Mort du marquis de Montcalm au combat de Québec en 1759
Auteur : CHEVILLET Juste
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1759-1790
Date représentée : 13 septembre 1759
H. : 50,2 cm
L. : 63 cm
Graveur : Juste Chevillet d'après François-Louis-Joseph Watteau.
Burin et eau-forte
Domaine : Estampes-Gravures
© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / image GrandPalaisRmn
INV.GRAV 5382 - 79-007041
Le Marquis de Montcalm, héros de la guerre de Sept Ans
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Pascal DUPUY
Louis-Joseph de Montcalm de Saint-Véran est né le 28 février 1712 au château de Candiac, à proximité de Nîmes. Issu d’une famille de la vieille noblesse provinciale, Louis-Joseph épouse en octobre 1736 une jeune femme appartenant à deux des plus anciennes et puissantes familles de la noblesse de robe et du Parlement de Paris. Son mariage lui assure relations et moyens financiers. Très jeune, il est initié au métier des armes et, grâce à son père, devient lieutenant-colonel du régiment de Hainault, un régiment d’infanterie.
Après avoir dirigé une compagnie lors de la guerre de succession de Pologne, le jeune homme participe à la guerre de succession d’Autriche, au cours de laquelle il est blessé. Peu de temps après, en 1741, il obtient la charge de colonel du régiment d’Auxerrois, puis est fait chevalier de l’ordre de Saint-Louis.
À trente et un ans, sa carrière semble promise à un bel avenir. En janvier 1756, M. d’Argenson, ministre de la Guerre, le fait désigner commandant des troupes de Sa Majesté dans l’Amérique septentrionale. Cinq mois plus tard, il appareille au Canada ; il atteint Québec le 13 mai, puis Montréal le 16.
La guerre de Sept Ans, qui éclate entre la France, l’Autriche et la Russie d’un côté et l’Angleterre et la Prusse de l’autre, lui permet de s’illustrer. Montcalm participe activement au conflit et défend avec courage les intérêts français au Canada. Il meurt le 14 septembre 1759 lors de la bataille de Québec, devant les troupes anglaises commandées par James Wolfe, un autre jeune général qui y est tué lui aussi. Les deux hommes deviennent alors les figures héroïques de la mémoire militaire française et britannique.
Cette estampe en contrepartie évoquant la mort tragique du marquis de Montcalm est tirée d’un dessin longtemps attribué à Louis Watteau (1731-1798). En réalité, le dessin au pinceau et lavis brun et gris sur pierre noire et rouge sur papier vergé, conservé à la National Gallery of Canada (Ottawa), a été réalisé en 1782 puis exposé au Salon de Lille en 1783 par François-Louis-Joseph Watteau (1758-1823), fils du précédent et petit-neveu d’Antoine Watteau (1684-1721), célèbre peintre du début du XVIIIe siècle.
Le dessin a été gravé par Juste Chevillet en 1783, puis un an plus tard par P.-A. Martini, les deux estampes établissant sa renommée. Mais cette reconnaissance, le dessin et la gravure la doivent à une autre estampe, très populaire dans toute l’Europe, de William Woollett (1735-1785), réalisée en 1776 d’après le célèbre tableau de Benjamin West (1738-1820), La Mort du général Wolfe (1770, National Gallery of Canada). Dans cette œuvre, West s’affranchit d’un certain nombre de conventions et, en rejetant le costume antique traditionnel au profit de l’uniforme du XVIIIe siècle, a contemporanéisé la peinture d’histoire à un degré jusque-là rarement atteint.
Comme West, Watteau a composé son œuvre à partir d’un groupe d’hommes recueillis devant le corps du chef militaire mourant. Si Woollett a gravé fidèlement le tableau original de West, Chevillet comme Martini ont quant à eux respecté la composition générale du dessin, tout en en modifiant de nombreux détails.
