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Bonaparte au pont d'Arcole (17 Novembre 1796).

Bonaparte au pont d'Arcole (17 Novembre 1796).

Date de création : 1801

H. : 73 cm

L. : 59 cm

Huile sur toile

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Franck Raux

Lien vers l'image

MV 6314 - 17-514118

L'idéalisation de Bonaparte

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Robert FOHR et Pascal TORRÈS

La campagne d’Italie fut le tremplin de la carrière de Bonaparte. Nommé commandant en chef, le jeune général, victorieux du royaume de Piémont-Sardaigne, s’installa à Milan en mai 1796 et pilla la plaine du Pô. Pour marcher sur Vienne, il réduisit la citadelle de Mantoue, après les combats décisifs d’Arcole et de Rivoli. La bataille d’Arcole qui dura du 15 au 17 novembre 1796 est l’un des épisodes les plus célèbres de la légende napoléonienne : le seul moyen de combattre les Autrichiens était d’emprunter un pont de bois qui enjambe l’Alpone. Pour entraîner à sa suite les soldats hésitants, Bonaparte prit un étendard et s’élança…

Telle une apparition, Bonaparte, alors âgé de 27 ans, entre dans la composition pour sembler ne devoir y demeurer que le temps d’un assaut. Le sabre dans la main droite, l’étendard dans la main gauche, le regard tourné en arrière mais le corps propulsé vers la gauche du tableau, le héros n’est que mouvement, à l’instar du combat que suggère la fumée des incendies qui à l’arrière-plan embrasent des fabriques. Traitée comme un relief, parfaitement sculpturale, et en cela conforme à la tradition classique, cette composition, par sa fougue héroïque et par la vivacité de son exécution picturale, n’en annonce pas moins le romantisme dont Gros est en France le principal précurseur.

Parti pour l’Italie en 1793 après son échec de l’année précédente au Prix de Rome, Gros se fixa un moment à Gênes où, en 1796, il fit la connaissance de Joséphine de Beauharnais qui l’emmena à Milan pour le présenter à son mari. Admis dans l’entourage de Bonaparte, le jeune peintre sera bientôt désigné membre de la commission chargée du choix et du séquestre des objets d’art destinés à la Grande Galerie du Louvre, puis intégré à l’armée comme inspecteur aux revues. C’est dans ce contexte que s’inscrit l’exécution à Milan, dès 1796, de ce portrait dont Bonaparte avait approuvé l’esquisse et qui, exposé au Salon de 1801, devait être gravé à la demande du modèle.

Evocation idéalisée du jeune général victorieux, ce tableau est le premier chef-d’œuvre de Gros et l’un des premiers jalons de la peinture de propagande bonapartiste. On pressent ici les grandes compositions qui devaient faire de l’artiste l’un des grands peintres, avec son maître David, de l’épopée napoléonienne, de Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804) à Napoléon visitant le champ de bataille d’Eylau (1808). La famille Bonaparte se montra d’ailleurs toujours très attachée à cette œuvre emblématique représentant le fondateur de la dynastie au début de sa gloire : la toile ne quitta la famille impériale qu’au moment du séquestre de 1870 et elle fut aussitôt restituée à l’impératrice Eugénie, qui devait en faire don à l’Etat français en 1879.

Juan Carlos CARMIGNANI et Jean TRANIÉ Napoléon Bonaparte : 1 la première campagne d’Italie 1796-1797 Paris, Pygmalion, 1990.Gugliamo FERRERO Bonaparte en Italie 1796-1797 Paris, Fallois, 1994.Annie JOURDAN Napoléon, héros, imperator, mécène Paris, Aubier, 1998.Jean TULARD (dir.) Dictionnaire Napoléon Paris, Fayard, 1987.Jean TULARD (dir.) L’Histoire de Napoléon par la peinture Paris, Belfond, 1991.Collectif La Révolution française et l’Europe 1789-1799 , catalogue de l’expositionParis, RMN, 1989.

Robert FOHR et Pascal TORRÈS, « L'idéalisation de Bonaparte », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/idealisation-bonaparte

Anonyme (non vérifié)

Il serait essentiel de préciser que ce tableau s’intègre dans une double opération de propagande. Il passe sous silence le geste d’Augerau, qui avait avant Bonaparte tenté de traverser le pont avec le drapeau. Surtout, le pont d’Arcole n’a pas été franchi. Napoléon est tombé dans la vase, et la position d’Arcole a dû être évacuée par les Autrichiens parce qu’elle était contournée, et non parce que les soldats galvanisés par Napoléon l’ont prise de force. Christian-Marc Bosséno signale par ailleurs une forte ressemblance entre le tableau de Gros et l’iconographie du XVIIe siècle, dont il s’est visiblement inspiré.

Source :
Bosséno Christian-Marc. « Je me vis dans l'histoire » : Bonaparte de Lodi à Arcole, généalogie d'une image de légende. In:
Annales historiques de la Révolution française, n°313, 1998. L'Italie du Triennio révolutionnaire 1796-1799. pp. 449-465;
doi : 10.3406/ahrf.1998.2195
http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1998_num_313_1_2195

jeu 30/03/2017 - 18:40 Permalien

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