Rossini soutenant à lui seul tout l'opéra italien.
Rossini.
Rossini soutenant à lui seul tout l'opéra italien.
Auteur : DELACROIX Eugène
Lieu de conservation : Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris)
site web
Date de création : 1821
Date représentée : 1821
H. : 26,8 cm
L. : 21,3 cm
Extrait du Journal le Miroir
Domaine : Presse
© Cliché Bibliothèque Nationale de France
Estampes Musique IFN-07721522 img 8
La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration
Date de publication : Décembre 2005
Auteur : Catherine AUTHIER
« Voici pour le coup un dessin d’une hardiesse peu commune et d’une impertinence qui mérite correction… Quel blasphème ! » Ainsi Stendhal ironisa-t-il sur cette œuvre qu’il trouva en réalité piquante et spirituelle. En fait, cette lithographie ne fait qu’affirmer l’importance immense de la musique de Rossini au Théâtre-Italien. En deux ans à peine, la progression des représentations rossiniennes fut foudroyante. À la date où cette planche fut publiée, le Théâtre-Italien avait déjà donné, depuis le début de l’année, quatre-vingt-une représentations dont quarante-cinq consacrées à Rossini, et cette tendance allait s’accentuer pour culminer en 1826-1827 tandis que les autres compositeurs disparaissaient peu à peu de la scène.
La caricature d’Hippolyte Mailly illustre la seconde période où Rossini vécut à Paris. Cette lithographie coloriée évoque en effet la dernière œuvre importante que Rossini ait composée dans sa vie de musicien. Il s’agit de l’hymne à Napoléon III qui lui fut commandé pour être exécuté lors de la distribution solennelle des récompenses à l’Exposition universelle de 1867, dans le gigantesque Palais de l’Industrie. Dédiée à l’empereur, cette pièce fut jouée, lors de la cérémonie, immédiatement après l’arrivée de Napoléon III et de sa suite. L’événement suscita de nombreuses caricatures. Cette charge contre Rossini le représente en homme-orchestre, en pleine effervescence, entouré d’une multitudes de rythmes et de notes de musique. Simultanément, celui qui fut appelé le Signor Tambourossini, à cause de l’importance qu’il accordait aux percussions, souffle dans un clairon, fait sonner une cloche et allume le fût du canon. La caricature fait ici allusion à la « révolution rossinienne », à son orchestre puissant, brillant, et à ses crescendos fougueux. La presse parisienne fut en fait assez divisée sur les mérites de l’œuvre, mais tous les journaux mentionnèrent les coups de canon du finale et l’effet sensationnel du son des cloches. Les chants guerriers, larges et puissants, étaient d’un effet grandiose, mais le caractère militaire et violent de la musique fut critiqué. Certains accusèrent ainsi le compositeur de « faire du bruit », de provoquer un vacarme étourdissant. Le canon est d’ailleurs souvent représenté dans les images satiriques de Rossini comme substitut de l’instrument.
Éloignées de près d’un demi-siècle, ces deux images illustrent également l’évolution de la génération romantique, peu à peu rattrapée par le pouvoir et l’institutionnalisation d’un côté, et par une production en cours d’industrialisation de l’autre.
Fougueux représentant de la musique italienne et moderne, Rossini irritait à la fois les nationalistes et les traditionalistes. Les uns voyaient avec déplaisir l’opéra français délaissé et ses représentants éclipsés par la vogue italienne, les autres assistaient avec regret à l’abandon progressif d’œuvres classiques comme celles de Cimarosa ou de Paisiello, au profit des seuls ouvrages de Rossini. De ce fait, face au mouvement rossiniste triomphant, on vit apparaître un antirossinisme actif, qui favorisa pendant plusieurs années l’éclosion de nombreux articles et pamphlets.
Jean-Marie BRUSON, Rossini à Paris, catalogue de l’exposition du musée Carnavalet, 27 octobre-31 décembre 1992, Paris, Société des amis du musée Carnavalet, 1992.Damien COLAS, Rossini, l’opéra de lumière, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », 1992.
Catherine AUTHIER, « La mode du rossinisme à Paris sous la Restauration », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mode-rossinisme-paris-restauration
Lien à été copié
Découvrez nos études
Un collectionneur, mécène et pédagogue : Antoine Vivenel (1799-1862)
Né à Compiègne, dans l’Oise, le 27 ventôse An VII (17 mars 1799), Antoine Vivenel appartient à une longue lignée d’artisans compiégnois qui ont…
La traite illégale
Avant que n’éclate la Révolution en France, l’Angleterre et la France pratiquaient toutes deux la traite des Noirs. Au début…
Ravachol
Dans les années 1880, l’anarchisme incarne l’opposition la plus radicale à la IIIe…
Vichy et la propagande
Du 23 au 25 septembre 1940, les Forces françaises libres du Général de Gaulle…
Louis XVI en Gargantua attablé
La caricature politique, sous la forme d’une gravure associée souvent à…
L'impératrice Eugénie vue par les caricaturistes
Le boulangisme
La chute de Napoléon III à Sedan, le 2 septembre 1870, entraîne la France dans une…
« Y’a bon » Banania
Délaissant l’Antillaise de ses premières affiches, la marque Banania (1914), qui cherche à transformer en produit patriotique…
Le géant Sennep
Cette caricature pleine-page, en noir et blanc, est extraite de Fantasio, petit hebdomadaire parisien d’échos et d’humour (1906-1936), tiré à…
Caricatures et pamphlets politiques (1830-1835)
De 1830 à 1835, la monarchie de Juillet lutte pour son existence en tentant de maîtriser les mouvements de la rue…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel