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Bulletin de santé de la vaccination de Louis XVI, du comte de Provence, du comte d'artois et de la comtesse d'artois

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Bulletin de santé de la vaccination de Louis XVI, du comte de Provence, du comte d'artois et de la comtesse d'artois

Date de création : 24 juin 1774

Date représentée : 24 juin 1774

H. : 255 cm

L. : 195 cm

imprimé

Domaine : Archives

© RMN - Grand Palais (château de Versailles) / Gérard Blot

lien vers l'image

98-019581 / RH2a

Louis XVI et l’inoculation de la variole : quatre bulletins de santé royaux (24, 25, 26 et 29 juin 1774)

Date de publication : Avril 2020

Auteur : Pierre-Yves BEAUREPAIRE

De la variole naturelle de Louis XV à la variole artificielle de Louis XVI

Le 24 juin 1774, date du premier bulletin de santé, Louis XVI est roi de France depuis seulement un mois et demi. Suite à la mort de son grand-père, Louis XV, le 10 mai 1774, après une longue agonie, de la variole, déclarée le 26 avril à Marly, la décision a été prise d’inoculer au jeune roi la petite vérole, c’est-à-dire la variole.

Ce sera le 18 juin. Elle est dite vérole artificielle pour la distinguer de la vérole naturelle, contractée involontairement et qui est nettement plus virulente. Le célèbre mathématicien suisse Daniel Bernoulli estime alors dans « Réflexions sur les avantages de l’Inoculation […] lues dans l’assemblée publique du 16 avril 1760 », publiées dans Mercure de France en avril 1760, que l’espérance de vie à la naissance d’un enfant non inoculé est de 11,5 ans, alors que celle d’un inoculé augmente à 25,5 ans. Le rapport de l’inoculation royale indique : « La Famille royale persuadée enfin par l’évidence des faits les plus authentiques et les plus multipliés, qu’il n’existait qu’un moyen de se mettre désormais en sûreté contre les malheurs qui la menaçaient encore de toute part, prit tout à coup, seule et sans impulsion étrangère, le parti courageux de recourir à l’inoculation », ce qui tient de la communication officielle. En réalité, la famille est très réticente, à la différence de nombreuses maisons européennes, et un mois avant l’inoculation, rien n’était acquis. Voltaire presse lui-même les Bourbons : « C’est notre malheur que les vérités et les découvertes en tout genre essuient longtemps parmi nous des contradictions ; mais, quand un intérêt si cher parle, les contradictions doivent se taire. » Le défi de la variole est un révélateur des Lumières.

Pour avoir une chance de protéger la famille royale, il faut une couverture immunitaire large. L’inoculation concerne donc les deux frères du roi, Monsieur – le comte de Provence, futur Louis XVIII – et le comte d’Artois – futur Charles X –, ainsi que la comtesse d’Artois. Marie-Antoinette avait été quant à elle inoculée dès 1768 sur ordre de sa mère, l’impératrice-reine Marie-Thérèse.

Dès lors, la cour guette l’évolution des symptômes des inoculés, en espérant une protection rapide. C’est l’objet de ces bulletins de santé, qui attestent jour après jour de l’évolution de leur état clinique. Ces bulletins sont relayés par les autorités et nourrissent la communication officielle de la monarchie, notamment afin de contrer les rumeurs.

Un bulletin médical officiel

Le bulletin a tout d’un document officiel, à commencer par la représentation des armes de France et la mention de l’Imprimerie du roi à Versailles. Il indique le lieu de confinement des patients depuis le 17 juin (Marly), la date (ici, le 24 juin 1774) et l’heure à laquelle le premier communiqué arrête l’état clinique des quatre inoculés. Pour chacun d’eux, l’avis est signé par les mêmes quatre médecins : Lieutaud, Lassone, Richard – l’inoculateur, surnommé dans les salons parisiens Richard sans Peur, selon Madame Du Deffand – et Jauberthon. De La Bordere, Buffon et Portat signent les bulletins de santé du comte de Provence, du comte et de la comtesse d’Artois, mais pas celui du roi.

