Des résistants tirant avec un lMG Bren.303 britannique
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : Bildarchiv Preussischer Kulturbesitz (BPK, Berlin)
site web
Date de création : 23 août 1944
Date représentée : 23 août 1944
Domaine : Photographies
© BPK, Berlin, Dist. GrandPalaisRmn / image BPK
09-510173
La libération de Paris
Date de publication : Juin 2013
Auteur : Alexandre SUMPF
La libération de Paris en images
La libération de Paris se déroule du 19 au 24 août 1944. Alors que les troupes alliées débarquées en Normandie en juin avancent vers l’est et prennent la poche de Falaise (12-21 août), une insurrection populaire est organisée et menée par la Résistance dans la capitale.
Métro, gendarmerie (13 août), police (15 août), poste (16 août) entament une grève qui devient générale le 18 août. Sous le commandement de Rol-Tanguy et de Chaban-Delmas, divers groupes assez mal équipés dressent des barricades, organisent des embuscades et entreprennent même de réels combats pour harceler les positions de l’occupant, comme à la préfecture de police le 19 août. Le 23 août, les insurgés contrôlent près du tiers de la ville, mais leur situation est très précaire, faute de soutien et de munitions. Au vu des circonstances, et sous la pression de divers responsables français, les Alliés sous commandement américain décident alors de libérer la capitale (qu’ils avaient au départ prévu de contourner pour poursuivre plus rapidement leur marche vers l’est). À la tête de la 2e DB, le général Leclerc parvient à entrer dans la ville le 24 août par la porte d’Orléans, précipitant la capitulation nazie le 25 août.
Hautement symbolique, la libération de Paris est aussi très « photogénique ». Qu’ils soient effectués par de simples amateurs ou par des photographes plus illustres, les très nombreux clichés des combats ont une portée documentaire et artistique, à l’image de celui étudié ici, « Des résistants tirant avec un lMG Bren.303 britannique ».
Ombre et lumière
Prise sur le vif, la photographie « Des résistants tirant avec un lMG Bren.303 britannique » présente une scène assez saisissante. Elle montre deux insurgés qui se sont postés devant une fenêtre dans un appartement parisien situé au troisième ou au quatrième étage. Le premier, debout, vise et tire dehors (dans la rue ou vers d’autres appartements) à l’aide d’un IMG Bren.303, fusil mitrailleur assez imposant. Accroupi à ses côtés, le second tient un chargeur de rechange, regardant comme il peut au-dehors sans pour autant s’exposer aux éventuels tirs ennemis.
Structurée par le « cadre » de la fenêtre, l’image joue aussi du contraste entre l’ombre de la pièce plongée dans l’obscurité (complète sur la gauche, un peu éclairée en bas) et la lumière d’août. Au soleil ressortent ainsi le maillot blanc du tireur et, à contre-jour, la masse sombre du fusil. Au second plan, des immeubles assez élevés sont visibles de l’autre côté de la rue.
Embarqué et immergé dans l’action, le photographe concentre son attention sur la seule action du tireur, consacré à ce moment tendu, suspendu, crucial et décisif de la visée.
Âpres combats
Comme d’autres clichés consacrés à la libération de Paris, « Des résistants tirant avec un lMG Bren.303 britannique » montre d’abord la réalité et l’âpreté des combats menés par les insurgés pour reprendre la ville ou au moins préparer (et faciliter) l’arrivée des troupes militaires alliées. Les deux hommes sont des civils qui luttent avec leurs moyens (une seule arme, assez impressionnante il est vrai, et semble-t-il, une seule recharge) contre l’armée allemande. Loin d’être symbolique ou anecdotique, l’insurrection menée par les résistants a en effet eu un rôle stratégique et politique majeur.
Si le « paysage parisien » est ici assez discret, cette scène de guérilla en milieu urbain constitue toutefois une image forte et originale où des éléments familiers (une pièce d’un appartement classique, un radiateur, une fenêtre, une vue sur les immeubles d’en face) se lisent différemment, intégrés qu’ils sont à une situation exceptionnelle.
En rendant parfaitement l’intensité d’un instant précis, le photographe déploie avec un certain art une symbolique efficace, qui montre des hommes luttant pour faire basculer la ville de l’ombre de l’Occupation à la lumière de la liberté chèrement reconquise.
· Jean-Pierre AZÉMA, Nouvelle histoire de la France contemporaine, tome XIV « De Munich à la Libération, 1938-1944 », Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 1979, nouv. éd. 2002.
· Larry COLLINS et Dominique LAPIERRE, Paris brûle-t-il ? Paris, Pocket, 1964.
· Jacques KIM, La Libération de Paris : les journées historiques du 19 au 26 août vues par les photographes, Paris, Artra, septembre 1944.
· Édith THOMAS, La Libération de Paris, Paris, Mellottée, 1945.
Alexandre SUMPF, « La libération de Paris », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/liberation-paris
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