Bataille de Somo Sierra, 30 novembre 1808.
Auteur : LEJEUNE Louis-François
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1810
Date représentée : 30 novembre 1808
H. : 242 cm
L. : 306,5 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© Château de Versailles, Dist. RMN - Grand Palais / Jean-Marc Manaï
MV 5562 - 12-515269
La bataille de Somo-Sierra (30 novembre 1808)
Date de publication : Septembre 2006
Auteur : Robert FOHR et Pascal TORRÈS
La bataille de Somo-Sierra (30 novembre 1808)
La bataille de Somo-Sierra (30 novembre 1808)
Les difficultés internes de l’Espagne et les nécessités du maintien du blocus continental établi par décret à Berlin le 21 novembre 1806 poussèrent Napoléon à s’emparer de l’Espagne. Il déposa le roi Charles IV et attribua le trône à son frère aîné Joseph Bonaparte (Corte, 1768-Florence, 1844). Après la terrible répression du soulèvement du peuple de Madrid les 2 et 3 mai 1808, immortalisée par Goya, l’insurrection gagna l’Andalousie où elle dégénéra en atrocités des deux côtés. Face à la menace créée par le débarquement anglais au Portugal, Napoléon décida d’intervenir personnellement de novembre 1808 à janvier 1809. Des victoires rapides comme celles de Burgos (10 novembre), Tudela (23 novembre) et Somo-Sierra (30 novembre) lui ouvrirent la route de Madrid.
« L’Empereur, marchant sur Madrid par la route de Buitrago, rencontra dans la montagne de Somo-Sierra 13 000 Espagnols, qui, à l’aide de leur position formidable, espéraient en défendre le passage. Arrivé près du sommet de la route, l’Empereur ordonne l’attaque ; aussitôt l’infanterie française gravit à droite et à gauche les pentes escarpées de la montagne et engage le feu avec l’ennemi, qu’un épais brouillard cachait encore. La route était coupée par plusieurs fossés que l’ennemi avait creusés pour embarrasser la marche ; cependant, l’Empereur ayant donné le signal, le général Montbrun, à la tête des braves Polonais de la garde impériale, formant l’avant-garde de ce corps d’élite, franchit ces obstacles, et se précipite sur une batterie de seize pièces de canon défendues par l’infanterie. L’effet de la poudre dissipait les nuages de la montagne, et l’on vit cette heureuse intrépidité couronnée du plus brillant succès [C’est le moment que le tableau représente.] L’armée espagnole fut sabrée et mise en fuite, et l’Empereur arriva le lendemain aux portes de Madrid qui ne tarda pas à se rendre. » (Livret du Salon de 1810, n° 495.)
Outre la volonté évidente de glorifier l’héroïsme de l’armée impériale, en particulier celui des chevau-légers recrutés parmi la jeune aristocratie polonaise, le sens de cette composition due à un peintre officiel est à lire dans les détails mettant en scène l’Empereur qui découvre ici un charnier de soldats français : on le voit reprocher à un colonel espagnol la cruauté avec laquelle ses compatriotes ont assassiné des prisonniers français dont les corps gisent sous l’arche d’un pont. Le colonel espagnol répondit : « Je suis à votre disposition », ce qui désarma le vainqueur. Au premier plan au centre, le prisonnier français, capturé avec ses compagnons d’armes dans une bataille précédente et contraint de servir parmi les Espagnols, découvre à ses compatriotes, qui viennent de le libérer, la croix de la Légion d’honneur et sa cocarde qu’il a cachées sur son cœur. Face à ces témoignages de bravoure et de hauteur d’âme propres aux troupes françaises, l’armée espagnole en déroute sous les feux des canons semble vouée à l’anonymat : on est loin ici de l’interprétation critique de la guerre d’Espagne que le baron Lejeune livrera sous la Restauration, dans sa représentation de l’assaut du monastère de San Engracia (1827, musée national du Château de Versailles).
Yveline CANTAREL-BESSON, Claire CONSTANS Bruno FOUCART Napoléon Images et histoire. Peintures du château de Versailles (1789-1815)Paris, RMN, 2001.
Roger DUFRAISSE et Michel KERAUTRET La France napoléonienne. Aspects extérieurs Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 1999.
Gunther ROTHENBERG Atlas des guerres napoléoniennes 1796-1815 Paris, Autrement, 2000.
Jean TRANIE et Juan-Carlos CARMIGNANI Napoléon : la campagne d'Espagne : 1807-1814 Paris, Pygmalion, 1998.
Personnages représentés : Napoléon Ier ; Claude-Victor Perrin dit Victor, duc de Bellune ; Henri-Amédée, comte de Turenne ; Alexandre-Urbain Yvan ; Louis-Alexandre Berthier, prince de Wagram ; Jean-Baptiste Bessières, duc d'Istrie ; Antoine-Jean-Auguste Durosnel ; Louis-Michel, baron Letort de Lorville ; François-Gédéon, comte Bailly de Monthion ; Nicolas-Bernard, baron Guiot de Lacour
Robert FOHR et Pascal TORRÈS, « La bataille de Somo-Sierra (30 novembre 1808) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 24/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/bataille-somo-sierra-30-novembre-1808
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