L'impératrice Eugénie à Amiens
L'impératrice Eugénie visitant les cholériques de l'Hôtel-Dieu
L'impératrice Eugénie protégeant du choléra les villes d'Amiens et de Paris
L'impératrice Eugénie à Amiens
Auteur : FERAGU Auguste
Lieu de conservation : musée national du château de Compiègne (Compiègne)
site web
Date de création : 1878
Date représentée : 4 juillet 1866
H. : 90 cm
L. : 120 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (domaine de Compiègne) / Thierry Le Mage
IMP208 - 09-506179
Le Choléra à Amiens (1866)
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Alain GALOIN
Entre l’été 1865 et l’hiver 1866, le choléra fit son apparition dans de nombreuses régions de France. Ce fut l’épidémie la plus grave depuis 1832. Le 30 juin 1866, l’empereur envoya le ministre de l’Agriculture et du Commerce et l’inspecteur des services sanitaires à Amiens où l’épidémie avait revêtu une exceptionnelle gravité. Il fit don de 5 000 francs en son nom personnel et de 1 000 francs au nom du prince impérial pour secourir les victimes (Le Moniteur, 4 juillet 1866). Quatre jours plus tard, l’impératrice fit une visite de bienfaisance à Amiens, visitant les hôpitaux et autres institutions. A propos de cette visite, Prosper Mérimée écrivait à Panizzi, le 5 juillet 1866 : “ Je ne suis pas sûr que ce soit très raisonnable, mais c’est très beau. ” En décembre 1865, l’impératrice avait rendu visite aux cholériques de l’hôpital Beaujon, à Paris. En 1866, le conseil municipal de la capitale fit frapper une médaille de bronze commémorative.
La toile d’Auguste Feragu représente l’impératrice Eugénie sortant de l’hôtel-Dieu d’Amiens, le 4 juillet 1866. Derrière l’impératrice se tiennent les autorités civiles et religieuses : le docteur Connau, conseiller d’Etat et préfet de la Somme, accompagné de son épouse, monsieur Dhavernat, maire de la ville, l’évêque d’Amiens ; derrière ces notabilités, le personnel de santé, médecins et religieuses. L’impératrice est sobrement vêtue de noir ; elle est coiffée d’un petit bonnet noir fixé à l’aide d’un ruban noué sous le menton. Elle est accompagnée de la comtesse de Lourmel, dame du palais. Devant l’hôtel-Dieu, quelques Amiénois l’attendent. Un petit garçon s’avance vers elle et lui tend une supplique. L’hôtel-Dieu est situé dans le quartier Saint-Leu, quartier populaire dominé par la masse imposante de la cathédrale qui se dresse à l’arrière-plan. On aperçoit la foule grouillante et, à gauche, l’entrée de l’église Saint-Leu.
La toile de Paul-Félix Guérie représente l’impératrice Eugénie à l’intérieur même de l’Hôtel-Dieu. La grande salle commune, dont le haut plafond est soutenu par des piliers de bois, est divisée en deux par une cloison de planches. On aperçoit le tuyau du poêle qui permet de chauffer la salle. Les lits sont répartis sur trois rangées. Au centre de la toile, l’impératrice est penchée sur un lit où repose un malade. Comme dans le tableau d’Auguste Feragu, elle est très simplement vêtue de noir. Une sœur de charité se tient de l’autre côté du lit. Derrière l’impératrice se trouvent les autorités civiles, militaires et religieuses, notamment le préfet de la Somme et l’évêque d’Amiens. La salle est remplie d’une foule nombreuse. A droite, au pied d’un lit, un homme agenouillé nettoie le parquet.
La peinture sur toile d’Antoine-Léon Brunel-Rocque a la forme d’un médaillon ovale. Il s’agit de la composition originale, préparatoire à la décoration d’un vase commandé à la manufacture de Sèvres pour commémorer la visite de l’impératrice à Amiens le 4 juillet 1866. Il fut livré “ au nom de S.M. l’Empereur, au Musée Napoléon de la ville d’Amiens ” en mai 1870.
Le thème traité par Brunel-Rocque est une allégorie. Au centre de la composition, l’impératrice Eugénie, debout, tend les bras vers deux femmes agenouillées, tourelées, qui symbolisent les villes de Paris et d’Amiens éprouvées par l’épidémie. Aux pieds de la souveraine, deux dragons agonisants, lançant flammes et fumées, incarnent le choléra vaincu par l’intercession de l’impératrice.
Auguste Feragu et Paul-Félix Guérie ont représenté le même événement, mais ils l’ont mis en scène de façon totalement différente.
Le choléra est pratiquement absent du tableau d’Auguste Feragu. L’impératrice est représentée sortant de l’hôtel-Dieu et le peintre insiste davantage sur le caractère officiel de sa visite à Amiens. L’œil est attiré par ce petit garçon présentant une supplique à la souveraine, qui tend majestueusement la main pour la recevoir et montre ainsi que le pouvoir impérial est à l’écoute des problèmes et des aspirations du peuple.
A l’inverse, le choléra est au centre du tableau de Paul-Félix Guérie. Méprisant la mortelle contagion, l’impératrice se penche sur le lit d’un malade qu’elle réconforte. L’œuvre a une portée beaucoup plus sociale. L’univers hospitalier est représenté ici dans toute sa laideur : bâtiments vétustes aux murs lépreux, promiscuité, hygiène sommaire… L’impératrice est présentée comme un personnage proche de la misère du peuple.
Néanmoins, dans les deux cas, l’artiste se fait le propagandiste du régime impérial. Il met en évidence la volonté ostentatoire du pouvoir de partager les épreuves du peuple et de lui apporter aide et réconfort, une démarche teintée de paternalisme et qui n’est pas exempte de démagogie à un moment où les souverains sont en quête de popularité.
La composition d’Antoine-Léon Brunel-Rocque va beaucoup plus loin que les deux œuvres précédentes dans la propagande démagogique. Bien connu comme peintre de sujets religieux, Brunel-Rocque s’est délibérément inspiré de l’iconographie chrétienne pour représenter l’impératrice dans l’attitude d’une sainte victorieuse terrassant l’épidémie, lui prêtant ainsi le pouvoir thaumaturgique autrefois dévolu à certains souverains de la dynastie capétienne.
Comte FLEURY , Louis SONOLET La société du Second Empire T.3, “ 1863-1867 ” , Paris, Albin Michel.
Le Journal de la France n° 60 (1970), reproduction couleur p.1655.
Le Second Empire 1852-1870 in Histoire de France illustrée, 2000 ans d’images , reproduction couleur p.85.
Etienne PALMA, “ Salon de 1868 ”, Revue de Paris 1868 vol. XI, p.239.
L’Art en France sous le Second Empire Catalogue de l’exposition , Paris, Grand Palais, 11 mai - 13 août 1979, p.226 (notice n° 117 concernant le vase d’Amiens). Catalogue Amiens, Musée de Picardie, 1876, p.198, n° 2137.
Alain GALOIN, « Le Choléra à Amiens (1866) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/cholera-amiens-1866
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Le culte révolutionnaire de la raison en l'an II
Dans l’histoire française, la « déchristianisation » entreprise à partir de brumaire an II (novembre 1793)…
Louis XIV protecteur des Arts et des Sciences
Roi de guerre, roi-soleil, Louis XIV se veut aussi le protecteur des arts et des sciences. D’autant que le jeune monarque, né en 1638, de l’union…
Le compositeur Cherubini et la Muse de la poésie lyrique
Compositeur italien né en 1760, Cherubini s’établit à Paris en 1788 et se fait naturaliser français. Il traverse les gouvernements : porte-parole…
Funérailles et Apothèose de Thiers, La France pleurant devant son corps
A sa mort, en septembre 1877, Thiers présentait une figure ambivalente. Sa longue carrière avait été celle d’un libéral…
La France vaincue
La victoire de la Prusse à Sedan le 2 septembre 1870 entraîne l’effondrement du Second Empire. Deux jours plus tard, la déchéance de la famille…
La Liberté
Au lendemain de la prise de la Bastille, étendards, affiches et gravures commencent à diffuser des emblèmes du triomphe de la Révolution sur le…
La Publicité pour les marques de cycles : l’angle technique et militaire
Les deux images proposées concernent la Fabrique nationale d’Herstal, située près de Liège en Belgique. Elles…
1860 : Réunion de Nice et de la Savoie à la France
Alors que le roi de Sardaigne Victor-Emmanuel II de Savoie (1820-…
Scène de Juillet 1830, dit aussi Les Drapeaux
Au cours de la Révolution, l’emblème tricolore devient le support d’un nombre croissant de souvenirs et de fidélités…
Les emprunts nationaux pendant la guerre de 1914-1918
Durant la Première Guerre mondiale, l’épargne française est mise à contribution par le biais d’emprunts…
chantal terwagne
j' ai en ma possession une piece comemorative de l'epidemie cholerique d'amiens
coté face il est inscrit;
A.S.M l'imperatrice eugenie la ville d'amiens reconnaissantes
avec son portrait en relief
côté pile,il est ecrit;l'épidémie cholerique de 1866.visite
du 4 juillet,la en relief on vois l'imperatrice debout tenant la mains d'une petite fille agenouillée a ses pieds
cette pièce est signée Dantzell
elle fait 5mm d'epaisseur et pèse 164 grammmes
et est en cuivre
j'aimerais savoir ou je pourrais en connaitre la valeur
car elle me viens d'une tante qui habitait amiens
si vous sauriez me guider vers une personne qui saurais me renseigné
dans l'attente veuillez agreer mes salutations distinguées
Amiens Passion
Merci pour toutes ces informations !
Je suis amiénois depuis quelques mois et je me passionne pour cette jolie ville. J'ai récemment acheté le livre Histoire d'Amiens qui m'a appris énormément de choses et je me ballade avec plaisir dans les petites rues malgré le froid pour voir de visu tout cela !
PICTAVIA
Le tableau d'Auguste Feragu est peint d'après une photographie de l'événement intitulée : "Visite de sa Majesté l'impératrice à l'Hotel-Dieu / Amiens, 4 Juillet 1866".
De nombreux personnages présents sur la photo sont absents sur la toile, notamment TOUS les militaires...
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel