Le roi Charles X se rendant à l'église Notre-Dame.
Auteur : GOSSE Nicolas
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1840
Date représentée : 27 septembre 1824
H. : 192 cm
L. : 154 cm
(27 Septembre 1824). Peinture à l'huile sur toile
Domaine : Peintures
© Photo RMN - Grand Palais
87EE1205/MV 1790
Le Dernier des Bourbons
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Pascal TORRÈS
Le successeur de Louis XVIII
Depuis 1814, le comte d’Artois, futur Charles X, était considéré comme le chef du parti ultra, hostile à la Charte et aux principes libéraux, désireux de revenir à la monarchie absolutiste renversée par la Révolution. Aussi l’opposition libérale fut-elle complètement désarmée lorsqu’on apprit à la mort de Louis XVIII le 16 septembre 1824 que le nouveau souverain, établi au château de Saint-Cloud, avait assuré aux délégations des corps constitués qu’il recevait sa volonté de maintenir la Charte et donc les principes constitutionnels établis en 1814. Il semblait ainsi prôner l’union des partis et se placer en dehors des luttes politiques quotidiennes. Il en allait de même au sein de la famille royale : il donna le titre d’altesse royale au duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, fils du régicide Philippe-Égalité dont les opinions libérales étaient connues et comme tel doublement mis à l’écart dans la cour de Louis XVIII.
Aussi l’entrée du monarque dans Paris, le 27 septembre 1824, fut-elle encore plus réussie que celle, triomphale, de 1814, au moment du rétablissement de la monarchie. Il devait cependant en aller différemment quelques mois plus tard, après le sacre, la politique menée par Charles X s’étant affirmée comme nettement réactionnaire.
L’entrée dans Paris
On est ici au terme de l’entrée du nouveau monarque dans sa capitale, dont par la future reine Marie-Amélie, femme de Louis-Philippe a consigné l’itinéraire dans son journal : « A la barrière de l’Étoile, le préfet à la tête du corps municipal est venu offrir ses félicitations au Roi et lui présenter les clefs de la Ville que le Roi lui a rendues en lui disant qu’elles ne pouvaient être en de meilleures mains. Le cortège s’est avancé par les Champs-Elysées, l’allée de Marigny, la rue Saint-Honoré, les boulevards, la rue Saint-Denis, la place du Châtelet, le pont au Change, à Notre-Dame nous sommes tous descendus. On a chanté le Te Deum et nous avons assisté au salut [du Saint-Sacrement] ; nous sommes rentrés aux Tuileries par les quais. »
Charles X, ici au centre de la composition, monté sur un cheval blanc, avait insisté sur la simplicité qu’il voulait donner à cette entrée : « Point de hallebardes entre mon peuple et moi », avait-il demandé, et il confia à la fin de cette longue journée : « Ils [les Parisiens] m’ont reçu comme l’enfant de la maison, je ne suis point fatigué, je suis content. » Un décor néogothique provisoire, pavoisé de blanc, emblème de la monarchie restaurée, avait néanmoins été édifié devant Notre-Dame. Mais on remarquera par ailleurs l’absence de réel cérémonial, dans un Paris encore largement médiéval, qui n’a en tout cas pas encore subi les transformations d’Haussmann.
Ce n’est pas sur le moment mais plus de quinze ans plus tard que cette peinture a été exécutée par Nicolas Gosse, un des artistes abondamment employés par Louis-Philippe pour le musée historique de Versailles. Il ne pouvait pour lui être question de trop mettre en valeur la popularité d’ailleurs éphémère du souverain. Aussi s’est-il contenté de narrer l’arrivée de Charles X à Notre-Dame à la manière d’un simple témoin, sans donner de signification politique plus précise à la scène. On remarquera toutefois qu’à côté de Charles X caracole le duc d’Orléans en uniforme de colonel général des hussards.
Gosse, très habilement, met ainsi en valeur le futur successeur de Charles X, dont le premier principe sera justement d’appliquer rigoureusement la Charte.
Claire CONSTANS, Musée national du château de Versailles. Les Peintures , 2 vol. Paris, RMN, 1995.
José CABANIS, Charles X, roi ultra, Paris, Gallimard, 1972.
Francis DÉMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.
François FURET, La Révolution, 1780-1880, Paris, Hachette, 1988, rééd. coll. « Pluriel », 1992.
Emmanuel de WARESQUIEL, Benoît YVERT, Histoire de la Restauration : naissance de la France moderne, Paris, Perrin, 1996.
Pascal TORRÈS, « Le Dernier des Bourbons », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/dernier-bourbons
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