Louis-Philippe remet les drapeaux à la Garde nationale de Paris, 29 août 1830.
Auteur : COURT Joseph-Désiré
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date de création : 1834-1836
Date représentée : 29 août 1830
H. : 550 cm
L. : 442 cm
huile sur toile
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Daniel Arnaudet / Jean Schormans
MV 2789 - 83-000213
L’avènement de la monarchie de Juillet
Date de publication : Août 2014
Auteur : Mathilde LARRÈRE
La revue du 29 août 1830
Le 29 août 1830, Louis-Philippe Ier passe en revue les 50 000 gardes nationaux de Paris et de sa banlieue. La garde nationale, institution civique créée à la veille de la prise de la Bastille, licenciée par Charles X en 1827, s’était spontanément reconstituée pendant les journées révolutionnaires de 1830.
La revue du 29 août est la première fête officielle du nouveau régime. Elle est à la gloire de la garde renaissante, de la révolution, et célèbre également l’avènement d’une nouvelle monarchie, bourgeoise et libérale.
Le roi distribue les drapeaux
Commandé en 1834, achevé en 1836, le tableau de Court était destiné au décor de la salle 1830 du musée de l’Histoire de France. Il représente un des temps forts de la revue du 29 août 1830 : la remise des drapeaux.
La revue eut lieu au Champ-de-Mars, devant l’École militaire dont on aperçoit le fronton en arrière-plan. On avait dressé une tente pour que le roi, en uniforme de garde national, distribue les drapeaux avant d’assister au défilé.
La garde, comme la nation, recouvrait ses trois couleurs, remplacées par le drapeau blanc sous la Restauration. L’ensemble du tableau décline les couleurs nationales, des uniformes aux drapeaux flottants au vent. Le drapeau s’orne de la nouvelle devise de la garde : Ordre et Liberté.
Le chef de chaque bataillon devait se rendre sous la tente royale, prononcer le serment de fidélité à la Charte révisée et au roi (symbolisé par l’officier, la main sur le cœur), et recevoir le drapeau.
Le tableau montre le roi distribuant en personne les drapeaux. En réalité, c’est le général et marquis de La Fayette, commandant les légions citoyennes, qui fit la distribution. Il est ici relégué dans un coin de la toile. En 1834, au moment de la commande du tableau, La Fayette, à qui l’on avait retiré le commandement de la garde en décembre 1830, avait rejoint l’opposition. Court met en valeur la figure royale au détriment de celle du général déchu.
Auprès du roi se tiennent deux de ses fils, le duc d’Orléans, prince héritier, et le duc de Nemours, ébauchant une rhétorique dynastique. Parmi l’état-major royal, on reconnaît le maréchal Mortier[1], qui n’assista pas en réalité à la revue de 1830.
Le sacre du roi des barricades
« Jamais roi ne parut avoir réuni autant de titres de légitimité incontestable que n’en réunissait le roi après cette revue. Le roi fut sacré ce jour-là par les acclamations de ces 50 000 bourgeois. » Ces propos de Cuvillier-Fleury, journaliste libéral, permettent de mesurer l’importance symbolique que revêtit immédiatement la revue d’août, moment fondateur du régime.
Comparé à son principal antécédent, Le Serment de l’armée fait à l’Empereur après la distribution des aigles au Champ-de-Mars, le 5 décembre 1805, peint par David en 1810, le tableau de Court montre le passage d’un régime fondé sur la gloire et la puissance militaire à un autre qui recherche sa légitimité dans l’adhésion populaire.
Alain CORBIN, « L’impossible présence du roi », in Usages politiques des fêtes aux XIXe-XXe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, 1994.
Louis GIRARD, La Garde nationale 1814-1871, Paris, Plon, 1964.
Mathilde LARRÈRE, « Ainsi paradait le roi des Barricades, les grandes revues royales de la garde nationale sous la monarchie de Juillet », Le Mouvement social, no 179, avril-juin 1997.
Michael MARRINAN, Painting Politics for Louis-Philippe. Art and Ideology in Orleanist France, Yale University Press, 1988.
1. Le peintre se devait de l’honorer : Mortier était mort à la revue de juillet 1835, aux côtés du roi, sous les balles du régicide Fieschi.
Mathilde LARRÈRE, « L’avènement de la monarchie de Juillet », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/avenement-monarchie-juillet
Lien à été copié
Albums liés
Découvrez nos études
Panorama des Palais
L’exposition de 1878, inaugurée le 1er mai après dix-neuf mois de travaux et de préparation, s’inscrit dans…
Serment de La Fayette à la fête de la Fédération
Près de quatre cent mille personnes convergent vers le Champ-de-Mars ce 14 juillet 1790, en dépit d’un…
Fête de la Fédération, 14 juillet 1790
En 1790, l’Assemblée constituante décide d’organiser une grande « Fédération des troupes de ligne…
La fête de la Fédération
Il s’agit de la fête la plus célèbre de la Révolution française. Fête emblématique, au point qu’aujourd’hui encore notre…
L’avènement de la monarchie de Juillet
Le 29 août 1830, Louis-Philippe Ier passe en revue les 50 000 gardes nationaux de Paris et de sa banlieue. La…
Fête de l'Etre suprême au Champ de Mars (20 prairial an II - 8 juin 1794)
A l’été 1793, la Révolution française traverse une période sombre : le pays est durement touché par une…
Le refondateur du compagnonnage
Agricol Perdiguier (1805-1875) est sans aucun doute le compagnon du devoir (de liberté) le plus connu des historiens. Né…
Napoléon et sa légitimité de guerrier
Emblème déjà des armées romaines, des empereurs allemands, puis de la Prusse, de la Sicile et des États-Unis, l’aigle est adoptée en juin 1804…
L’Exposition russe de 1895 : l’alliance se donne en spectacle
Après sa victoire sur la France à Sedan en 1870, l’Allemagne se rapproche sur le plan diplomatique et…
L’abolition de la Royauté - 21 septembre 1792
Le 21 septembre 1792, la Convention nationale décrète l’abolition de la royauté. Ce décret met fin à la longue décadence du pouvoir monarchique…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel