Journée nationale de la paix
Noël 1936
Le communisme c'est la guerre
Journée nationale de la paix
Auteur : CARLU Jean
Lieu de conservation : Centre international de recherche de l’imagerie politique (Cirip) / Gesgon (Paris)
Domaine : Affiches
© ADAGP, © CIRIP - Photo Alain GESGON - Tous droits réservés
Guerre et paix 1936-1937
Date de publication : Octobre 2003
Auteur : Danielle TARTAKOWSKY
Le Front populaire et la guerre d’Espagne
Le 18 juillet 1936, le putsch du général Franco fait entrer l’Espagne dans une guerre civile, prolégomènes et champ de manœuvre de la guerre à venir. Le gouvernement Blum hésite sur l’attitude à tenir avant de se résoudre à la non-intervention. La droite estime la France trop impliquée. Elle accuse le gouvernement de Front populaire de risquer la guerre pour des motifs idéologiques. Les organisations de Front populaire se divisent. L’antifascisme et le pacifisme semblaient jusqu’alors se conforter et se confondre. Ils entrent en conflit d’intérêt. Faut-il tout faire, y compris la guerre, pour empêcher le fascisme de régner aux frontières ou au contraire sauver à tout prix la paix ? La guerre ou la paix, au cœur des affrontements, envahissent la propagande.
Représenter la paix, représenter la guerre.
Dans l’entre-deux-guerres, l’affiche constitue un des modes d’expression privilégié de cette propagande. Quelques exemples révèlent son efficacité graphique.
Les deux affiches se réclamant explicitement de la paix ont pour origine le Rassemblement universel pour la paix (mentionné sur l’une d’elles). Créée fin 1935 dans la mouvance communiste, cette association recrute cependant ses membres bien au delà de ses rangs en se réclamant du respect des principes de la SDN. La première affiche est l’œuvre de Jean Carlu, l’un des artisans majeurs du renouvellement de ce mode d¹expression graphique en France à partir de 1925. Elle invite à la journée nationale de la paix initiée par le RUP. Cette journée est soutenue par le ministère de l’Education nationale, en vertu des relations inédites alors nouées entre le gouvernement de Front populaire et les associations ayant contribué à sa victoire. La seconde affiche est l’œuvre du Belge Wilchar. Réalisée pour la Noël 1936, elle est une bonne illustration de la nature syncrétique de la culture de Front populaire. Les deux affiches représentent le globe terrestre. Qu’il soit en paix ou menacé, au moins apparaît-il en bleu à l’image des cieux que l’on voit dans l’affiche de Carlu (mais couleur de terre, bien qu’étoilé, dans l’affiche de Wilchar). C’est une manière de signifier qu’aucun conflit ne saurait demeurer local et, implicitement, de prendre position sur la guerre d’Espagne, qui n’est ouvertement évoquée sur aucune des affiches. Seule la seconde fait apparaître la guerre figurée symboliquement par un serpent, dans la tradition animalière des hydres. Mais une main, qui n’est pas sans évoquer le poing serré devenu emblématique du Front populaire, fait rendre gorge au serpent.
L’affiche assimilant le communisme à la guerre ne porte aucune signature d¹organisation et se donne dès lors pour l’expression d’une évidence commune (à l’égal de celle de Wilchar). Le communisme, seul adversaire désigné, est figuré par son drapeau. Il est en lambeaux mais ne se confond pas moins, la couleur aidant, avec l’explosion des bombes, au centre de l’affiche. Il est assimilé à une histoire, celle de l’Espagne, résumée en trois épisodes : la grève, hier, les bombes, aujourd’hui, et la guerre. Mais les silhouettes noires des première et troisième séquences évoquent plutôt les grèves de 1936 et, sans conteste, les poilus abattus dans les tranchées. Les bombes qui tombent alors même sur l’Espagne, sont, pour elles et dans les faits, d’origine italienne et surtout allemande. Il s’agit là d’une confusion entretenue qui doit à l’efficacité graphique de l’explosion centrale et à l’unification réalisée par la couleur d’être parfaitement gommée.
Des images à fronts renversés
Les figures adoptées permettent aux formations à l’origine de ces affiches de se battre à fronts renversés, ce qui est pour elles une nécessité. Les organisations antifascistes ne peuvent assumer l’idée de guerre nécessaire à laquelle bon nombre de leurs partisans vont pourtant se rallier. Elles mettent en avant la défense de la paix et utilisent l’une et l’autre l’image de l’enfance : l’une par le biais du ministère de l’Education nationale, l’autre à travers la figure de ce Jésus aux allures de petit prince avant l’heure, flanqué de son mouton. Le slogan quant à lui joue des ressorts publicitaires en instituant les besoins de l’enfant en argument, non de vente, ici, mais de ralliement. La formation adverse, qui ne dit pas son nom, se garde de son côté d’afficher un pacifisme inavouable, car suspect de collusion avec le fascisme menaçant. Elle préfère construire une image horrifiante du communisme fauteur de guerre. Les futurs clivages entre munichois et anti-munichois sont, ici, graphiquement déjà à l’œuvre.
Eric NADAUD, Le nouveau militantisme socialiste, in Le Mouvement social, n° 153, décembre 1990.
Danielle TARTAKOWSKY Le Front populaire, la vie est à nous Paris, Gallimard coll.« Découvertes », 1996.
Danielle TARTAKOWSKY, « Guerre et paix 1936-1937 », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/guerre-paix-1936-1937
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Bonjour,
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Merci pour l'intérêt que vous portez à notre site.
Les corrections sont désormais effectives.
A bientôt,
Anne-Lise, équipe du site L'Histoire par l'image
Rectification cartel affiche LE COMMUNISME C'EST LA GUERRE
Bonjour, je voulais juste vous faire remarquer que vous indiquez que l'auteur de l'affiche "Le communisme, c'est la guerre" comme anonyme alors que son nom apparaît clairement, il s'agit de "PHIL". De plus vous ne mentionnez aucune dimension à cette affiche alors que vous pouvez sans problème trouver les informations nécessaires comme je l'ai fait sur le site de la bnf. Je mentionne à mes élèves depuis plusieurs années votre site comme un site de référence mais j'ai été déçue par les informations et commentaires très incomplets des documents sur le Front Populaire. Je passe énormément de temps à fournir à mes élèves les informations les plus précises et les plus vérifiées possibles sur les documents que je leur donne à étudier et ce grâce et à cause d'internet (ce que je ne faisais pas en début de carrière) et je pensais pouvoir compter sur un site spécialisé comme le vôtre faisant appel à de vrais professionnels de l'histoire sur la même rigueur. En espérant pouvoir continuer à travailler avec vous avec toujours le même plaisir et la même confiance.
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