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Lully

Lully

Auteur : MIGNARD Nicolas

Lieu de conservation : musée Condé (Chantilly)
site web

Date de création : 1660-1668

Date représentée : 1660-1668

H. : 66 cm

L. : 56 cm

Dessus de porte.

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (Domaine de Chantilly) / Michel Urtado

Lien vers l'image

PE 647 - 17-510739

Le Surintendant de la Musique de Louis XIV : Lully

Date de publication : Juin 2018

Auteur : Jean HUBAC

Un portrait d’artiste

Frère du peintre Pierre Mignard, Nicolas Mignard (1606-1668) s’est fait une de ses spécialités de portraiturer des hommes et femmes de cour, y compris le roi et la reine. En effet, il profite du succès de son frère Pierre, appelé à la cour, pour le rejoindre en 1660, après de longues années passées à Avignon – il est aussi connu sous le surnom de Mignard d’Avignon, pour le distinguer de son frère. Reçu à l’Académie royale de peinture et de sculpture en 1663, il y devient professeur puis recteur.

On peut donc dater la réalisation du portrait de Lully des années 1660, entre l’arrivée de Nicolas Mignard à Paris et sa mort en 1668. À ce moment, Lully est âgé d’une trentaine d’années et jouit déjà d’une importante renommée en France, patrie d’adoption de cet Italien originaire de Florence. Peu de temps auparavant, Nicolas Mignard avait peint le portrait de Molière en costume de César dans La Mort de Pompée de Corneille. C’est justement avec Molière que Lully collabore de manière étroite dans la création d’œuvres originales durant les années 1660.

Un fier Italien à la cour de France

Dans cette peinture de modeste dimension, Lully plante résolument ses yeux dans ceux de son spectateur. Avec un air déterminé, à la limite de la fierté dédaigneuse, il tient de sa main gauche une partition, symbole de son art. L’adoption d’une perruque fournie, déployant une longue chevelure bouclée, cède à la mode alors en vigueur à la cour de Louis XIV. Les riches vêtements achèvent de faire de ce portrait celui d’un courtisan. La partition tenue évoque davantage encore le musicien réputé qui a su séduire le roi que le compositeur qui révolutionne la musique de cour.

Ainsi, par un raccourci artistique, le peintre télescope l’Italien Giovanni Battista Lulli et le musicien courtisan adopté par le roi.

Le surintendant de la Musique du Roi

Rapidement remarqué par ses talents de musicien et de danseur, le jeune Florentin Jean-Baptiste Lully (1632-1687) est engagé par le roi dès 1653, après être arrivé en France dans la suite de la duchesse de Montpensier. Il réorganise la Musique du Roi et conçoit sa direction comme totale et soucieuse de tous les détails, des costumes aux décors, en passant par la chorégraphie et l’interprétation. Ses succès lui valent d’être nommé surintendant de la Musique du Roi et naturalisé français en 1661. Il s’accorde aux goûts du moment et entame alors une fructueuse collaboration avec Molière, avec lequel il crée plusieurs comédies-ballets, dont Le Bourgeois gentilhomme en 1670. Puis il s’engage dans la voie de la tragédie lyrique, genre dans lequel il excelle, installant à la cour la mode de l’opéra à la française, dont il est le plus grand représentant. Directeur de l’Académie royale de musique, sa notoriété de compositeur surpasse alors celle de danseur grâce à ses opéras, Alceste, Persée, Armide… Ses succès se succèdent à la cour comme à la ville (le théâtre qu’il dirige est installé à Paris), même si le roi s’éloigne de lui à partir de 1683. Il succombe à une gangrène, consécutive à la blessure qu’il se fait au pied en battant la mesure avec sa canne au cours de la représentation de son Te Deum, en 1687.

Volontaire, opportuniste, enjoué, imbu de lui-même, Lully aura séduit Louis XIV, même si ses relations avec bon nombre de ses contemporains furent parfois orageuses. Il laisse à sa mort une solide fortune et, surtout, une œuvre musicale exceptionnelle.

Le portrait de Lully par Nicolas Mignard est ensuite reproduit par son fils Paul Mignard ; dans la version gravée du portrait de ce dernier par Jean-Louis Roullet, le musicien est accompagné d’une légende qui le compare avantageusement à Orphée, dont la lyre et la voix doivent céder devant « les divins ouvrages [de Lully] qui charment le plus grand des Roys ». De fait, indissociablement liée à la faveur du roi, la carrière de Lully témoigne d’un renouveau de la musique à la cour du Roi-Soleil, tandis que son génie léguera des œuvres à l’influence considérable sur l’histoire de la musique occidentale.

BEAUSSANT Philippe, Lully ou le Musicien du Soleil, Paris, Gallimard / théâtre des Champs-Élysées, 1992.

BEAUSSANT Philippe, Les plaisirs de Versailles : théâtre et musique, Paris, Fayard, coll. « Les chemins de la musique », 1996.

LA GORCE Jérôme de, Jean-Baptiste Lully, Paris, Fayard, 2002.

SCHNAPPER Antoine (dir.), Mignard d’Avignon (1606-1668), cat. exp. (Avignon, 1979), Avignon, palais des Papes, 1979.

Académie des beaux-arts : Créée en 1816 par la réunion de l’Académie royale de peinture et de sculpture, fondée en 1648, de l’Académie royale de musique, fondée en 1669, et de l’Académie royale d’architecture, fondée en 1671. Institution qui rassemble les artistes distingués par une assemblée de pairs et travaillant le plus souvent pour la couronne. Elle définit les règles de l’art et du bon goût, forme les artistes, organise des expositions.

Jean HUBAC, « Le Surintendant de la Musique de Louis XIV : Lully », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/surintendant-musique-louis-xiv-lully

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