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Histoire de France. (2eme Race). Pl. 4

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Histoire de France. (2me Race). Pl. 5

Histoire de France. (2me Race). Pl. 5

Histoire de France. (Fin de la 3e Race). Pl. 8

Histoire de France. (Fin de la 3e Race). Pl. 8

Histoire de France. (2eme Race). Pl. 4

Histoire de France. (2eme Race). Pl. 4

H. : 39,8 cm

L. : 29,2 cm

lithographie ; planche IV, épisodes relatifs aux Carolingiens

Domaine : Estampes-Gravures

© RMN - Grand Palais (Mucem) / Franck Raux

lien vers l'image

08-521270 / 53.86.3604

  • Histoire de France. (2eme Race). Pl. 4
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L’Histoire de France à travers les images d’Épinal

Date de publication : Décembre 2019

Auteur : Alexandre SUMPF

Révolution de l’imprimé et refondation scolaire

Ces trois planches, parmi les centaines de milliers dessinées à Épinal tout au long du XIXe siècle, s’attachent à retracer l’histoire de France au travers de la succession des rois et de leurs principaux apports à la nation. L’imprimerie de la famille Pellerin, fondée en 1796, est à l’origine de ces séries au style reconnaissable qui ont accompagné les élèves de l’enseignement primaire et secondaire dans leurs apprentissages. Le soin apporté à l’impression en couleur à partir de bois et de pochoirs, puis de pierre (lithographie) à partir des années 1850 a révolutionné le marché en garantissant une qualité égale à des tirages souvent massifs.

Au fil du XIXe siècle, tous les aspects de la connaissance et de nombreux destins historiques ou personnages de fiction ont été pris comme sujets. Le style reconnaissable et le prix réduit ont fidélisé un public de plus en plus alphabétisé : la loi Guizot de 1833, puis les lois Ferry de 1881-1882 ont renforcé le rôle de l’école publique et inscrit l’imprimé au cœur des apprentissages. La monarchie de Juillet (1830-1848), les Républiques de 1848 et de 1870 et le Second Empire (1852-1870) ont porté un intérêt marqué à la construction de l’identité nationale à travers l’enseignement de l’histoire à l’école. Les planches de la série Histoire de France ont pu servir de support à une vision de la nation continue, malgré la discontinuité des régimes et les épreuves du peuple.

Le texte, support de l’image

La planche IV présentant la « deuxième race » (les Carolingiens) commence par le couronnement en 752 du vingt-troisième roi, Pépin le Bref, et s’achève seize cases plus loin en 888, avec la mort du vingt-neuvième roi, Charles le Gros. Pas moins de quatre vignettes sont consacrées au règne de Charlemagne, contre une à Louis II ou Louis III. Deux vignettes ont pour sujet des combattants émérites : Roland à Roncevaux en 778, et Eudes défendant Paris en 886.

La planche V de la même série s’étend sur cent ans tout juste. Elle reprend avec la lutte d’Eudes contre les Normands et se termine en 987 par le décès de Louis V le Fainéant, trente-cinquième et dernier roi carolingien. Cette fois, quatre femmes jouent un rôle dans l’histoire : une princesse à marier, une duchesse fière et deux empoisonneuses, à qui revient l’honneur de mettre fin à la dynastie.

C’est aussi par une femme, Jeanne d’Arc, que débute la planche VIII de la troisième série sur les Capétiens. Cette planche mène du couronnement en 1422 de Charles VII, paré de fleurs de lys, au massacre de la Saint-Barthélemy en 1572… en passant par Jeanne « Hachette », qui défendit Beauvais contre les Bourguignons en 1472. Comme Charlemagne et Eudes, la jeune Lorraine, qui périt brûlée à Rouen en 1431, figure parmi les temps forts de l’histoire nationale, dépassant même François Ier « père des lettres » (trois vignettes).

Le rythme de la narration est assez régulier, et le nombre de vignettes dessine de façon claire une forme de hiérarchie entre les règnes et les temps forts de l’histoire nationale.

Les images présentent des décors simples – tentures, mobilier, éléments d’architecture –, dans des tons où se détachent le rouge et le vert des costumes, le jaune doré des couronnes et des épées ; le pastel est réservé aux quelques figurants et à l’arrière-plan.

La répétition des motifs est sensible dans la planche IV : la mort de Charlemagne et celle de Charles le Chauve, juste en dessous, sont scénographiées de façon quasiment identiques ; Pépin, Louis III, Carloman et Charles le Gros portent le même costume royal grenat… que l’on retrouve dans la planche V sur les épaules de Charles III et Louis IV, et qui sert aussi de nappe à la cour de Bourgogne.

Les monarques qui incarnent la nation figurent sur presque chaque image, dans des positions statiques – allongé, debout, assis ou à genoux, et plus rarement au cœur de la bataille. Les visages, presque semblables, ne marquent aucune émotion. Seule la variation des situations d’une case à l’autre donne un semblant de dynamisme à une narration très répétitive.

Le dessin est commenté par un petit texte d’une ou deux phrases la décodant et concluant chaque épisode : l’information sert de support à une leçon de morale civique.

L’histoire par les historiettes : une leçon de morale civique

La vision de l’histoire proposée par les images d’Épinal correspond à l’état de la science historique, qui commence à peine à sortir de l’histoire-bataille et des vies illustres.

Diffusées à des dizaines de milliers d’exemplaires, les planches de la série Histoire de France servent à frapper l’imagination par une succession de faits simples et à marteler quelques idées suffisamment générales pour susciter l’adhésion de tous les groupes sociaux et politiques de la nation.

L’association entre images frappantes et commentaires didactiques ainsi que l’effet de série, induit par la disposition de quatre fois quatre carrés allongés, sont caractéristiques de ce genre d’imagerie populaire, qui tire son origine des « occasionnels » racontant à la volée les faits divers, les mystères et les épopées du temps. Outre les montées sur le trône, les victoires militaires et les morts plus ou moins tragiques, certains épisodes relèvent de l’anecdote – Pépin le Bref tranchant la tête d’un lion, ou la cruauté de Louis XI – et la plupart de l’édification.

La version simplifiée de l’histoire suit la geste royale sans attention ou presque à la société. Cette histoire est violente – empoisonnements, assassinats, batailles et détentions rythment la narration – et adopte un point de vue strictement masculin : le récit national ne fait la place aux femmes que lorsqu’elles s’imposent aux hommes par leur force de caractère. Les textes critiquent impitoyablement les rois, dont la faiblesse met en danger le royaume, et remet en cause l’exclusion statutaire des femmes de la succession dynastique.

Dans un siècle prolifique en changement de régimes – deux empires, deux monarchies et deux républiques –, la maison Pellerin évite soigneusement de politiser le passé national. Le traitement des trois personnages placés au premier plan par le nombre de vignettes qui leur sont consacrées dessine les grandes lignes d’un consensus.

Charlemagne est montré en évangélisateur, en protecteur de la chrétienté (Roncevaux), en promoteur de l’école – des enfants sont exceptionnellement dessinés – et, enfin, sur son lit de mort. Le texte qui accompagne cette dernière image rappelle qu’il a été couronné empereur, mais choisit l’ellipse pour privilégier une scène d’affliction et de transmission et ne pas insister sur ce précédent politique.

Eudes apparaît de façon alternée en combattant et en dirigeant juste : il partage la couronne avec Charles III à la fin de la régence qu’il n’a pas imposée par la force, mais lui a été confiée par ses pairs. Son exemple tranche ainsi avec les trahisons qui précipitent de façon réitérée le royaume dans la crise. Le commentaire mentionne aussi ses quatre mille cavaliers et le massacre de vingt-neuf mille Normands, des précisions chiffrées rares censées magnifier l’exploit militaire du sauveur de la nation.

L’histoire de Jeanne suit les principales étapes de sa désormais fameuse épopée, depuis son apparition à la cour de Chinon jusqu’à sa mise à mort à Rouen, en passant par la victoire devant Orléans et le couronnement de Charles VII à Reims. Ses trois costumes symbolisent tour à tour la France populaire et paysanne, l’ardeur combattante au service de la couronne et le martyre chrétien – des symboles œcuméniques et fédérateurs.

Les choix d’épisodes glorieux ou significatifs relèvent tous d’une certaine idée de la construction de l’État, de la protection du territoire national, de l’alliance entre le monarque et le peuple – Louis XI rend ainsi « de grands services à la France » et « contribue à détruire la féodalité, institue les postes et favorise l’industrie ». Les « races » qui ont porté l’histoire de France se trouvent donc évaluées dans la dernière partie du XIXe siècle à l’aune des qualités civiques inculquées aux élèves : faire primer l’intérêt de la France sur ses ambitions personnelles, protéger les frontières nationales à tout prix et utiliser son pouvoir à bon escient.

GEORGE Henri, La belle histoire des images d’Épinal, Paris, Le Cherche-Midi, 2005 (1re éd. 1996).

LELIÈVRE Claude, Les rois de France : enfants chéris de la République, Paris, Bartillat, 1999.

MISTLER Jean, BLAUDEZ François, JACQUEMIN André, Épinal et l’imagerie populaire, Paris, Hachette, coll. « Bibliothèque des Guides bleus », 1961.

Imagerie populaire : Née avec les techniques d’impression mécanique qui permettent la reproduction d’une même image à l’infini et sa diffusion à moindre coût et au plus grand nombre à des fins d’information, mais également de propagande. L’un des principaux centres de fabrication de ces gravures populaires est Épinal – on parle en ce cas d’images d’Épinal.

Alexandre SUMPF, « L’Histoire de France à travers les images d’Épinal », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 25/10/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/histoire-france-travers-images-epinal

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