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Le Serment du Jeu de paume, 20 juin 1789

Le Serment du Jeu de paume, 20 juin 1789

Extrait du procès-verbal de la séance du 20 juin 1789 de l'Assemblée nationale tenue dans la Salle du Jeu de Paume.

Extrait du procès-verbal de la séance du 20 juin 1789 de l'Assemblée nationale tenue dans la Salle du Jeu de Paume.

Le Serment du Jeu de paume, 20 juin 1789

Le Serment du Jeu de paume, 20 juin 1789

Date de création : 1791

Date représentée : 20 juin 1789

H. : 65,5 cm

L. : 101 cm

Commande de la Société des Amis de la Constitution.

Plume, encre, lavis et rehauts de blanc sur crayon sur papier.

Domaine : Dessins

© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

INV.DESS 736 - 83-000530

Les signataires du serment du Jeu de paume

Date de publication : Mars 2022

Auteur : Luce-Marie ALBIGÈS

Les signataires du Serment du Jeu de Paume

Les signataires du Serment du Jeu de Paume

Un acte de courage politique accompli dans des conditions de fortune

17 juin 1789, face à l’inertie générale, les députés du Tiers Etat aux Etats généraux se constituent, en Assemblée nationale. La majorité du clergé vote, le 19, sa réunion au Tiers. Le roi qui ne veut pas reconnaître ces mesures prescrit la fermeture de la salle où le Tiers se rassemble. Les députés se rendent, le 20 juin, à la Salle du jeu de paume et décident de prêter serment de ne se séparer qu’après avoir donné une constitution à la France.

La situation n’est pas alors sans danger pour les députés qui bravent la volonté royale à quelques pas du fastueux palais de Versailles. Comme le relatera Mirabeau, en octobre 1790 : "quelques hommes, à l’approche d’une horrible tempête et dans un lieu sans défense qui pouvait devenir leur tombeau, sauvèrent une grande nation par leur courage". Cet événement fondateur marque le consensus d’hommes libres, qui s’engagent individuellement. Leurs signatures couvrent neuf pages du registre des premiers procès-verbaux de l'assemblée.

La réunion suivante de l’Assemblée nationale qui se tient deux jours plus tard dans l’église Saint-Louis de Versailles voit l’amorce du rassemblement des trois ordres : une députation de la majorité du Clergé et deux nobles viennent se joindre au Tiers. L’Assemblée autorise ceux qui étaient absents au Jeu de Paume à contresigner le serment, ce 22 juin 1789. Mais le roi commence à faire venir des régiments suisses autour de Versailles.

Des députés unis et solidaires au-delà de leurs différences

Les gestes des participants convergent vers Bailly, en une composition symétrique. La main levée du président de l’Assemblée qui prononce le serment exprime la volonté collective. Sieyès, voit son souhait accompli : le Tiers-Etat qui n’était rien, devient, en ce jour, la Nation. David attribue à deux de ses amis une position prééminente : à gauche, Prieur de la Marne et à droite, Dubois-Crancé ; celui-ci suscite aux Jacobins, en octobre 1790, un souscription pour la commandite du tableau définitif.

En avant-scène, à droite, Mirabeau et Barnave les deux plus grands orateurs de l’Assemblée Constituante en 1790-1791, lèvent le bras côte-à-côte. Mirabeau enflammé par l’éloquence rejette en arrière sa célèbre tête léonine. Bien que député du Tiers Etat, il fait précéder sa signature de son titre nobiliaire. Barnave, l’un des rédacteurs du Serment, évoque un adolescent à l’antique. Par contre, Mounier, le député qui a proposé de prêter ce serment, n’a plus de rôle politique à l’été 1790, son visage est noyé dans la foule.

Robespierre, en première ligne, la tête renversée, le col ouvert, laisse paraître sous le crayon de David une exaltation que n’exprimera jamais le futur Incorruptible. Sa signature fine et appliquée comporte la particule utilisée par ses ascendants hommes de loi. Il l’abandonnera bientôt.

Un incident à droite : Martin Dauch, représentant du Tiers Etat de Castelnaudary recroquevillé sur sa chaise, seul député à avoir exprimé son désaccord avec le serment ne veut pas jurer d’exécuter des dispositions non sanctionnées par le roi. Malgré le tumulte d’indignation, l’assemblée le laisse ajouter à sa signature le mot «opposant», au procès-verbal. Un député qui serait Camus, cherche à prendre le bras droit de Martin Dauch pour le contraindre au geste du serment mais, Guilhermy, l’autre député de Castelnaudary, écarte la main qui veut le contraindre. Avec ce témoignage d’opposition à laquelle il n’est pas fait violence, David renforce l’idée d’unité de ce moment historique.

Au centre, trois personnages s’étreignent. Mais le moine chartreux Dom Gerle, alors suppléant, n’était pas présent au Jeu de Paume ; il ne devint député de Riom qu’à partir de décembre 1789. Néanmoins, David le campe avec l’Abbé Grégoire, au milieu, et le pasteur protestant Rabaut de Saint-Etienne. Il veut figurer par ce trio amical la nouvelle Eglise constitutionnelle, espoir de réconciliation en 1791, tandis que par la fenêtre, la chapelle de Versailles, symbolisant l’Eglise d’Ancien régime, est frappée par la foudre.

Sous le grand rideau que soulève symboliquement l’orage se détache, de dos, le groupe décidé et soudé des députés bretons : Le Chapelier, Le Goazre de Kervélégan, Lanjuinais, Delaville-Leroulx et Glezen tendent le bras avec fougue. Ces bourgeois élus du Tiers sont violemment opposés aux privilégiés. Ayant une certaine expérience des groupes de pression, ils se rassemblent à Versailles en Club breton pour concerter leur action. Devenu Club des Jacobins depuis le transfert de l’assemblée à Paris en octobre 1789, il opère sur la Révolution une influence essentielle.

On aperçoit dans la foule Dupont de Nemours que l’on désigne par le nom de son bailliage pour le différencier d’autres Dupont députés. Le Père Gérard, vêtu du costume de paysan breton qui l’a fait immédiatement remarquer à Versailles, lors des premières réunions des Etats généraux, exprime, les mains jointes, le caractère sacré de ce moment privilégié. Merlin de Douai s'appuie sur le bras de Pétion de Villeneuve, de dos. Entre eux, Buzot.

A gauche de Bailly, le riche Laborde de Méréville et Pison du Galland. Derrière, le docteur Guillotin s’est déjà signalé en recommandant les premières mesures de salubrité pour la santé de ses collègues.

Au dessus de Mirabeau, David a, de son propre aveu, introduit «un aristocrate», le doigt sur la bouche, dissimulé dans la foule pour observer l’événement et ourdir ses complots. Il fait même figurer Marat, notoirement absent car il n’était pas député en 1789, mais déjà influent comme pamphlétaire en 1790.

La création délibérée d’une allégorie à l’antique de la vieillesse apportant son soutien au serment fait pendant, à gauche, au refus de Martin Dauch, à droite. David a figuré en vieux député malade Maupetit, de la Mayenne, à demi-chaussé et soutenu par deux vigoureux sans-culottes dont l’un porte un bonnet phrygien orné d’une cocarde. Il n’a plus la force de marcher ni, semble-t-il d’étendre le bras. Sa vieille main, esquisse seulement le geste du serment. Mais Maupetit dont la signature est petite et ferme, n’a en réalité que 47 ans en 1789 et vivra encore 42 ans !

Barère, assis, dans une pose empruntée à la figure d’Ennius écoutant Homère dans le Parnasse de Raphaël rédige Le Point du jour. Son soutien au projet de commande de l’œuvre à David lui vaut une place au premier rang. Sa signature porte mention de la seigneurie Vieuzac, dont une parcelle en sa possession lui donne le droit de porter le nom.

L’aube d’une ère nouvelle

Plutôt qu’une représentation précise des participants à la séance du 20 juin 1789, David met en scène les figures de la Constituante dont le rôle est confirmé par l’ampleur des changements en cours et les hommes qu’il sent particulièrement engagés.

Enfin, la richesse du dessin auquel David disait avoir travaillé un an traduit subtilement la conséquence de l’élan de liberté sur les esprits dans la période qui suit 1789. Rien ne s’interpose plus entre les individus et la Nation. Au contraire, en se reconnaissant sur une base d’égalité, les députés peuvent s’enrichir mutuellement de leurs différences. Dans le creuset de cette journée d’exception, l’artiste s’attache à suggérer les potentialités. De nouveaux rapports humains permettront de fonder une société que David pressent portée au mouvement et tendue vers l’avenir.

Philippe BORDES, .Le Serment du Jeu de Paume de J.L.David. Musée du Château de Versailles.Paris, RMN, 1983.(Notes et documents, 8)François FURET, La Révolution,1770-1880.Paris, Hachette,1988.Jacques GODECHOT, La Révolution française, chronologie commentée 1787-1799.Paris, Perrin, 1988.Edna Hinde LEMAY, Dictionnaire des Constituants, 1789-1791.2 vol. Paris, Universitas, 1991.

Luce-Marie ALBIGÈS, « Les signataires du serment du Jeu de paume », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 08/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/signataires-serment-jeu-paume

Anonyme (non vérifié)

S'il vous plait pourriez vous m'aidez à répondre à une question, c'est pour un devoir . Que constate-t-on au sujet des personnages du premier plan ?
Biensur sur le tableau"Le Serment de jeu de paume"

dim 06/05/2012 - 11:39 Permalien
Anonyme (non vérifié)

les trois hommes devant symbolise les signataires

dim 16/11/2014 - 22:42 Permalien
Anonyme (non vérifié)

J'adore ce site il est bien complet et ça me plaît.

ven 09/01/2015 - 11:53 Permalien

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