Le dessin de Watteau et le tableau de West encouragent le sentiment patriotique français et britannique. Au regard du succès de l’œuvre de West, on peut raisonnablement avancer que Watteau a souhaité établir « un contrepoids français et patriotique de la planche anglaise » (Gaëtane Maës), alors que la guerre d’indépendance américaine était sur le point de se terminer.
Le dessin de Watteau développe un sentiment expressif bien plus marqué que le tableau de West qui, lui, est davantage fondé sur le recueillement. Les soldats français témoignent de manière très expressive et théâtrale leur anxiété et leur chagrin : un aide de camp vient recueillir les dernières paroles du jeune général, tandis qu’au loin, la bataille est toujours âprement engagée.
Probablement dans un souci d’exotisme, le graveur a ajouté un palmier devant la tente du général, en une touche pour le moins insolite. De même, peut-être pour évoquer le tableau de West, Chevillet a représenté aux pieds de Montcalm deux amérindiens dégageant des éclats de boulets. Il a été avancé que Watteau aurait recueilli auprès d’anciens officiers des détails sur les circonstances de la mort de Montcalm. Si certains éléments corroborent ceci, l’artiste a cependant, dans un parti pris de grandiloquence, fait mourir son héros sur le champ de bataille, alors que son décès a eu lieu dans une maison de Québec où il avait été transporté. Mais la vérité historique importait peu à Watteau, qui a avant tout cherché à mettre en évidence le courage et la détermination du héros.
COLLECTIF, Conflits de sociétés au Canada français pendant la guerre de Sept Ans et leur influence sur les opérations, actes de colloque (Ottawa, 1978), Vincennes, Service historique de l’armée de terre, 1978.
DZIEMBOWSKI Edmond, Un nouveau patriotisme français (1750-1770) : la France face à la puissance anglaise à l’époque de la guerre de Sept Ans, Oxford, Voltaire Foundation, coll. « Studies on Voltaire and the Eighteenth Century » (no 365), 1998.
MAËS Gaëtane, Les Watteau de Lille : Louis Watteau (1731-1798), François Watteau (1758-1823), Paris, Arthéna, 1998.
Pascal DUPUY, « Le Marquis de Montcalm, héros de la guerre de Sept Ans », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/marquis-montcalm-heros-guerre-sept-ans
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Les Zouaves sur tous les fronts
L’histoire des zouaves, unité d’infanterie spécifique au costume reconnaissable entre tous,…
Le siège de Toulon (septembre-décembre 1793)
À la fin de 1792, après les victoires de Valmy et Jemmapes, la situation militaire de la France est excellente, mais la politique conquérante de…
Regards sur la bataille de Sedan ( 1er septembre 1870)
La guerre de 1870 voit s’affronter deux armées inégalement structurées. Au cours des années 1860, la…
Marignan par Alexandre Évariste Fragonard : le genre historique revisité par l’art troubadour
Dans le but de concilier les héritages…
La Bataille de Trafalgar
Instigatrice de la plupart des ligues contre la France révolutionnaire puis napoléonienne, l’Angleterre signe le 25 mars…
L'enterrement insolite du Second Empire
Charles Louis Napoléon Bonaparte, dit Napoléon III (1808-1873) est un neveu de Napoléon Ier…
La bataille de Poitiers
Si l’histoire de Charles Martel (688-741) est relativement mal connue des Français encore aujourd’hui, il n’en…
La bataille de Waterloo. 18 juin 1815
Napoléon, emprisonné à l’île d’Elbe, ayant débarqué à Golfe-Juan le 1er mars 1815, parvint à reconquérir son trône après une marche à…
La prise d'Alger
Depuis longtemps la France, comme les autres puissances européennes, avait eu à souffrir du gouvernement…
Verdun
La guerre de 1914-1918 a fortement marqué les peintres comme la grande majorité des artistes et intellectuels de l’époque. Qu’ils soient mobilisés…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel