Lutteurs
Auteur : FALGUIÈRE Alexandre
Lieu de conservation : musée d’Orsay (Paris)
site web
Date de création : 1875
H. : 231,4 cm
L. : 178,7 cm
Huile sur toile.
Domaine : Peintures
© GrandPalaisRmn (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski
RF 1995 19 - 95-020327
L'Essor de la lutte française
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Dominique LOBSTEIN
Après la déroute de 1870, la lutte française, que l’on dit aussi gréco-romaine, se trouve exaltée : son origine antique et son rôle dans l’éveil de l’ardeur belliqueuse chez les jeunes citoyens sont mis en avant dans plusieurs publications. L’expression la plus sensible de la nouvelle affectation dévolue à ce sport apparaît clairement dans l’ouvrage de Léon Ville, Lutteurs et gladiateurs où il écrit : « Après le terrible avertissement de la campagne de 1870, le seul espoir qui nous restât, le seul élément de victoire que nous puissions invoquer encore : la propension du Français aux exercices du corps ; sa résistance aux fatigues et, pris dans son véritable sens philosophique, son amour du duel, de la bataille en champ clos, du tête-à-tête armé, et, par-dessus tout, son amour de la lutte. » (Paris, Tolra, 1895, p. 7).
Présent au Salon à partir de 1857 avec des sculptures, Alexandre Falguière ne commence à y exposer des peintures qu’en 1873. Dès lors, ses créations seront visibles concurremment dans les deux sections artistiques.
Pour réaliser ce tableau exposé en 1875, l’artiste est parti d’une photographie anonyme représentant la prise intitulée « assaut du tour de hanche en ceinture » (musée Rodin), qu’il a mise au carreau avant de la reporter sur sa toile. Il a ensuite fait poser plusieurs amis artistes – Jules Isidore Lafrance à gauche, Jean-Paul Aubé au centre et Eugène Delaplanche à droite, et certainement Marcelin Desboutin, l’homme à la pipe, à droite –, dont il a installé les silhouettes et les portraits sur les gradins de l’arène de la rue Le Peletier à Paris.
Nettement réaliste, inspirée de la composition et de la dense matière picturale des Lutteurs de Courbet (1853, Budapest, Szépmüveészeti Muzeum), cette peinture, si différente de sa sculpture « idéale, ascétique et grêle de forme » (Th. Véron, De l’art et des artistes de mon temps, Paris, 1875, p. 71) créa un effet de surprise dans les rangs de la critique contemporaine et souleva l’enthousiasme des défenseurs du réalisme tels que Castagnary.
Tandis qu’apparaissaient et se développaient certaines activités sportives copiées de modèles anglais (équitation, escrime, polo, lawn-tennis ou yachting) et pratiquées par la noblesse et la grande bourgeoisie de l’industrie et des affaires, perduraient des traditions gymniques populaires, telles que la lutte, à mi-chemin entre le sport et le divertissement. Toutes ces activités physiques bénéficièrent, à la fin du siècle, d’une conjonction d’événements qui en accrurent la renommée.
Le mouvement hygiéniste mettait en cause l’organisation pédagogique des établissements scolaires et prônait des activités sportives, des jeux et récréations destinés à lutter contre les excès de travail intellectuel et la sédentarité des écoliers. Une littérature spécifique assura le relais de cette volonté, où l’on trouve les noms de Georges de Saint-Clair, auteur en 1887 d’un Sports athlétiques et exercices de plein air, et surtout de Pierre de Coubertin qui, la même année, vanta les mérites de l’éducation sportive anglaise à l’école dans L’Education en Angleterre. Son action aboutit à la création en 1888, sous l’égide du ministère de l’Instruction publique, d’un Comité pour la propagation des exercices physiques dans l’éducation.
Pierre ARNAUD « Le sport et les Français, enjeu de société (1850-1914) » in 48/14. La Revue du musée d’Orsay , n° 6, printemps 1998, p. 70-83.
Collectif L’Art du nu au XIXe siècle. Le Photographe et son modèle Paris, Bibliothèque nationale de France François-Mitterrand, 14 octobre 1997-18 janvier 1998, p. 72-75.
Collectif, De l’impressionnisme à l’Art nouveau. Acquisitions du musée d’Orsay 1990-1996 Paris, Musée d’Orsay, 16 octobre 1996-5 janvier 1997, p. 129.
Marie-Pierre SALÉ « Nouvelles acquisitions. Alexandre Falguière, Lutteurs » in 48/14. La Revue du musée d’Orsay, n° 3, septembre 1996, p. 28-29.
Bernard JEU et Ronald HUBSCHER L’Histoire en mouvements : le sport dans la société française XIXe-XXe siècle Paris, Armand Colin, 1992.
Dominique LOBSTEIN, « L'Essor de la lutte française », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/essor-lutte-francaise
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
La République
Le 21 septembre 1792, la Convention nationale, constituée la veille à la suite des premières élections législatives au suffrage universel, s’est…
Portraits de Fauves
La plupart des artistes fauves vivent à Montmartre. Les premières années se révèlent difficiles, avant l’amélioration des…
Rolla ou Le suicide pour une courtisane
En 1878, le peintre Henri Gervex ancien médailliste du Salon, voit son œuvre Rolla brutalement retirée de l’exposition par l’…
La Toilette d'Esther
Rentré d’Italie l’année précédente, Chassériau qui venait de rompre définitivement avec son maître, Ingres, présenta plusieurs œuvres au Salon de…
Le baptême de Clovis
Quoique imprécisément daté d’un 25 décembre, entre 496 et 506, le baptême de Clovis par saint Remi…
La mort de Bara
Né en 1779, Joseph Bara est le fils du garde-chasse du seigneur de Palaiseau. Alors que ses deux frères aînés, engagés dans les armées…
Le serment du Jeu de paume, 20 juin 1789
Cet événement fondateur de la Révolution française constitue une étape symbolique dans la destruction de l’absolutisme.
L’ouverture…
Représentations de la danseuse à la barre à la fin du XIXe siècle
Indispensable pour s’échauffer, pour apprendre le bon placement du corps et pour faire travailler correctement les muscles dans les positions qui…
Voltaire nu ou le Vieillard Idéal
François Marie Arouet dit Voltaire (1694-1778) est le philosophe des Lumières par excellence. Son succès littéraire public débute grâce aux pièces…
L'hygiène : un nouveau soin du corps
Au cours du XIXe siècle, les pratiques d’hygiène augmentent en fréquence, en régularité et en…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel