Aller au contenu principal
Entrée du second service au festin royal donné après le sacre de Louis XV, au palais archiépiscopal de Reims

Entrée du second service au festin royal donné après le sacre de Louis XV, au palais archiépiscopal de Reims

Cavalcade de Louis XV après le Sacre

Cavalcade de Louis XV après le Sacre

Entrée du second service au festin royal donné après le sacre de Louis XV, au palais archiépiscopal de Reims

Entrée du second service au festin royal donné après le sacre de Louis XV, au palais archiépiscopal de Reims

Date de création : 1722-1742

Date représentée : 25 octobre 1722

H. : 45,7 cm

L. : 68,2 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

MV 5812 - 93-000796-02

Le sacre de Louis XV

Date de publication : Septembre 2012

Auteur : Philippe BOURDIN

Le Sacre de Louis XV (octobre 1722)

Pierre-Denis Martin, dit « Martin le Jeune » (né à Paris, vers 1663, et mort dans la même ville en 1742), fut, sous le règne de Louis XIV, pourvu de pensions et de la charge de « peintre ordinaire du roi ». À ce titre, il peignit nombre de tableaux pour orner les châteaux royaux de Versailles, Choisy et Compiègne (scènes de chasse, vues en perspective des villes, des domaines princiers). Il est évident que les cérémonies du sacre de Louis XV, en octobre 1722, dont il est le témoin actif, inaugurent une nouvelle étape de son œuvre et une forme de consécration personnelle, si besoin en était.

Si le souci de témoigner est si grand et la commande officielle si évidente (il faut établir aux yeux de tous la surpuissance mystérieuse d’un roi élu du ciel, investi d’une force invincible et miraculeuse), c’est que, plus que tout autre cérémonial d’État, le sacre est essentiel dans la religion royale. Malgré l’instantanéité de la succession conférée par l’hérédité – « le roi est mort, vive le roi » –, seule cette cérémonie fondatrice confère au souverain la totalité de son pouvoir et de sa puissance. L’affaire est d’importance dans le cas des héritiers mineurs : Louis XV n’a que cinq ans en 1715, lorsque meurt Louis XIV, et il est confié aux soins de son grand-oncle, le duc d’Orléans, « régent du royaume » jusqu’au 15 février 1723. Le sacre précède de quelques mois l’entrée en fonction du jeune prince.

Célébré à Reims, il se déroule en plusieurs temps, sur plusieurs jours : une nuit de recueillement, un jour de solennités (serments, messes, intronisation, sainte onction, hommages), le tout mêlant rites de chevalerie et cérémoniel catholique. C’est en « Roi Très-Chrétien », c’est-à-dire en défenseur universel de la foi, que Louis est couronné par douze pairs du royaume. Viennent ensuite le temps du festin puis, le lendemain ou le surlendemain, celui de la cavalcade, les deux moments clés retenus par l’artiste.

Un témoignage précis sur les suites immédiates de l’intronisation

Ces événements inspirent deux toiles à Martin, qui peint en l’occurrence pour la postérité, à la manière d’un historiographe : Entrée du second service au festin royal donné après le sacre de Louis XV, au palais archiépiscopal de Reims le 25 octobre 1722 et Cavalcade de Louis XV après le Sacre. 26 octobre 1722.

Entrée du second service nous emmène au palais du Tau, sous le regard des archevêques de Reims successifs dont les portraits en pied ornent la salle de réception et qui, au fil des règnes, ont dû l’un après l’autre financer ces agapes. Seul à une table au premier plan, Louis XV vêtu du manteau fleurdelisé attend le second service. La disposition des tables en U et l’alignement des convives sur un rang le long des murs rappellent les festins médiévaux. Reléguées au rôle de spectatrices, les princesses ont pris place dans une tribune, comme le veut la tradition. À l’image du roi, les pairs laïcs gardent leurs ornements (manteau d’hermine, collier du Saint-Esprit), les pairs ecclésiastiques leur mitre et leur chape. Ils se distinguent donc par le costume des autres invités que le roi honore (princes du sang, ambassadeurs, seigneurs).

