Le courage héroïque du jeune Désilles, le 31 Août 1790, à l'Affaire de Nancy.
Auteur : LE BARBIER Jean-Jacques François
Lieu de conservation : Musée lorrain (Nancy)
site web
Date de création : 1790
Date représentée : 31 août 1790
H. : 43,5 cm
L. : 60 cm
Esquisse pour le tableau. Lavis bistre et crayon
Domaine : Peintures
© Musée Lorrain, Nancy - G. Mangin
La mutinerie de Nancy, août 1790
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Sabine BOUCHY DU PALUT
L’affaire de Nancy : un épisode marquant de la Révolution française
Le 31 août 1790, le marquis de Bouillé, gouverneur des Trois-Évêchés à Metz, lança une opération punitive contre les soldats de la garnison de Nancy, en rébellion contre leurs officiers. Le violent combat qui eut lieu devant le poste de garde de la porte Stainville fit trois cents morts et blessés, parmi lesquels le lieutenant Désilles, qui s’était interposé pour empêcher une lutte fratricide. La répression fut féroce : un soldat fut roué, quarante-deux pendus et quarante et un envoyés aux galères.
En janvier 1791, l’Assemblée constituante organisa une souscription publique pour qu’un tableau immortalise « l’affaire de Nancy ».
L’esquisse d’un tableau au thème devenu suranné
Le Barbier a représenté le courageux dévouement du lieutenant Désilles dans une composition en frise. Le héros, décalé à gauche, est couché sur les lumières des pièces d’artillerie que les insurgés ont disposées aux abords de la porte afin d’en empêcher la mise à feu ; le jeune lieutenant offre ainsi sa poitrine aux rebelles tout en tendant le bras d’un geste héroïque et théâtralisé pour être mieux immortalisé.
Le peintre avait fourni spontanément cette esquisse dès 1790 pour obtenir la commande du sujet. Toutefois, il ne termina sa toile qu’en 1794 et celle-ci fut présentée au Salon de 1795 (le tableau est actuellement conservé au musée des Beaux-Arts de Nancy comme dépôt de l’État). Entre-temps, la Révolution avait inversé la donne : le héros Désilles était devenu suspect à la cause, et les mutins étaient perçus comme des martyrs. Malgré quelques corrections apportées par le peintre à sa composition initiale, le tableau désignait toujours les soldats rebelles comme des factieux et il reçut un accueil très froid.
Le Barbier, tombé pendant longtemps dans l’oubli en raison des thèmes qu’il traitait dans sa peinture, a retrouvé aujourd’hui sa juste place. Après avoir été l’élève de Pierre, il fut reçu à l’Académie en 1785 comme peintre d’histoire. Dès lors, il exposa régulièrement au Salon jusqu’en 1814. Il fut l’un des principaux adeptes des principes de Vien et de David, en adoptant des compositions à l’antique et à la touche froide.
La plus fidèle restitution de l’événement
Grâce aux nombreuses gravures qui l’ont reproduite, la composition de Le Barbier a largement contribué à la diffusion de cet épisode marquant de la Révolution, lequel avait soulevé une vive émotion dans la France entière. L’artiste avait fait le voyage à Nancy avant d’exécuter son œuvre qui est la plus fidèle représentation de l’événement. Le visage du jeune lieutenant est restitué avec le plus grand souci d’authenticité grâce à l’utilisation d’un masque mortuaire, et l’architecture de la porte de Stainville, rebaptisée Désilles en l’honneur du héros, est représentée avec une grande exactitude.
Jean-Paul BERTAUD, La Révolution armée : les soldats-citoyens et la Révolution française, Paris, Laffont, 1979.
Éric HARTMANN, La Révolution française en Alsace et en Lorraine, Paris, Perrin, 1990.
COLLECTIF, La Révolution en Lorraine, musée historique Lorrain (19 mai – 31 août 1989), catalogue d’exposition réalisé par Francine ROZE avec la collaboration de Mireille CANET et Hubert COLLIN, Nancy, Guides du musée Lorrain, 1789.
COLLECTIF, Regard. Collection du musée des Beaux-Arts de Nancy, catalogue réalisé sous la direction de Béatrice SALMON, Paris, Réunion des musées nationaux, 1999.
François PUPIL, « Le dévouement du chevalier Désilles et l’affaire de Nancy en 1790 : essai de catalogue iconographique », Pays lorrain, no 2, 1976, p. 73-110.
Éric HARTMANN, La Révolution française en Alsace et en Lorraine, Paris, Perrin, 1990.
Sabine BOUCHY DU PALUT, « La mutinerie de Nancy, août 1790 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/mutinerie-nancy-aout-1790
Lien à été copié
Découvrez nos études
Guerres navales révolutionnaires
Le 13 prairial an II (1er juin 1794), l’escadre de Brest aux ordres de l’amiral Villaret de Joyeuse parvint à assurer le passage d’un convoi de…
Portrait du duc de Villars
Ce tableau est regardé comme la copie, une dizaine d’années plus tard, d’un premier portrait réalisé en 1704…
La Galerie des Glaces transformée en ambulance
L’effondrement du Second Empire en 1870 suite aux victoires de l’armée allemande s’accompagna d’une avance rapide de l’ennemi jusqu’à Paris,…
Les tirailleurs sénégalais dans la guerre de 1914-1918
Cette peinture de Félix Vallotton est datée de juin 1917, quelques semaines à peine après les offensives d’avril-mai sur le front de l’Aisne et de…
Commune : le peuple en arme
La Commune n’a pas disposé d’armée au sens strict. Ses rangs étaient composés d’une part de gardes…
Création de la Légion d'honneur
Les distinctions avaient été supprimées en 1791. Une fois au pouvoir, Bonaparte décida de créer un ordre national pour récompenser le mérite civil…
L'engagement des artistes dans la Grande Guerre
En Bretagne, les pertes humaines de la Grande Guerre semblent avoir été plus lourdes que dans le reste du territoire.…
Les Stukas, une arme nouvelle aux mains des nazis
Dès l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir le 30 janvier 1933, le réarmement de l’Allemagne est engagé. La constitution d’…
La Fronde
Depuis 1648, le ministère du cardinal Mazarin, appuyé par la régente Anne d’Autriche, mère du jeune…
Une vision sociale de l'armée
Dans la société française du XIXe siècle, les inégalités sont encore criantes…
Ajouter un commentaire
Mentions d’information prioritaires RGPD
Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel