Charles X présente, après son abdication, le comte de Chambord à la Garde Nationale
Embarquement de Charles X et de sa famille à Cherbourg
Mort de Charles X
Charles X présente, après son abdication, le comte de Chambord à la Garde Nationale
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
Date représentée : 2 août 1830
H. : 41 cm
L. : 52 cm
La scène se situe devant le château de Rambouillet.
Domaine : Estampes-Gravures
© GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / image GrandPalaisRmn
invgravures4058 - 74-003886
La Chute des Bourbons
Date de publication : Octobre 2009
Auteur : Alain GALOIN
Devenu roi le 24 septembre 1824 à la mort de son frère Louis XVIII, Charles X inaugure son règne par quelques mesures libérales, dont l’abolition de la censure des journaux, « pour rassurer l’opinion ». Néanmoins, il ne peut se résoudre à n’être qu’un roi constitutionnel : il dit lui-même qu’il préférerait « scier du bois que régner à la façon du roi d’Angleterre ». Avec l’aide de Joseph de Villèle (1773-1854), chef du gouvernement et leader des ultraroyalistes, il met donc en œuvre une politique qui traduit sa volonté manifeste d’un retour à l’ordre ancien.
Le 20 avril 1825, la loi sur le sacrilège établit la peine de mort pour la profanation et le vol d’objets consacrés. Avec l’anachronique cérémonie du sacre du 29 mai 1825, cette loi renforce l’alliance du trône et de l’autel, et nourrit un sentiment anticlérical dans la population française. Le 28 avril 1825 est votée la loi sur le milliard des émigrés, qui indemnise les aristocrates ayant perdu leurs biens pendant la Révolution. Le 29 avril 1825, la Garde nationale est dissoute. La censure est rétablie (1825-1827). Malgré l’aide apportée à la Grèce pour conquérir son indépendance contre l’Empire ottoman et malgré la prise d’Alger (6 juillet 1830), l’impopularité du roi est à son comble.
La victoire de l’opposition aux élections législatives de 1827 contraint Charles X à mettre en place le ministère libéral du vicomte de Martignac le 5 janvier 1828, mais cette accalmie ne dure pas : le 8 août 1829, Martignac est remplacé par Jules de Polignac, un royaliste ultra. Charles X dissout la Chambre des députés, qui lui est hostile, mais les élections des 23 juin et 3 juillet 1830 renforcent une opposition allant des orléanistes aux républicains. Le roi répond à l’adresse des 221 par les ordonnances de Saint-Cloud (25 juillet 1830), qui dissolvent l’Assemblée, modifient le système électoral et suppriment la liberté de la presse.
Le peuple de Paris se soulève les 27, 28 et 29 juillet : ce sont les Trois Glorieuses. Le 2 août, Charles X abdique en faveur de son petit-fils, le duc de Bordeaux, et prend le chemin d’un nouvel exil.
Le naufrage du règne de Charles X, son exil et sa mort ont abondamment nourri l’inspiration des peintres, caricaturistes et lithographes, et ont donné lieu à une riche iconographie, souvent d’origine populaire.
La première estampe représente le château de Rambouillet, où le roi et sa famille se sont réfugiés après les Trois Glorieuses. Le 2 août 1830, il y renonce au trône en faveur de son petit-fils, Henri Dieudonné, comte de Chambord et duc de Bordeaux. Il présente à la Garde nationale son successeur, qui ne régnera jamais.