L’avis médical décrit l’état clinique des patients et les symptômes de la maladie qu’ils développent : la fièvre, annonciatrice de l’affection éruptive, le « malaise universel », c’est-à-dire des douleurs généralisées, les maux de tête, les démangeaisons.

On observe que si les quatre bulletins sont séparés, ils sont associés dans leur mise à page, car il s’agit bien d’une inoculation collective. L’état clinique du comte de Provence est donc comparé à celui du roi, chez qui les réactions locales à l’inoculation sont plus fortes. Le comte et la comtesse d’Artois ferment la marche, et l’état du futur Charles X est comparé à celui du futur Louis XVIII. La présentation même associe donc le roi à ses frères, mais suit l’ordre de succession au trône, le couple royal n’ayant pas encore d’enfants (leurs naissances s’échelonnent entre 1778 et 1785).

Les bulletins suivants, ceux des 25, 26 et 29 juin, précisent l’évolution des symptômes, avec des nuits plus agitées. Si les inoculés sont confinés à Marly, les bulletins précisent qu’ils se promènent dans le parc. Sur le plan clinique, le bulletin du 29 se veut rassurant pour le roi : onze jours après l’inoculation, la suppuration est abondante et les premiers boutons sont en cours de dessèchement.

Mise en perspective : comment gérer la communication autour de la santé des chefs d’État ?

Ce bulletin de santé n’est pas la seule communication monarchique au sujet de l’inoculation de 1774. L’un des signataires, Lassone, rédige un compte rendu détaillé de l’intervention qui, imprimé, est lu devant l’Académie des sciences le 20 juillet.

Ces différentes publications, qui suivent au quotidien l’évolution de la santé de Louis XVI et des héritiers présomptifs de la couronne, montrent bien que la séparation entre le privé et le public n’a pas de sens pour un souverain du XVIIIe siècle. Il en va de même quelques années plus tard, lorsque l’espace public bruit de rumeurs sur l’impuissance supposée – à tort – du roi. Lorsque son beau-frère, l’empereur Joseph II, vient même à Versailles s’entretenir avec le couple royal, les courtisans veulent à tout prix connaître le contenu de leurs échanges. Bientôt, les chansonniers glosent sur Charlot et Toinette.

Dans un régime monarchique, l’enjeu politique est essentiel : en cas de maladie royale, il faudrait à la fois informer pour faire taire les rumeurs, mais surtout rassurer pour prévenir tout risque de désordre et entretenir l’amour des sujets pour leur souverain. L’avis scientifique est clairement mis en avant ; on note qu’il n’y a pas de secrétaire d’État à la Maison du roi ou principal ministre parmi les signataires.

Sous la Ve République, les présidents en exercice ont, eux aussi, dû faire face à la maladie et aux attentes du public en termes d’information sur leur santé. La maladie de Georges Pompidou a été tue jusqu’à la fin, mais les contemporains ont pu observer à la télévision sa transformation physique – grande différence avec le XVIIIe siècle. François Mitterrand annonce, lui, qu’il publiera régulièrement un bulletin de santé, mais tait également sa lutte contre le cancer.

DARMON Pierre, La variole, les nobles et les princes : la petite vérole mortelle de Louis XV (1774), Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « La mémoire des siècles » (no 216), 1989.

SETH Catriona, Les rois aussi en mouraient : les Lumières en lutte contre la petite vérole, Paris, Desjonquères, coll. « L’esprit des lettres », 2008.

Pierre-Yves BEAUREPAIRE, « Louis XVI et l’inoculation de la variole : quatre bulletins de santé royaux (24, 25, 26 et 29 juin 1774) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 25/04/2024. URL : histoire-image.org/etudes/louis-xvi-inoculation-variole-quatre-bulletins-sante-royaux-24-25-26-29-juin-1774

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