Aller au contenu principal
Anne Morgan en uniforme

Anne Morgan en uniforme

Bibliothèque à Anizy-le-Château (Album VII)

Bibliothèque à Anizy-le-Château (Album VII)

Miss Hughes et Miss Wilde au garage du Comité à Vic-sur-Aisne

Miss Hughes et Miss Wilde au garage du Comité à Vic-sur-Aisne

Anne Morgan en uniforme

Anne Morgan en uniforme

Auteur : ANONYME

Date représentée :

Domaine : Photographies

© Photo RMN - Grand Palais - R. G. Ojeda

http://www.photo.rmn.fr

02-002708 / 1880;M481

L'aide américaine en Picardie

Date de publication : Novembre 2007

Auteur : Alain GALOIN

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en Europe, de nombreux volontaires américains traversent l’Atlantique pour venir en aide aux alliés engagés dans le conflit. C’est ainsi que Anne Morgan, la fille du banquier John Pierpont Morgan, décide d’employer son temps et son argent à des œuvres humanitaires. Les fonds privés qu’elle collecte aux Etats-Unis vont permettre la création, en avril 1917, du Comité américain pour les Régions dévastées (C.A.R.D.). En juin 1917, avec un groupe de femmes américaines, Anne Morgan s’installe dans des baraquements provisoires, parmi les ruines du château de Blérancourt, dans l’Aisne. Pendant sept ans, 350 bénévoles américaines vont ainsi sillonner la Picardie à bord de leurs camionnettes Ford, et secourir, soigner, distribuer du ravitaillement, aider à la reconstitution du tissu social en agissant dans le domaine de la santé, de l’éducation et des loisirs. De 1917 à 1924, elles seront totalement au service de la France dévastée.

Née en 1873 à Highland Falls, dans l’Etat de New York, Anne Tracy Morgan est la fille du banquier John Pierpont Morgan. Active et indépendante, elle refuse très tôt de devenir une « riche idiote », esquive le mariage et participe à la fondation d’associations féminines aux Etats-Unis. A la mort de son père, en 1913, elle hérite d’une fortune considérable. Dès 1914, elle se mobilise en faveur des populations civiles françaises et, en avril 1917, elle crée, avec son amie Anne Murray Dike, le Comité américain pour les Régions dévastées (C.A.R.D.) afin de venir en aide aux populations sinistrées de l’Aisne, particulièrement éprouvées par les destructions et les difficultés de ravitaillement.
Que ce soit pour les soldats ou pour les milieux populaires des zones sinistrées, le C.A.R.D considère que l’effort d’éducation va de pair avec l’aide sanitaire et matérielle. Entre 1919 et 1921, il crée cinq bibliothèques publiques dans l’Aisne. Implantées à Blérancourt, à Vic-sur-Aisne, à Anizy-le-Château, à Coucy-le-Château et à Soissons, elles sont organisées par Jessie Carson, volontaire américaine venue de la New York Public Library. Des bibliothécaires américaines viennent former leurs collègues françaises, comme Victorine Vedrine, originaire d’Antibes, qui anime la bibliothèque d’Anizy-le-Château en 1923 et qui travaillera ensuite à Blérancourt et à Soissons.
L’efficacité de l’aide humanitaire du C.A.R.D est subordonnée à l’existence d’un important service de transport. En effet, l’isolement des villages ruraux a été aggravé par la destruction des routes et des voies ferrées. En 1921, le C.A.R.D. se trouve à la tête d’un parc automobile de 63 véhicules, notamment constitué de voitures Ford et de petits camions Dodge. Essentiellement composées de femmes, les équipes du Comité américain sillonnent la Picardie et acheminent en priorité denrées alimentaires, vêtements, couvertures, ustensiles de cuisine, outils agricoles, semences et bétail. Recrutées pour leur connaissance de la conduite automobile, ces « chauffeuses » américaines repassent néanmoins leur permis de conduire en France avant d’être affectées à un centre de l’Aisne. Elles doivent assurer elles-mêmes l’entretien courant de leurs véhicules : graissage, changement des ressorts de suspension, nettoyage des têtes de cylindres ou rodage des soupapes. En cas de panne, elles doivent être capables de faire seules des réparations simples. Pour les populations rurales de l’Aisne, la présence au volant de ces jeunes femmes étrangères, animées d’un dynamisme viril et courageux, ne laisse pas d’être surprenante et suscite l’admiration.