La Cavalcade met en scène le nouveau souverain qui, au lendemain de son sacre, depuis le parvis de la cathédrale de Reims, monté sur un cheval blanc et accompagné du régent, sacrifie au rituel de ce grand défilé populaire. Il s’avance au centre d’un long cortège, suivi par les grands officiers de sa maison, les maréchaux de France et les officiers de l’ordre du Saint-Esprit. Les hautbois, les tambours, les trompettes marchent en tête et annoncent l’événement, puis viennent les gardes du corps et leurs officiers. Tous se rendent dans deux lieux sacrés de la monarchie, Saint-Marcoul d’abord, Saint-Remi ensuite. Le tableau est remarquable dans le rendu de l’architecture religieuse, des tapisseries tendues le long du passage de l’archevêché à la cathédrale, des individus formant cortège, des éléments anecdotiques de premier plan.

Un témoignage d’abord politique

Dans Entrée du second service, la réalité est mise à mal par la perspective, qui fait croire à une foule dense, dans laquelle se bousculent musiciens, valets en pourpoint et courtisans curieux. À défaut d’être attablés, les grands officiers sont mobilisés pour le service et la figuration, comme le veut l’étiquette. Or, ces banquets réunissent une centaine d’invités sous Louis XIII, une trentaine seulement à partir de Louis XIV – nous sommes loin des fastes pantagruéliques originels. Le service à la française impose que soient installés sur les tables de multiples plats copieusement fournis ; chacun s’y sert à loisir, et les restes, importants et présentables, sont servis, à l’Hôtel de Ville, aux grands officiers, aux différents acteurs du sacre, aux notables locaux. Les mets sont ici absents puisque nous sommes entre deux services et que le peintre veut surtout marquer l’enthousiasme de la cour et laisser à la postérité le portrait des grands qui ont légitimé Louis XV.

Le deuxième tableau insiste sur l’assentiment populaire. Il oublie en partie la dimension religieuse du défilé au profit de ses aspects plus politiques. En effet, la cavalcade précède la guérison des écrouelles (signes de tuberculose) par le roi. La sainte onction est censée lui avoir conféré un extraordinaire pouvoir thaumaturgique par la seule imposition de ses mains sur le corps des malades. Cette manifestation très courue (deux mille personnes sont touchées par Louis XV) se déroulait à l’origine au prieuré Saint-Marcoul de Corbeny – d’où le passage obligé de la cavalcade – puis, à partir de Louis XIV, dans le cloître de Saint-Remi de Reims, après que le souverain s’était recueilli devant la châsse du saint.

· Marc BLOCH, Les Rois thaumaturges, Paris, Gallimard, 1924.

· Joël CORNETTE, Le Roi de guerre. Essai sur la souveraineté dans la France du Grand Siècle, Paris, Payot, 1993.

· Bernard HOURS, Louis XV. Un portrait, Paris, Privat, 2009.

· Thierry JORDAN (dir.), La Grâce d’une cathédrale. Reims, Strasbourg, La Nuée bleue, 2010. 

Philippe BOURDIN, « Le sacre de Louis XV », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 21/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/sacre-louis-xv

Ajouter un commentaire

HTML restreint

  • Balises HTML autorisées : <a href hreflang> <em> <strong> <cite> <blockquote cite> <code> <ul type> <ol start type> <li> <dl> <dt> <dd> <h2 id> <h3 id> <h4 id> <h5 id> <h6 id>
  • Les lignes et les paragraphes vont à la ligne automatiquement.
  • Les adresses de pages web et les adresses courriel se transforment en liens automatiquement.
CAPTCHA
Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Mentions d’information prioritaires RGPD

