La ménagerie impériale, portrait-charge n°13 de Persigny, "le singe".
La ménagerie impériale, portrait-charge n°7 de Rouher, "le perroquet".
La ménagerie impériale, portrait-charge n°9 d'Emile Ollivier, "le serpent".
La ménagerie impériale, portrait-charge n°13 de Persigny, "le singe".
Auteur : HADOL, dit WHITE Paul
Lieu de conservation : musée national du château de Compiègne (Compiègne)
site web
Date de création : 1870
Lithographie coloriée
Domaine : Estampes-Gravures
© Photo RMN - Grand Palais - G. Blot
00-029998
Les grandes figures politiques de la Ménagerie impériale
Date de publication : mai 2006
Auteur : Alain GALOIN
Avec l’aide de Victor Fialin de Persigny (1808-1872), d’Eugène Rouher (1814-1884) et de Jules Baroche (1802-1870), Napoléon III mit en place un régime autoritaire : l’administration était docile, la presse étroitement surveillée, et les élections rigoureusement encadrées. Malgré ces multiples restrictions des libertés individuelles, le gouvernement impérial bénéficiait alors du soutien des catholiques, de la bourgeoisie d’affaires et de l’armée. En 1859, la plus grande partie de l’opinion approuvait son action et lui était reconnaissante de la prospérité apportée au pays et de ses succès militaires (guerre de Crimée et guerre d’Italie).
Mais à partir de 1860, la politique italienne de Napoléon III éloigna de lui les catholiques. Le traité de libre-échange du 23 janvier 1860 lui aliéna les milieux d’affaires. L’empereur s’engagea donc dans une libéralisation du régime pour gagner la confiance de la petite bourgeoisie et des ouvriers. Formé le 30 avril 1870, le ministère Émile Ollivier mit en place une véritable Constitution de l’Empire libéral, approuvée par plébiscite le 8 mai 1870 à une écrasante majorité. L’Empire semblait une nouvelle fois consolidé. Pourtant, le 4 septembre 1870, il s’effondrait. Accusé d’avoir entraîné la France dans la défaite, le régime impérial suscita alors un mouvement de contestation d’une ampleur sans pareille, et ses grandes figures firent les beaux jours des journaux satiriques.
Personnalités éminentes sur l’échiquier gouvernemental du Second Empire, le duc de Persigny, Eugène Rouher et Émile Ollivier occupent une place privilégiée dans La Ménagerie impériale imaginée par Paul Hadol.
L’artiste a représenté Victor Fialin de Persigny sous les traits d’un singe velu à l’arrière-train pelé et rose. Il est assis sur la couronne impériale qui fait office de siège. Il a la main gauche posée sur la hanche et tient sa queue dans la main droite. La moustache aux pointes effilées dont il est pourvu lui confère une certaine ressemblance avec l’empereur, son ami et son maître.
Eugène Rouher, quant à lui, a l’apparence d’un perroquet juché sur un perchoir auquel il est maintenu attaché par une chaîne. Il tient dans la patte droite une pièce dont on ne sait s’il la pose ou s’il l’a prise dans le sac étiqueté BUDGET posé sur la traverse. L’autre extrémité du perchoir supporte un verre d’absinthe, car, selon une expression pittoresque de l’époque, boire un verre d'absinthe se disait aussi « étouffer un perroquet ». Enfin, la « bassesse » et la « duplicité » sont l’apanage d’Émile Ollivier dont la grosse tête aux yeux myopes et à la langue bifide surmonte un corps de serpent. Il retient dans ses anneaux un volumineux portefeuille ministériel.
Ces trois personnalités croquées sans complaisance par Paul Hadol furent sans conteste des figures de proue du régime impérial.
Issu d’une famille de petite noblesse d’Ancien Régime, Victor Fialin de Persigny abandonna très tôt ses idées légitimistes pour embrasser la foi bonapartiste dont il se fit le propagandiste autant que l’exécuteur : compagnon de Louis Napoléon Bonaparte dans les complots de Strasbourg et de Boulogne, il participa activement au coup d’État du 2 décembre 1851. Ministre de l’Intérieur en 1852, il prépara le rétablissement de l’Empire en jetant les bases d’un régime autoritaire. Ami le plus ancien, le plus fidèle et le plus désintéressé du prince-président, il entendait tout mettre en œuvre pour restaurer la dignité impériale : « Je le ferai empereur malgré lui. Je le ferai assourdir de tels cris de « Vive l’Empereur » qu’il lui faudra bien se rendre. » Aussi est-ce avec un enthousiasme non dissimulé que Persigny proclama l’empire sur la place de la Concorde, devant le peuple et la Garde nationale, le 2 décembre 1852.
Ancien partisan du gouvernement Guizot sous le règne de Louis-Philippe, Eugène Rouher fut élu à l’Assemblée constituante de 1848 en soutenant opportunément la nouvelle république. Il fut l’un des principaux artisans du régime autoritaire qu’engendra le coup d’État du 2 décembre 1851, sans y avoir participé. Foncièrement conservateur, il désapprouva l’orientation libérale donnée à l’Empire après 1860. Il n’en demeura pas moins l’un des personnages les plus importants du régime, ce qui amena Émile Ollivier à le qualifier, dans un discours resté célèbre, de « vice-empereur », et les satiristes à parler de « rouhernement ».
Quant à Émile Ollivier, ses convictions républicaines le tinrent à l’écart de la scène politique dans les premières années du Second Empire. Il fut cependant élu député de la Seine en 1857 et, encouragé par le duc de Morny, s’attacha à faire évoluer le régime vers le parlementarisme. Il rencontra l’empereur en 1865, reconnaissant ainsi la dynastie des Bonaparte mais perdant le soutien de ses amis républicains. Les élections de 1869 dégagèrent une majorité favorable à une Constitution libérale, et Napoléon III chargea Émile Ollivier de former un gouvernement. Malgré le succès du plébiscite du 8 mai 1870, les premières défaites de la France face à la Prusse fournirent à la Chambre l’occasion de le renverser le 9 août 1870. La carrière politique d’Émile Ollivier ne survécut pas au naufrage de l’Empire.
Annie DUPRAT, Histoire de France par la caricature, Paris, Larousse, 1999.Jacques LETHERE, La Caricature et la presse sous la IIIe République, Paris, Armand Colin, coll. « Kiosque », 1961.Robert SCHNERB, Rouher et le Second Empire, Paris, Armand Colin, 1949.Jean TULARD (dir.), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995.Benoît YVERT, Dictionnaire des ministres (1789-1989), Paris, Perrin, 1990.« La caricature, deux siècles de dérision salutaire », in Historia n° 651, Paris, mars 2001.Regards sur Émile Ollivier, études réunies par Anne Troisier de Diaz, Paris, Publications de la Sorbonne, 1985.
Alain GALOIN, « Les grandes figures politiques de la Ménagerie impériale », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/grandes-figures-politiques-menagerie-imperiale
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