Aller au contenu principal
Portrait de Madame Du Barry en Flore.

Portrait de Madame Du Barry en Flore.

Date de création : 1769

Date représentée :

H. : 70,5 cm

L. : 58 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© Photo RMN - Grand Palais (Musée du Louvre) / Gérard Blot

http://www.photo.rmn.fr

11-537923 / V2011.19

Madame du Barry

Date de publication : Octobre 2012

Auteur : Maxime HERMANT

De Jeanne Bécu à madame du Barry : la nouvelle favorite royale contestée

La dernière relation amoureuse de Louis XV commence au printemps 1768. Née en Lorraine en 1743, Jeanne Bécu est le fruit des amours illégitimes de sa mère avec un moine franciscain. Après avoir été éduquée dans un couvent, elle gagne sa vie en travaillant dans des boutiques de mode de la capitale. Sa beauté et sa naïveté en font une proie facile. Elle devient vite une des maîtresses de Jean du Barry, dit le Roué, un gentilhomme toulousain bien connu dans le monde de la galanterie parisienne.

Introduite à la cour grâce à ses relations dans la noblesse libertine, tel le duc de Richelieu, la jeune Bécu plaît tout de suite au roi qui, après l’avoir mariée à Guillaume du Barry, le frère du Roué, lui donne le titre de comtesse afin qu’elle puisse paraître devant le roi. Mais le scandale est inévitable. Toutes les dames refusent de se rendre à la cérémonie. Après la marquise de Pompadour, une roturière proche des financiers, la cour déplore le choix d’une nouvelle maîtresse en dehors des sphères de la haute aristocratie. Seule une vieille comtesse désargentée accepte, en échange de l’effacement de ses dettes, de la présenter officiellement au roi le 22 avril 1769. Ce portrait est commandé en décembre 1768 à François-Hubert Drouais qui, après avoir été le peintre attitré de madame de Pompadour et le portraitiste du duc de Berry (le futur Louis XVI) et du comte de Provence (le futur Louis XVIII), se met au service de la comtesse du Barry. Ce portrait officialise la position de la nouvelle favorite au Salon de peinture de 1769.

Une parfaite illustration de l’art du portrait au XVIIIe siècle

La jeune comtesse est ici représentée en Flore, une des plus puissantes divinités agraires du panthéon romain. On recherchait sa bienveillance pour assurer la floraison et favoriser les récoltes à venir en organisant au mois d’avril des jeux en son honneur. Exposée au Salon de 1769 à côté d’un autre tableau de Drouais la montrant en costume de chasse, cette représentation cumule les deux thèmes qui caractérisent le courant néoclassique : l’Antiquité et la nature. De plus, l’utilisation d’un fond neutre, les couleurs vives ainsi que la forme ovale du tableau en font un parfait exemple de l’art du portrait de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Mais ce portrait ne recueille pas les faveurs de l’ensemble des contemporains. À son propos, Bachaumont reproche au peintre de n’avoir pas saisi la beauté du modèle. Quant à Diderot, il déplore « l’excès de rouge sur la craie blanche ».

Relation tendue entre la noblesse et la roture

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, les relations deviennent de plus en plus difficiles entre la noblesse et la roture. L’unité du second ordre est purement théorique puisqu’il constitue un groupe complexe et hétérogène. La noblesse immémoriale dont les racines remontent au-delà du XVe siècle s’oppose aux petits nobliaux de province et aux familles anoblies par décision royale pour service rendu ou par l’achat d’un office dans la magistrature. Toutefois, la richesse ne suffit pas aux élites du tiers état pour satisfaire leur ambition et accéder aux hautes sphères de la société alors qu’elle permet à certains membres de la noblesse de mener un train de vie fastueux. Ainsi, les tensions sont multiples. La haute aristocratie fait preuve d’une véritable volonté de nuire aux anoblis de fraîche date et aux élites bourgeoises en remettant en cause l’ascenseur social, avec par exemple l’édit de Ségur en 1781 qui exige quatre quartiers de noblesse pour accéder au grade d’officier, tandis que les roturiers, dont l’irritation s’accroît face à cette réaction nobiliaire, cristallisent leurs critiques sur le second ordre et à travers lui sur l’ensemble des privilégiés de la société d’Ancien Régime.

Michel ANTOINE, Louis XV, Paris, Hachette Littératures, coll. « Pluriel », 1989, rééd. 2006.

François BLUCHE, Louis XV, Paris, Perrin, coll. « Tempus », 1999, rééd. 2003.

Bernard HOURS, Louis XV, un portrait, Toulouse, Privat, 2009.

Maxime HERMANT, « Madame du Barry », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 03/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/madame-barry

Sa biographie sur le site web du Château de Versailles

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Le Déjeuner

Le Déjeuner

Un artiste en vogue

Avec Le Déjeuner, François Boucher produit une œuvre qui s’inscrit dans le registre des scènes de genre, un domaine qu’il…

Les Demeures royales

Les Demeures royales

Versailles à la charnière de deux règnes

Cette série de tableaux de Pierre-Denis Martin (1663-1742) s’insère à une période charnière de l’…

Les Demeures royales
Les Demeures royales
Les Demeures royales
Nattier et le portrait en toute intimité de Marie Leszczynska

Nattier et le portrait en toute intimité de Marie Leszczynska

Marie-Charlotte-Sophie-Félicité Leszczynska est la fille du roi détrôné de Pologne, Stanislas Leszczynski. Née en 1703, elle est mariée en 1725 à…

Pèlerinage à l’île de Cythère, dit l’Embarquement pour Cythère

Pèlerinage à l’île de Cythère, dit l’Embarquement pour Cythère

Les années Régence

Watteau incarne « le printemps du siècle » (Michelet) et la période d’ouverture des années Régence, qui tranche avec l’…

La Chasse sous Louis XV

La Chasse sous Louis XV

La passion de Louis XV pour la chasse

En 1737, lorsque Jean-François de Troy peint Un déjeuner de chasse, dont le pendant, La Mort d’un cerf, a…

La Chasse sous Louis XV
La Chasse sous Louis XV
La Chasse sous Louis XV
Le sacre de Louis XV

Le sacre de Louis XV

Le Sacre de Louis XV (octobre 1722)

Pierre-Denis Martin, dit « Martin le Jeune » (né à Paris, vers 1663, et mort dans la même ville en 1742), fut,…

Le sacre de Louis XV
Le sacre de Louis XV
Madame du Barry

Madame du Barry

De Jeanne Bécu à madame du Barry : la nouvelle favorite royale contestée

La dernière relation amoureuse de Louis XV commence au printemps 1768.…

Louis XV enfant recevant une leçon

Louis XV enfant recevant une leçon

L’éducation du roi

Devenu roi à l’âge de cinq ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XV doit encore parfaire sa formation. Ce tableau…

L’image d’un royaume fatigué : le Pierrot de Watteau

L’image d’un royaume fatigué : le Pierrot de Watteau

Un royaume fatigué

Lorsqu’au lendemain de la mort de Louis XIV, son neveu Philippe d’Orléans est proclamé régent le 2 septembre 1715, il prend la…

La Chalotais, symbole de la lutte contre le despotisme ministériel sous Louis XV

La Chalotais, symbole de la lutte contre le despotisme ministériel sous Louis XV

La démission du parlement de Bretagne et l’arrestation du procureur général La Chalotais (1765)

À l’issue de la désastreuse guerre de Sept Ans (…

La Chalotais, symbole de la lutte contre le despotisme ministériel sous Louis XV
La Chalotais, symbole de la lutte contre le despotisme ministériel sous Louis XV