Vos données sont sont destinées à la RmnGP, qui en est le responsable de traitement. Elles sont recueillies pour traiter votre demande. Les données obligatoires vous sont signalées sur le formulaire par astérisque. L’accès aux données est strictement limité aux collaborateurs de la RmnGP en charge du traitement de votre demande. Conformément au Règlement européen n°2016/679/UE du 27 avril 2016 sur la protection des données personnelles et à la loi « informatique et libertés » du 6 janvier 1978 modifiée, vous bénéficiez d’un droit d’accès, de rectification, d’effacement, de portabilité et de limitation du traitement des donnés vous concernant ainsi que du droit de communiquer des directives sur le sort de vos données après votre mort. Vous avez également la possibilité de vous opposer au traitement des données vous concernant. Vous pouvez, exercer vos droits en contactant notre Délégué à la protection des données (DPO) au moyen de notre formulaire en ligne ( https://www.grandpalais.fr/fr/form/rgpd) ou par e-mail à l’adresse suivante : dpo@rmngp.fr. Pour en savoir plus, nous vous invitons à consulter notre politique de protection des données disponible ici en copiant et en collant ce lien : https://www.grandpalais.fr/fr/politique-de-protection-des-donnees-caractere-personnel

Partager sur

Albums liés

Découvrez nos études

Le sacre de Louis XV

Le sacre de Louis XV

Le Sacre de Louis XV (octobre 1722)

Pierre-Denis Martin, dit « Martin le Jeune » (né à Paris, vers 1663, et mort dans la même ville en 1742), fut,…

Le sacre de Louis XV
Le sacre de Louis XV
L’image d’un royaume fatigué : le Pierrot de Watteau

L’image d’un royaume fatigué : le Pierrot de Watteau

Un royaume fatigué

Lorsqu’au lendemain de la mort de Louis XIV, son neveu Philippe d’Orléans est proclamé régent le 2 septembre 1715, il prend la…

Portrait du duc de Villars

Portrait du duc de Villars

Le duc de Villars, maréchal de France

Ce tableau est regardé comme la copie, une dizaine d’années plus tard, d’un premier portrait réalisé en 1704…

La Pendule astronomique de Louis XV : un chef d’oeuvre d’horlogerie

La Pendule astronomique de Louis XV : un chef d’oeuvre d’horlogerie

La reine des sciences

L’horloge astronomique de Louis XV, dite également de Passemant, témoigne de l’important intérêt du roi pour le progrès des…

La Bataille de Fontenoy

La Bataille de Fontenoy

Du « Bien-Aimé » au « Mal-Aimé »

Louis XV jouit du titre glorieux de « Bien-Aimé » pendant toute la première moitié de son règne. Sa popularité…

La Petite fiancée de Louis XV, Marie-Anne-Victoire d'Espagne

La Petite fiancée de Louis XV, Marie-Anne-Victoire d'Espagne

Le projet d’une alliance pour la paix

À la fin du long règne de Louis XIV, en 1715, son unique successeur était son arrière-petit-fils Louis XV,…

Nattier et le portrait en toute intimité de Marie Leszczynska

Nattier et le portrait en toute intimité de Marie Leszczynska

Marie-Charlotte-Sophie-Félicité Leszczynska est la fille du roi détrôné de Pologne, Stanislas Leszczynski. Née en 1703, elle est mariée en 1725 à…

Louis XV enfant recevant une leçon

Louis XV enfant recevant une leçon

L’éducation du roi

Devenu roi à l’âge de cinq ans à la mort de son arrière-grand-père, Louis XV doit encore parfaire sa formation. Ce tableau…

Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy

Louis XV sur le champ de bataille de Fontenoy

Une monarchie en crise

Le Salon de 1840 intervient dans un moment de crise du régime. La défiance croissante vis-à-vis du roi Louis-Philippe…

Les Demeures royales

Les Demeures royales

Versailles à la charnière de deux règnes

Cette série de tableaux de Pierre-Denis Martin (1663-1742) s’insère à une période charnière de l’…

Les Demeures royales
Les Demeures royales
Les Demeures royales