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Attentat de Damiens contre Louis XV le 5 janvier à 5h45 du soir.

Attentat de Damiens contre Louis XV le 5 janvier à 5h45 du soir.

Date de création : 1757

Date représentée : 05 janvier 1757

H. : 20 cm

L. : 33 cm

Domaine : Estampes-Gravures

© Photo RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Droits réservés

http://www.photo.rmn.fr

74-004345 / invgravures967

Attentat contre Louis XV

Date de publication : Avril 2014

Auteur : Pascal DUPUY

L’attentat de Robert-François Damiens contre Louis XV, le 5 janvier 1757, a provoqué de nombreuses réactions écrites, mais également une abondance de gravures qui se sont intéressées à l’acte du criminel, à son arrestation, à son supplice, mais surtout à son procès (son interrogatoire) et à sa détention. Il s’agit d’estampes populaires, distribuées et commentées par des colporteurs et qui ont pour objet d’assouvir la soif d’information du public sur les circonstances et les suites de l’attentat. Ici, l’estampe synthétise l’instant qui a immédiatement suivi l’acte de celui que l’on a longtemps présenté comme un déséquilibré.

Robert-François Damiens est né le 9 janvier 1715 dans un village de l’Artois près d’Arras. À la suite du décès de sa mère en couches en 1729, il est confié à un grand-oncle cabaretier, puis placé en apprentissage comme garçon de cuisine à l’abbaye de Saint-Vaast. Il rejoint ensuite Paris, est embauché comme valet de réfectoire au collège jésuite Louis-le-Grand et se marie en 1739 (il aura deux enfants dont l’un mourra en bas âge). Il multiplie ensuite les emplois domestiques auprès de magistrats parisiens et de conseillers au Parlement de Paris. Auteur d’un vol, passible à cette époque de la peine capitale, il s’enfuit en 1756 en Artois où règne une profonde misère. Après avoir passé une partie de l’hiver auprès de sa famille déshéritée, il revient à Paris en janvier 1757 et échafaude de « toucher » le roi afin d’attirer son attention sur les conditions de vie misérables du peuple.

Le 5 janvier 1757 en soirée, alors que Louis XV quitte Versailles pour se rendre à Trianon où se trouvent la cour et sa fille alitée, Damiens s’approche du carrosse royal, fend la haie des gardes et frappe le monarque d’un coup de canif à double lame au côté droit. Il déclare qu’il n’avait aucune intention de le tuer mais ne l’avoir « fait que pour que Dieu pût toucher le roi et le porter à remettre toutes choses en place et la tranquillité dans ses États ». Un procès s’ensuit rapidement et malgré la blessure superficielle du roi, Damiens est condamné à mort pour crime de lèse-majesté et régicide.

La gravure reprend précisément les informations diffusées par les gazettes au lendemain du crime. On distingue sur la droite, dans la pénombre d’une soirée d’hiver, le petit escalier qui donne sur la cour de Marbre, tandis que le palais est suggéré par les trois fleurs de lis de son fronton. Le sol est distinctement représenté afin de bien caractériser le lieu de l’attentat. Sur les marches s’attarde le maréchal de Richelieu qui s’entretient avec le capitaine des gardes de service debout dans l’ombre.

Ce que la gravure nomme « l’horrible Attentat » vient d’avoir lieu. Vu de dos, Damiens, vêtu d’une cape, porte un chapeau et tient encore son couteau à la main. L’un des valets de pied, portant la même livrée que les autres domestiques, lui a empoigné le bras. À leurs pieds gît le flambeau que le valet a précipitamment lâché afin de se saisir du « scélérat », comme l’ont rapidement surnommé les gazettes. Debout devant son carrosse, le roi porte un regard intrigué, comme la majorité des domestiques et des gardes, en direction de Damiens. Dans le ciel ténébreux, la fumée des flambeaux forme des arabesques lumineuses.

Au premier coup d’œil, on peut confondre Damiens avec le monarque et le valet avec l’auteur du crime. Le mouvement à peine perceptible de la cape et la tête inclinée de celui qui la porte semblent indiquer la surprise du roi face à cette attaque inattendue. En fait, ils suggèrent l’intervention du valet de pied. La gravure ne décrit pas l’attentat, mais l’instant qui l’a immédiatement suivi, comme s’il était impossible de figurer visuellement l’acte en lui-même. Aucune image, d’ailleurs, ne représente le sang royal. Cependant l’estampe parvient à reproduire le trouble de la mêlée qui s’en est suivie, tout en donnant au roi un air de majesté que rien ne peut atteindre. Le monarque crut d’ailleurs qu’il avait été « seulement frappé d’un coup de poing ». Au final, la gravure ne fait que suggérer l’attentat et laisse au spectateur le soin de condamner un acte qui valut à son auteur une peine d’une horrible cruauté.

Condamné au supplice, Damiens sera écartelé et brûlé. L’atroce châtiment qui lui est réservé marque bien la volonté de la monarchie de faire de cette tentative de régicide un exemple devant frapper les esprits en cette période troublée de conflits entre le roi et les parlements.

· Pierre RETAT (dir.), L’Attentat de Damiens. Discours sur l’événement au XVIIIe siècle, Paris, C.N.R.S., 1979.

· Monique COTTRET, Tuer le tyran ?, Paris, Fayard, 2009.

Pascal DUPUY, « Attentat contre Louis XV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/attentat-contre-louis-xv

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