Dahomey - Milicien petite tenue
Indochine - Artilleur trompette
Sénégal - Spahi grande tenue
Dahomey - Milicien petite tenue
Auteur : FREVILLE G.
Lieu de conservation : musée du Quai Branly – Jacques-Chirac (Paris)
site web
H. : 22,1 cm
L. : 35,2 cm
Estampe aquarellée sur papier.
Domaine : Dessins
© RMN-Grand Palais (musée du quai Branly - Jacques Chirac) / Daniel Arnaudet
75.5039 - 94-055118
Les Soldats indigènes dans les troupes coloniales
Date de publication : Juillet 2009
Auteur : Alban SUMPF
Naissance et développement des troupes coloniales
La constitution des troupes de marine au début du XVIIe siècle doit permettre de disposer d’une force pour explorer, occuper, mettre en valeur et défendre les territoires que la France commence à conquérir outre-mer. En 1622, le cardinal de Richelieu crée les Compagnies ordinaires de la mer qui, au nombre de cent, deviennent le régiment « la Marine » en 1626. Le milieu du XVIIIe siècle voit naître les premiers recrutements de soldats indigènes, d’abord les Cipayes aux Indes (1750), puis les Laptots de Gorée au Sénégal (1765), puis au Dahomey et en Indochine à partir du XIXe siècle. Destinée à réorganiser ces troupes devenues de plus en plus diverses et de plus en plus conséquentes, l’ordonnance du 14 mai 1831 les regroupe en deux régiments d’infanterie de marine, les 1er et 2e R.I.M. Avec l’extension de son domaine colonial, la France compte, au milieu du XIXe siècle, quatre régiments d’infanterie de marine, soit cent vingt compagnies, et un régiment d’artillerie de marine de vingt-sept compagnies. Par la loi du 7 juillet 1900, les troupes de la Marine deviennent troupes coloniales.
Trois soldats indigènes des troupes coloniales
Les trois images sont l’œuvre de G. Fréville, qui a réalisé toute une série de dessins sur les différentes troupes et bataillons coloniaux. Uniformes et équipements permettent de situer leur production entre 1870 et 1914.
Réalisés à l’aquarelle, les dessins présentent chacun un soldat indigène, posant debout (de face ou de trois quarts) en tenue militaire. La représentation est colorée et précise : tous les détails des uniformes sont rendus avec soin. L’artiste a par ailleurs nettement individualisé les visages, leur donnant le plus souvent une expression à la fois digne, sévère et guerrière. Sous chaque dessin figure un titre qui indique de quel type de soldats et d’uniformes il s’agit.
Le milicien du Dahomey porte la « petite tenue » : veste et pantalon bleus, bonnet rouge et chaussures basses blanches. Reconnaissable à sa natte et à son couvre-chef, l’artilleur d’Indochine porte une veste et un pantalon blancs de coupe asiatique ainsi que des bandes molletières rouges. Pieds nus, il fait face au peintre et le regarde avec dureté, sa trompette à la main. Enfin le spahi du Sénégal en « grande tenue » se tient les bras croisés. Il porte le casque blanc, la veste rouge, le pantalon bouffant bleu, les bottes noires et le sabre tous typiques de ce corps de cavalerie.
Immortaliser et valoriser les troupes coloniales
Fréville s’est « spécialisé » dans la représentation des nouvelles troupes coloniales : il s’agissait de les faire connaître et, dans un souci documentaire et historique, d’immortaliser ces nouveaux venus dans l’armée française. Il voulait montrer la diversité des hommes et de leurs équipements.
Les dessins sont certes « exotiques », puisque les uniformes et les visages marquent clairement l’origine des soldats des différents corps d’armée. Mais ce qui l’emporte, c’est l’image de combattants qui semblent à la fois redoutables et réellement engagés dans leur fonction, prêts à servir la France dans ces terres lointaines, et bientôt en Europe. Le caractère presque « officiel » de ces dessins ainsi que la pose digne des hommes suggèrent l’idée qu’eux aussi servent la grandeur de la France – qui s’étend non seulement en Europe, mais aussi, entre autres, en Asie et en Afrique.
Il est difficile de mesurer la réception que connut le travail de Fréville à son époque, mais il s’inscrit pleinement dans le développement de l’intérêt à la fois politique, militaire, ethnologique, culturel et artistique que les troupes coloniales suscitent en métropole. Intérêt qui est lui-même lié au second mouvement de colonisation caractérisant le second Empire et surtout la IIIe République.
Jules-Louis LEWAL, Les troupes coloniales, Paris, Baudoin, 1894.
Jean MEYER, Annie REY-GOLDZEIGUER, Jean TARRADE, Jacques THOBIE, Histoire de la France coloniale, des origines à 1914, Paris, Armand Colin, 1990.
Alban SUMPF, « Les Soldats indigènes dans les troupes coloniales », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/soldats-indigenes-troupes-coloniales
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