La deuxième estampe est l’œuvre de Victor-Jean Adam (1801-1866). Fils du graveur Jean Adam, cet artiste était entré à l’École des beaux-arts de Paris en 1814, à l’âge de treize ans. Il avait été l’élève de Charles Meynier (1763-1832) et du baron Regnault (1754-1829), avant d’être remarqué au Salon de 1819. Illustrateur, peintre d’histoire et de scènes de genre, il excella dans l’art de la lithographie et laisse près de huit mille planches, dont une série de gravures restituant les événements révolutionnaires parisiens de juillet 1830. Celle-ci représente Charles X quittant Cherbourg le 16 août 1830 pour son exil anglais. Le roi embarque à bord du Great Britain, un voilier affrété et commandé par le capitaine Dumont d’Urville. Il est accompagné du duc et de la duchesse d’Angoulême, de la duchesse de Berry et du duc de Bordeaux, et d’une nombreuse suite qui a nécessité l’affrètement d’un second navire, le Charles-Carroll.
La troisième gravure, quant à elle, évoque la mort de Charles X. Dans la partie terrestre de l’image, le roi mourant est entouré des membres de sa famille : le duc et la duchesse d’Angoulême, le duc de Bordeaux agenouillé au pied du lit, et sa sœur, assise. Debout près du lit, le prêtre désigne le ciel où, sur une nuée, est figurée l’ascendance royale du souverain. Sous le symbole rayonnant de la Trinité sont ainsi représentés, entre autres, Louis XVIII, Louis XVII, Louis XVI, Henri IV, et même Charlemagne et Jeanne d’Arc. D’inspiration nettement religieuse, cette lithographie souligne ainsi la légitimité dynastique et le caractère divin du monarque déchu.
Le 2 août 1830, Charles X, réfugié au château de Rambouillet, est contraint d’abdiquer. Il convainc son fils, le dauphin Louis-Antoine, duc d’Angoulême, de renoncer également au trône en faveur du duc de Bordeaux. Le 3 août, devant les Chambres réunies, le duc d’Orléans, lieutenant général du royaume, annonce l’abdication du dernier des Bourbons, en omettant de préciser au profit de qui elle a été cosignée. Il est proclamé roi des Français par les Chambres sous le nom de Louis-Philippe Ier : c’est le début de la monarchie de Juillet.
Charles X, quant à lui, gagne le port de Cherbourg et s’embarque avec sa famille pour Portsmouth, en Angleterre. Il se retire d’abord au château de Holyrood, en Écosse. Grâce aux relations assez étroites qu’il entretient avec les Habsbourg d’Autriche, il s’installe au château de Prague le 25 octobre 1832. Il noue des liens amicaux avec la noblesse tchèque. En mai 1833, il reçoit la visite de François-René de Chateaubriand. Dans ses Mémoires d’outre-tombe, l’écrivain a laissé une description saisissante de la solitude du monarque déchu. En mai 1836, alors que le choléra sévit en Bohême, Charles X et sa famille sont accueillis à Goritz, près de Trieste en Vénétie, où l’épidémie les rattrape. Le roi en meurt le 6 novembre 1836.
Il est inhumé dans la crypte du couvent des Capucins de Goritz, où le rejoindront Madame Royale, le duc d’Angoulême et le duc de Bordeaux qui, en 1871, ne saura pas saisir l’opportunité d’une nouvelle restauration des Bourbons sur le trône de France.
Guillaume BERTIER de SAUVIGNY, La Restauration, Paris, Flammarion, 1955.
José CABANIS, Charles X, roi ultra, Paris, Gallimard, 1972.
Francis DEMIER, La France du XIXe siècle, Paris, Le Seuil, coll. « Points Histoire », 2000.
Éric LE NABOUR, Charles X, le dernier roi, Paris, Lattès, 1980.
Daniel MANACH, La Descendance de Charles X, roi de France, Paris, Christian, 1997.
Jean VIDALENC, La Restauration 1814-1830, Paris, P.U.F., coll. « Que sais-je ? », 1983.
Emmanuel de WARESQUIEL et Benoît YVERT, Histoire de la Restauration. Naissance de la France moderne, Paris, Perrin, 1996.
Nathalie JAKOBOWICZ, Le Peuple de 1830.Révolutions et représentations sociales, Rennes, P.U.R., 2009.
Alain GALOIN, « La Chute des Bourbons », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/chute-bourbons
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