jours de mai 1871, les Parisiens…
Image de la Commune : la barricade du boulevard Puebla
Parmi les images de la Commune s’impose souvent celle de la barricade avec ses tas de pavés derrière lesquels sont…
La colonne Vendôme déboulonnée
Dès la déchéance de l’Empire et la proclamation de la République le 4 septembre 1870, des voix s’élèvent dans Paris…
Henri de Rochefort et les déportés de la Commune
Plus de 4 000 communards furent condamnés par les conseils de guerre à la déportation en Nouvelle-Calédonie…
Commune : le peuple en arme
La Commune n’a pas disposé d’armée au sens strict. Ses rangs étaient composés d’une part de gardes…
Louise Michel et sa légende
Institutrice républicaine, cantinière pendant le siège de Paris, oratrice au club de la…
Le Père-Lachaise et les derniers combats de la Commune
Situé au cœur du Paris populaire où les communards sont solidement implantés, le cimetière…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel