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Plan du siège de Toulon, novembre et décembre 1793

Plan du siège de Toulon, novembre et décembre 1793

Date de création : 1842

Date représentée : 20 décembre 1793

H. : 212 cm

L. : 117 cm

Huile sur toile.

Domaine : Peintures

© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

MV 585 - 94-051946

Le siège de Toulon (septembre-décembre 1793)

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Alain GALOIN

À la fin de 1792, après les victoires de Valmy et Jemmapes, la situation militaire de la France est excellente, mais la politique conquérante de la Convention girondine inquiète les puissances européennes. La formation d’une nouvelle coalition est inévitable. Son principal instigateur, le Premier ministre britannique William Pitt, qui ne peut voir « d’un œil indifférent la France s’ériger, directement ou indirectement, en souverain des Pays-Bas », réussit à convaincre la Hollande, Naples, le Portugal et l’Espagne d’entrer en guerre contre la France aux côtés de l’Autriche, de la Prusse et des princes allemands. Malgré la levée en masse de 300 000 hommes décrétée le 23 février 1793, les frontières du Nord et de l’Est sont forcées. Vaincues à Neerwinden le 18 mars 1793, les troupes françaises doivent évacuer la Belgique, et Dumouriez passe à l’ennemi. Au Sud, les Espagnols pénètrent dans le Roussillon.

À la Convention, les échecs militaires et les difficultés financières et économiques provoquent l’arrestation de vingt-neuf députés girondins le 2 juin 1793. De nombreux départements refusent d’accepter ce coup d’État et s’insurgent : c’est la révolte fédéraliste. Bordeaux, Nantes, Lyon, Avignon, Marseille et d’autres villes se soulèvent contre la Convention montagnarde. Le 12 juillet 1793, la rébellion gagne Toulon : les fédéralistes chassent la municipalité jacobine mais sont bientôt supplantés par les royalistes. À l’annonce de la prise de Marseille par les troupes de la Convention, ces derniers, dirigés par le baron d’Imbert, font appel à la flotte anglo-espagnole qui croise au large pour soutenir les troupes engagées dans le Roussillon. Le 28 août, 13 000 Britanniques, Espagnols, Sardes et Napolitains débarquent à Toulon, qui peut désormais assurer aux coalisés une base pour tenter une invasion. Il est donc vital pour le Comité de salut public de reprendre possession de ce site stratégique.

Actif sous la Restauration, la monarchie de Juillet et le second Empire, Siméon Jean Antoine Fort (1793-1861) étudie sous la direction de Christian Brune (1789-1849) et expose au Salon à partir de 1824. La précision topographique de ce tableau est caractéristique de l’œuvre de ce peintre paysagiste. Le premier plan montre les lignes françaises installées sur les hauteurs qui dominent la petite rade de Toulon, limitée, à droite, par la pointe de l’Éguillette que somme la redoute du Caire. Sur la côte opposée apparaît le port de Toulon, au pied des crêtes du mont Faron. À l’arrière-plan s’étend la grande rade, dont l’accès est protégé par des îlots fortifiés. Les positions anglaises ne sont pas représentées : elles se trouvaient hors champ, à droite, au-delà de la grande rade.

Proche du roi Louis-Philippe, Siméon Fort fut chargé d’illustrer les grands événements de la Révolution et de l’Empire pour le musée de l’Histoire de France aménagé par le roi dans les galeries historiques du château de Versailles. De tous les artistes engagés pour constituer cette importante collection iconographique et historique, il fut probablement le plus sollicité.

Pour venir à bout des insurrections fédéralistes qui éclatent en Provence, le Comité de salut public y dépêche l’armée dite des « Carmagnoles », commandée par le général Jean-François Carteaux (1751-1813), qui descend la vallée du Rhône, reprend Avignon le 25 juillet 1793 et Marseille le 25 août. Dès lors, Toulon peut être assiégé, pris en tenaille entre l’armée des Alpes et les troupes venues de Marseille.

Le siège va durer près de quatre mois en raison, notamment, de l’antipathie réciproque qui règne entre Carteaux et son chef d’artillerie, le jeune capitaine Napoléon Bonaparte. Pour ce dernier, prendre la pointe de l’Éguillette qui commande l’entrée de la petite rade, c’est prendre Toulon. Carteaux se moque de lui : « Ce blanc bec [sic] ne connaît rien à la géographie. » Lorsqu’en novembre le général Jacques François Dugommier (1738-1794) succède à Doppet, bref remplaçant de Carteaux, le nouveau venu devine l’énorme potentiel de son artilleur et lui donne carte blanche. Bonaparte galvanise ses troupes, donne à ses batteries d’artillerie des surnoms propices à la motivation et au courage : la batterie des Hommes sans peur, la batterie des Sans-culottes, la batterie de la Convention, la batterie de la Montagne… Le 12 novembre, le fort de l’Éguillette est pris, ceux de Mulgrave, de Balaguier et du Faron le 17. Les positions anglaises sont soumises à un pilonnage intensif. Les Anglais quittent la rade de Toulon le 19 décembre, et les troupes républicaines investissent la ville le lendemain.

Dirigée par Paul Barras et Stanislas Fréron, la répression est sanglante : 700 à 800 royalistes sont sommairement fusillés sur le Champ-de-Mars jusqu’au 31 décembre 1793. Ce siège marque le début de l’ascension de Napoléon Bonaparte : arrivé capitaine à Toulon, il en repart général et conquiert ainsi quatre grades en quatre mois. Sa prochaine grande aventure se jouera en Italie.

Maurice AGULHON (dir.), Histoire de Toulon, chapitre V par Michel Vovelle, Toulouse, Éditions Privat, 1980.

Fulgence GIRARD, « Toulon livré aux Anglais », in La France maritime, volume 3, 1837, p. 302.

Albert SOBOUL (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, entrée « Toulon » par Michel Vovelle, Paris, P.U.F., coll. « Quadrige », 1989.

Alain GALOIN, « Le siège de Toulon (septembre-décembre 1793) », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/siege-toulon-septembre-decembre-1793

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