De 1917 à 1924, le C.A.R.D mène dans le Soissonnais une action de reconstruction exemplaire qui vise à rebâtir ce territoire sur le plan économique, mais aussi éducatif, social et moral. En effet, les volontaires américaines ne se contentent pas de distribuer du ravitaillement et d’apporter une aide à la reconstruction matérielle. Elles œuvrent également à la reconstruction morale et sociale des populations en créant un réseau d’infirmières-visiteuses, en ouvrant des bibliothèques, des foyers, des jardins d’enfants, en encourageant le scoutisme, en organisant des fêtes dans l’espoir de retisser le lien social. Elles s’attachent particulièrement à promouvoir la pratique du sport auprès des enfants et des adolescents. A leurs yeux, non seulement les activités sportives favorisent l’épanouissement physique des jeunes, mais elles contribuent au développement de qualités morales : dépassement de soi, émulation, culte de l’excellence et sens du fair-play. Ainsi, au cours de l’année 1921, de nombreuses fêtes sportives sont organisées dans le Soissonnais.
L’aide américaine se manifestera à nouveau pendant le second conflit mondial. En août 1939, Anne Morgan est en France. Dès septembre, elle organise, anime et préside le Comité américain de Secours civil (C.A.S.C.) dont une antenne est installée à Blérancourt, une autre à Revin dans les Ardennes, et une troisième à Bellac en Limousin. Pendant la « drôle de guerre » (3 août 1939-10 mai 1940), cette association humanitaire fonctionne sensiblement comme le C.A.R.D. Lors de l’invasion allemande, le C.A.S.C. encadre l’exode des populations civiles vers le Sud et aide à l’installation des habitants de l’Aisne dans la Mayenne et de ceux des Ardennes en Vendée et dans les Deux-Sèvres. Anne Morgan quitte la France en décembre 1940 mais y revient en juin 1945, au moment de la libération, accompagnée de nombreux volontaires américains et de neuf tonnes de matériel et de vivres. Le C.A.S.C. poursuivra son œuvre sociale et humanitaire jusqu’au début des années 1950. Quant à Anne Morgan, elle s’éteindra le 29 janvier 1952 dans sa maison de Mount Kisco, près de New York mais la France n’attendra pas son décès pour exprimer solennellement sa reconnaissance pour cette femme d’action : parmi de nombreuses distinctions honorifiques - Mérite agricole, Croix de Guerre, Palmes académiques -, Anne Morgan reçoit la Légion d’Honneur en 1924; elle est élevée au grade de Commandeur en 1932.

Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.- Des Américaines en Picardie au service de la France dévastée, 1917-1924- Catalogue de l’exposition présentée à l’Historial de la Grande Guerre, Péronne, 2002

Alain GALOIN, « L'aide américaine en Picardie », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/aide-americaine-picardie

Anonyme (non vérifié)

Est il possible, et ou peut on trouver la liste de noms de ces jeunes américaines ? Merci

mar 31/03/2015 - 22:38 Permalien
Anonyme (non vérifié)

Y a t-il des listes des jeunes femmes américaines en France ou aux Etats Unis ? Ou peut on les consulter ? Merci

sam 09/01/2016 - 21:51 Permalien

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Paysages ravagés de la guerre de 1914-1918

Paysages ravagés de la guerre de 1914-1918

La ruine de l’Europe en guerre

De 1914 à 1918, la Grande Guerre fait rage aux quatre coins du globe, se concentrant en France sur une bande de…

Paysages ravagés de la guerre de 1914-1918
Paysages ravagés de la guerre de 1914-1918
Paysages ravagés de la guerre de 1914-1918
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)

L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)

L’ère de l’automobile

Dans les années 1920, si la construction automobile connaît un essor exceptionnel après la Première Guerre mondiale, l’…

L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
L'architecture publicitaire du garage Marbeuf (Laprade & Bazin, 1928-1929)
La Croisière jaune entre science et marketing

La Croisière jaune entre science et marketing

À la découverte de l’Asie centrale

La France de l’entre-deux-guerres se passionne pour son empire, dont hommes et ressources ont contribué à sa…

La Croisière jaune entre science et marketing
La Croisière jaune entre science et marketing
Les Voitures <i>Renault</i>

Les Voitures Renault

Renault, les débuts du succès (1898-1905)

En 1898, Louis Renault (1877-1944) ajoute une quatrième roue, une boîte à trois vitesses et une…

Les Voitures <i>Renault</i>
Les Voitures <i>Renault</i>
Les Voitures <i>Renault</i>
Les Voitures <i>Renault</i>
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres

Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres

La Croisière noire, relevant à la fois de l’aventure coloniale, du raid automobile et de l’opération publicitaire, est née de la volonté d’un…

Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Les Croisières de Citroën : publicité et colonialisme dans l'entre-deux-guerres
Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale

Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale

« La Fayette, nous voilà », les premières participations américaines à la Première Guerre mondiale

Le don de matériel en provenance des États-…

Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
De la vitesse… !

De la vitesse… !

En France, en Europe, dans le monde, tout va vite, beaucoup plus vite au tournant du XIXe siècle, un siècle de « prodigieux essor…

L'aide américaine en Picardie

L'aide américaine en Picardie

Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en Europe, de nombreux volontaires américains traversent l’Atlantique pour venir en aide aux alliés…
L'aide américaine en Picardie
L'aide américaine en Picardie
L'aide américaine en Picardie
Une des premières automobiles Mors, 1898

Une des premières automobiles Mors, 1898

En 1873, l’apparition de la première automobile va bouleverser la relation des hommes au temps et à l’espace. Il s’agit de L’Obéissante, une…

Les taxis de la Marne

Les taxis de la Marne

Des taxis parisiens aux taxis de la Marne

La Compagnie Française des Automobiles de Place, plus tard dite « G7 » (du fait que ses véhicules…

Les taxis de la Marne
Les taxis de la Marne
Les taxis de la Marne