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Pendule astronomique de Louis XV

Pendule astronomique de Louis XV

Date de création : 1749-1753

H. : 226 cm

L. : 83,2 cm

Ingénieur : Claude-Siméon Passemant

Horloger : Louis Dauthiau

Bronziers : Jacques Caffieri, Philippe Caffieri.

Bronze ciselé et doré, émail, acier, laiton, cuivre, verre, bois

Domaine : Objets

© Château de Versailles, Dist. GrandPalaisRmn / Christophe Fouin

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VMB 1037 - 22-543233

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La Pendule astronomique de Louis XV : un chef d’oeuvre d’horlogerie

Date de publication : Octobre 2024

Auteur : Stéphane BLOND

La reine des sciences

L’horloge astronomique de Louis XV, dite également de Passemant, témoigne de l’important intérêt du roi pour le progrès des sciences. Éduqué très tôt aux connaissances modernes par l’astronome Jacques Cassini (1677-1756) (1), il sait s’entourer de savants qui exposent leurs découvertes.

L’ingénieur-mécanicien du roi, Claude-Siméon Passemant (1702-1769), appartient à cette élite privilégiée. Issu d’une famille de marchands merciers parisiens, il se passionne pour les arts mécaniques et l’astronomie, la « reine des sciences » qui entend percer les mystères de l’infiniment grand. Passemant conçoit différents instruments scientifiques qui participent à la soif d’explorations, comme des télescopes, des lunettes astronomiques, des baromètres, des microscopes optiques, ou encore des horloges d’un perfectionnement extrême.

Pendant vingt ans, il multiplie et vérifie les équations pour concevoir le mécanisme horloger et astronomique de cette pendule. L’horloger du roi Louis Dauthiau (1713-1769) consacre douze ans à la construction du mécanisme constitué par des dizaines de roues crantées, pignons et ressorts. Ce travail est examiné par les membres de l’Académie royale des sciences, qui observent que « cet ouvrage a paru entrepris avec toute l’intelligence possible, et exécuté avec la dernière précision ». Cette caution scientifique est rappelée par une inscription gravée à l’arrière du boitier : « Inventée par Passemant. Exécutée par Dauthiau. Examinée et approuvée par l’académie royale des sciences de Paris le 23 août 1749. » Le 7 septembre 1750, l’horloge est présentée au roi, qui décide de l’acquérir pour l’ajouter à ses collections formant un vaste laboratoire scientifique. Les sculpteurs, fondeurs et ciseleurs du roi Jacques Caffieri (1678-1755) et son fils Philippe (1714-1774) réalisent un corps qui sert d’écrin. Le 20 août 1753, l’horloge est exposée dans la galerie du château de Choisy. Le 15 janvier suivant, elle rejoint le petit appartement du roi à Versailles, posée sur un socle de marbre blanc.

Formidable manifeste du génie humain, cette pièce maîtresse échappe aux ventes révolutionnaires et rejoint les collections nationales. En décembre 1833, elle retrouve son emplacement d’origine dans le cabinet dit de la pendule, non loin de la barre en cuivre qui matérialise le méridien de Versailles. L’horloge astronomique réalisée par Passemant possède une sophistication inouïe qui subjugue le roi et la Cour, à l’image du duc de Luynes qui évoque un « miracle de science ». En 2022-2023, dans le cadre de l’exposition Les passions d’un roi, elle a fait l’objet d’une restauration d’envergure permettant de mieux en saisir les facettes.

La mesure des temps

Dans son état achevé, elle mesure sept pieds de haut, soit plus de deux mètres. L’ensemble des rouages est actionné par un large balancier qui bat les secondes. Réalisé en acier et en cuivre, celui-ci présente une régularité parfaite garantie par la dilatation compensée des deux métaux. Au sommet, un globe de cristal serti d’un cercle zodiacal représente le temps astral. Ce planétaire mobile comprend différents arcs décrivant la révolution des planètes et satellites qui composent le système héliocentrique de Copernic (2).

La partie centrale de l’horloge évoque le temps des humains, celui du quotidien. Un cadran en chiffres émaillés comprend quatre aiguilles matérialisant les heures, les minutes mécaniques (temps solaire moyen), les minutes vraies (temps solaire vrai) et les secondes. De petits cadrans appelés « guichets » exposent le temps calendaire, avec l’année, le jour, la date et le mois.

Dans la partie basse du corps de la pendule, un disque représente les décans, phases et éclipses du calendrier lunaire. Cet ensemble qui prend en compte les années bissextiles et la longueur variable des mois est conçu pour fonctionner jusqu’à la fin de l’année 9999 ! L’horloge possède également une réserve de marche de six semaines avant d’être remontée, ce qui constitue une autre prouesse technique.

Les savoirs d’un roi

Ce chef-d’œuvre d’horlogerie synthétise les grands centres d’intérêt du roi Louis XV depuis l’enfance : le goût des sciences autour d’une mécanique de haute technicité ; la quête d’une précision exceptionnelle dans les observations scientifiques et les qualités esthétiques de l’enveloppe qui sert de cadre.

Le boitier en bronze ciselé comprend quatre jambages en console qui sont composés d’effets satinés. Les éléments dorés forment un décor floral caractéristique du style rocaille, avec de nombreuses courbes, palmes, cartouches, feuillages, fleurs, plus quatre médaillons à l’effigie des saisons.

Une vocation pédagogique s’ajoute aux vertus esthétiques de ce joyau devenu un objet romanesque sous la plume de Julia Kristeva.

Sur les côtés et à l’arrière du boitier, différentes ouvertures vitrées permettent d’observer les entrailles du mécanisme et les engrenages. Ce système est également débrayable, afin d’actionner manuellement les mouvements pour observer les événements astronomiques à travers les âges, comme les éclipses.

Chaque 31 décembre, la famille royale se rassemble autour de cet instrument d’exception qui donne l’heure de référence dans le royaume et rythme le passage à la nouvelle année. Passemant est abondamment récompensé pour services rendus au royaume. Logé au Louvre et pensionné par le roi, le savant reçoit différentes commandes officielles, dont une seconde pendule présentée en février 1754 (La Création du Monde).

1710-1774 : Louis XV, passions d’un roi, Paris, Établissement public du château, du musée et du domaine national de Versailles/In Fine éditions d’art, 2022.

Sciences & curiosités à la Cour de Versailles, Paris, Éditions de la Réunion des musées nationaux, Paris 2010.

Alfred de CHAMPEAUX, Dictionnaire des fondeurs, ciseleurs, modeleurs en bronze et doreurs, depuis le Moyen Âge jusqu’à l’époque actuelle, Paris, J. Rouam, London, G. Wood, 1886, tome 1, p. 210-217.

Louis DAUTHIAU, Description abrégée de la nouvelle pendule du roi… placée… dans le cabinet ovale des appartements de Sa Majesté à Versailles, Paris, S. Jorry, 1755.

Abbé de FONTENAI, Dictionnaire des artistes, ou Notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens…, Paris, Chez Vincent, 1776, tome 2, p. 266-268.

Julia KRISTEVA, L’horloge enchantée, Paris, Fayard, 2015.

Pierre SUE, Précis historique sur la vie et les ouvrages de M. Passemant, ingénieur du roi…, Amsterdam, Paris, Chez J.-Fr. Bastien, 1778.

1 - Jacques Cassini (1677-1756) : fils de l'astronome Jean-Dominique Cassini, Jacques Cassini devient lui-même astronome et étudie à l'Observatoire de Paris, dirigé par son père. Il se lie d'amitié avec Isaac Newton et et Edmond Halley mais rejette l'idée de l'aplatissement des pôles soutenus par Newton. Son fils César-François lui succède, il est l'auteur des cartes de France établies à la demande de Louis XV dite Carte de Cassini.

2- Nicolas Copernic (1473-1543) : astronome d'origine polonaise, Nicolas Copernic étudie en Italie, à Bologne, Padoue, Ferrarre. De retour en Pologne, il construit un observatoire et étudie le système solaire à partir de celui de Ptolémée. Vers 1511, il diffuse une théorie scientifique révolutionnaire : c'est la Terre qui tourne autour du soleil et non l'inverse : la thèse de l'héliocentrisme sera prouvée ensuite par Galilée et condamnée par l'Église.

 

Rocaille : Mouvement artistique du XVIIIe siècle qui s’épanouit en France, à partir de la Régence, dans les ornements architecturaux et les arts décoratifs en privilégiant les jeux de courbes. En peinture, les artistes illustrent des sujets légers et séduisants, galants ou exotiques, dans un traitement où l’aspect décoratif voire anecdotique l’emporte.

Stéphane BLOND, « La Pendule astronomique de Louis XV : un chef d’oeuvre d’horlogerie », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 05/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/pendule-astronomique-louis-xv-chef-oeuvre-horlogerie

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