Louis XVIII dans son cabinet de travail aux Tuileries
Auteur : GERARD, Baron François
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 40,5 cm
L. : 44,5 cm
Huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN-Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
MV 4927 - 05-519308
Louis XVIII, l'image d'un souverain moderne
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Pascal TORRÈS
Le roi restauré
La défaite infligée à Napoléon par les armées des puissances coalisées finit par provoquer son abdication en avril 1814. La restauration de la monarchie n’était en réalité qu’une des solutions politiques possibles, mais elle s’imposa grâce aux manœuvres de Talleyrand et surtout avec l’appui du tsar Alexandre. Frère de Louis XVI, Louis XVIII, qui n’avait jamais abandonné ses prétentions au trône depuis la mort de son neveu Louis XVII en 1795, devient roi. Conscient de ses droits (1815 était pour lui la vingtième année de son règne), il l’était aussi de l’histoire : s’il défendit toujours les droits du monarque, il chercha aussi à pratiquer une politique de réconciliation et, après 1815, se détacha des « ultras », faction la plus intransigeante du parti royaliste.
Le monarque au travail
Le portrait peint par Gérard est la réplique réduite d’une composition destinée à l’origine à la comtesse du Cayla, favorite du souverain, composition présentée au Salon de 1824 où elle obtint un grand succès. Louis XVIII est représenté dans son cabinet de travail et, selon le livret, « au moment de son arrivée en 1814, méditant sur la charte qu’il va donner aux Français ». Ce cabinet avait été celui de l’Empereur, et le décor n’a pas fondamentalement changé. Le roi est en uniforme, car il commande officiellement aux armées. Il porte les décorations de l’ancienne monarchie (en particulier le cordon bleu de l’ordre du Saint-Esprit), mais aussi de la France nouvelle (la Légion d’honneur). Il est surtout assis à une petite table de bois blanc, celle-là même qu’il avait utilisée pendant toutes ses années d’exil. Sur la table, la Charte de 1814, « octroyée » par le roi, qui est en fait la constitution de la monarchie restaurée. La scène représentée n’eut cependant jamais lieu en tant que telle : la Charte ne fut pas « méditée » par le roi, mais rédigée par d’autres à la suite de nombreuses discussions auxquelles il eut peu de part, et ensuite approuvée par lui. Mais l’accumulation d’éléments réalistes et la philosophie politique qu’elle affirme (la Charte « octroyée » par le souverain) donnent à la scène un caractère plausible.
L’héritier de la tradition, le souverain de la France moderne
Gérard a su, dans ce tableau, renouveler en profondeur l’iconographie traditionnelle, notamment illustrée en France par Rigaud, et donner par là à son œuvre une signification politique que tous les contemporains ont comprise. Louis XVIII n’est pas représenté dans les habits du sacre, avec les insignes de sa fonction, le sceptre, la main de justice et la couronne, dans un palais imaginaire. Il est ici dans son environnement habituel, un endroit où seuls les familiers et les grands serviteurs de l’Etat pouvaient pénétrer. Le spectateur entre ainsi de plain-pied dans l’intimité royale. Le réalisme du tableau accentue ce trait et permet en même temps d’évoquer habilement l’histoire récente : l’héritage de l’Empire, grâce au décor du cabinet, le souvenir de l’exil avec la table en bois blanc qui tranche sur le luxe de l’ameublement, les fondations de la monarchie restaurée avec la Charte. Louis XVIII ne peut se contenter de revenir occuper le trône de ses pères : il assume, sans rien oublier, les années de la Révolution et de l’Empire. Aussi est-ce un souverain moderne, bonhomme et familier dont Gérard offre ici l’image.
Claire CONSTANS Musée national du château de Versailles. Les Peintures, 2 vol. Paris, RMN, 1995.
Francis DEMIER La France du XIXe siècle Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.
François FURET La Révolution, 1780-1880 Paris, Hachette, 1988, rééd.coll. « Pluriel », 1992.
Evelyne LEVER Louis XVIII Paris, Fayard, 1988.
Emmanuel de WARESQUIEL, Benoît YVERT Histoire de la Restauration : naissance de la France moderne Paris, Perrin, 1996.
Pascal TORRÈS, « Louis XVIII, l'image d'un souverain moderne », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/louis-xviii-image-souverain-moderne
Lien à été copié
Découvrez nos études
La France, […], reçoit de Louis XVIII la Charte constitutionnelle
A la mort de Louis XVIII en 1824, son frère le comte d'Artois (1757-1836) accède au trône et porte jusqu’aux Trois Glorieuses le nom de Charles X…
Louis-Philippe, « roi des Français »
Les 27, 28 et 29 juillet 1830 – les Trois Glorieuses –, la révolution parisienne triomphait de l’autoritarisme et des ordonnances de Charles X. Le…
Louis XVIII et l'instauration de la Monarchie constitutionnelle
En avril 1814, la chute du régime impérial est consommée. Talleyrand, le « diable boiteux », l’homme de tous les régimes et de toutes les…
Le Dernier des Bourbons
Depuis 1814, le comte d’Artois, futur Charles X, était considéré comme le chef du parti ultra, hostile à la Charte…
Louis XVIII, l'image d'un souverain moderne
La défaite infligée à Napoléon par les armées des puissances coalisées finit par provoquer son abdication en avril 1814. La…
La Célébration de la mémoire de Louis XVI et de Marie-Antoinette
Lorsqu’il rentre solennellement à Paris le 3 mai 1814, après de longues années d’exil, Louis XVIII est un souverain fort ignorant de cette France…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel