Aller au contenu principal
La charge d'une section de zouaves sur le plateau de Touvent. La première vague à l'assaut

La charge d'une section de zouaves sur le plateau de Touvent. La première vague à l'assaut

L'Attaque de l'éperon de Notre-Dame de Lorette

L'Attaque de l'éperon de Notre-Dame de Lorette

La charge d'une section de zouaves sur le plateau de Touvent. La première vague à l'assaut

La charge d'une section de zouaves sur le plateau de Touvent. La première vague à l'assaut

Auteur : ANONYME

Lieu de conservation : L’Illustration (Paris)

Date de création : 1915

Date représentée : 7 juin 1915

Photographie publiée dans la revue L'Illustration, datée du 19.06.1915.

Domaine : Photographies

© L'illustration - droits réservés

250287

Photographier la Grande Guerre

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Laurent VÉRAY

Photographier la Grande Guerre

Photographier la Grande Guerre

Au moment où éclate la Première Guerre mondiale, la photographie est encore considérée comme le meilleur moyen de s’approcher de la réalité. On parle d’objectivité irréfutable et, à ce titre, on estime que l’image instantanée est parfaitement adaptée pour rendre compte du nouveau conflit moderne. Ainsi, pendant toute sa durée, un nombre incalculable de clichés sont pris, à l’aide d’appareils de formats divers, par des photographes professionnels ou de simples amateurs, en l’occurrence des soldats partis avec leur propre matériel.

Toutefois, parmi les différents sujets traités, les photographies représentant des scènes de bataille sont extrêmement rares et souvent incomplètes ou imparfaites.

La Charge d’une section de zouaves sur le plateau de Touvent. La première vague a été publiée le 19 juin 1915, dans la revue L’Illustration. La rédaction du journal en garantit l’authenticité précisant que la vue a été prise par un soldat au départ d’une attaque : « Cette admirable photographie est la première à notre connaissance qui montre vraiment une charge à la baïonnette » (L’Illustration, no 3772, 19 juin 1915, p. 628-629).

Ce cliché, de qualité médiocre, montre en légère contre-plongée des hommes qui s’élancent dans une plaine dénudée en passant à côté d’un amas de fils de fer barbelés. Le cadre ressemble indiscutablement au champ de bataille.

Le second cliché a été publié le 15 mai 1915 dans L’Illustration. Selon sa légende, il s’agirait de la prise de l’éperon sud-est de Notre-Dame-de-Lorette, le 15 avril 1915. On le retrouve dans une autre revue, Sur le vif, datée du 7 août 1915.

Cette vue d’ensemble présente de côté une charge de fantassins français. Baïonnette au canon, ils gravissent un terrain en pente pour s’emparer, semble-t-il, d’une position ennemie. L’un d’eux, brandissant son arme, se dégage du groupe et l’entraîne plein d’allant. Deux autres hommes sont à terre, l’un situé à l’avant paraît seulement blessé, alors que le second allongé au premier plan paraît mort.

Sur le premier cliché, la position du photographe, en retrait par rapport aux combattants et essayant de se protéger, est la seule vraisemblable dans un tel contexte. Tout laisse donc supposer que le document est authentique. Il faut rappeler que les conditions de prise de vue pendant une attaque sont très difficiles et dangereuses. Du coup, la photographie ne donne qu’un aspect très fragmentaire de la brutalité inouïe de l’affrontement sur le no man’s land (1).

Par la suite, on ne fit guère mieux que ce type d’image. L’affrontement reste donc invisible. Dès lors, à l’époque, pour remplacer ces images manquantes, on procède parfois, à proximité du front ou en arrière des lignes, à des simulations de combat sous le regard des photographes. La plupart de ces reconstitutions seront utilisées comme des documents véritables.

Quant au second cliché, plusieurs remarques s’imposent. D’abord, le fait que ces soldats n’ont pas de casque confirme que la scène se passe au début des hostilités. Toutefois, un examen attentif permet de mettre en doute ce que cette image est censée montrer. Les soldats sont trop agglutinés pour participer à un vrai combat : en restant ainsi groupés, ils risquent de se faire tuer plus facilement par un éclatement d’obus ou un tir de mitrailleuse. Ensuite, on peut constater qu’ils ne sont pas équipés comme le sont normalement les combattants pendant un assaut : ils n’ont pas de barda, mais juste leur fusil et une musette. De plus, et surtout, la composition est bien équilibrée, trop bien... Enfin, le dernier aspect important à noter concerne la question du point de vue. Compte tenu des conditions techniques et des risques multiples déjà signalés, il est impossible de photographier debout, au milieu du champ de bataille. Or, ici, le cadrage prouve le contraire : nous sommes au même niveau que les soldats et très proches d’eux.

Autant dire que, de toute évidence, nous sommes en présence d’une de ces nombreuses mises en scène dont la fonction signifiante est d’évoquer la guerre de façon héroïque. De telles photographies rivalisent avec le travail des peintres et des dessinateurs de guerre dont les œuvres sont publiées régulièrement dans la presse illustrée ou sous forme de cartes postales patriotiques.

Pierre VALLAUD, 14-18, la Première Guerre mondiale, tomes I et II, Paris, Fayard, 2004.

Laurent VERAY, « Montrer la guerre : photographie, cinéma », in Jean-Jacques BECKER, Jay WINTER, Gerd KRUMEICH (dir.), Guerre et culture, Paris, Armand Colin, 1994.

Laurent VERAY, « Ces faux qui font l’histoire », in 14-18 Aujourd’hui, Today, Heute, no 3, Paris, Noêsis, novembre 1999, p. 209-217.

1 - No man’s land : zone neutre entre les premières lignes de deux pays en guerre ou zone neutre entre deux frontières.

Laurent VÉRAY, « Photographier la Grande Guerre », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 22/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/photographier-grande-guerre

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Découvrez nos études

Prise de la smalah d'Abd-el-Kader

Prise de la smalah d'Abd-el-Kader

L’émir Abd el-Kader avait été l’âme de la résistance à la colonisation française de l’Algérie, dont la conquête avait été entreprise en 1830. D’…

« La journée du Poilu »

« La journée du Poilu »

Une guerre qui s’installe dans la durée

L’épisode de la bataille de la Marne, au début du mois de septembre 1914, soude les Français derrière…

« La journée du Poilu »
« La journée du Poilu »
La Fronde

La Fronde

La Fronde des princes et le contrôle de Paris

Depuis 1648, le ministère du cardinal Mazarin, appuyé par la régente Anne d’Autriche, mère du jeune…

Le 14 juillet 1880 : la République et l’armée

Le 14 juillet 1880 : la République et l’armée

Le premier 14 juillet

Un an après l’élection du premier républicain à la présidence de la République, Jules Grévy, la loi du 6 juillet 1880 fait…

Les <i>Stukas</i>, une arme nouvelle aux mains des nazis

Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis

L’essor de la Luftwaffe

Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’…

Les <i>Stukas</i>, une arme nouvelle aux mains des nazis
Les <i>Stukas</i>, une arme nouvelle aux mains des nazis
Les tirailleurs sénégalais dans la guerre de 1914-1918

Les tirailleurs sénégalais dans la guerre de 1914-1918

Cette peinture de Félix Vallotton est datée de juin 1917, quelques semaines à peine après les offensives d’avril-mai sur le front de l’Aisne et de…

La signature du traité de Versailles

La signature du traité de Versailles

Faire la paix en 1919, une gageure

La conférence de la paix s’ouvre à Versailles le 18 janvier 1919. Deux mois après l’armistice, la question…

La mobilisation des dreyfusards

La mobilisation des dreyfusards

Les rebondissements de l’Affaire

L’arrestation et la condamnation d’un officier juif français, Alfred Dreyfus, en décembre 1894, suite à la…

Les Troupes coloniales françaises

Les Troupes coloniales françaises

En 1914-1918, les opérations militaires n’ont pas été très importantes en Afrique. En revanche, les soldats originaires des colonies ont joué un…

Célébrer la guerre : la bataille des images d’Épinal

Célébrer la guerre : la bataille des images d’Épinal

L’imagerie populaire et l’imaginaire patriotique

Quand éclate la guerre, au début du mois d’août 1914, l’imagerie populaire a déjà amplement gagné…

Célébrer la guerre : la bataille des images d’Épinal
Célébrer la guerre : la bataille des images d’Épinal
Célébrer la guerre : la bataille des images d’Épinal