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Transbordement des cendres de Napoléon Ier à bord de la Belle Poule, 15 octobre 1840.

Transbordement des cendres de Napoléon Ier à bord de la Belle Poule, 15 octobre 1840.

Transbordement des cendres de Napoléon Ier de la Belle Poule sur le vapeur

Transbordement des cendres de Napoléon Ier de la Belle Poule sur le vapeur "Normandie" en rade de Cherbourg, 8 décembre 1840.

Arrivée des cendres de Napoléon à Courbevoie. 14 décembre 1840

Arrivée des cendres de Napoléon à Courbevoie. 14 décembre 1840

Transbordement des cendres de Napoléon Ier à bord de la Belle Poule, 15 octobre 1840.

Transbordement des cendres de Napoléon Ier à bord de la Belle Poule, 15 octobre 1840.

Date de création : 1842

Date représentée : 15 octobre 1840

H. : 237,5 cm

L. : 369,5 cm

huile sur toile. Le cercueil de Napoléon Ier est hissé à bord de la Belle Poule pour le voyage de retour en rade de Jamestown, au large de l'île de Sainte-Hélène.

Domaine : Peintures

© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot

Lien vers l'image

MV 5124 - 97-000447

Le Retour des cendres de Napoléon

Date de publication : Mars 2016

Auteur : Jérémie BENOÎT

Le retour des cendres de Napoléon

Le retour des cendres de Napoléon

Le rapatriement du corps de Napoléon en France était discuté depuis le début de la monarchie de Juillet. Les bonapartistes s’employaient à convaincre un gouvernement inquiet de voir à cette occasion de nouveaux débordements politiques. Pourtant, dès le début de son second ministère en mars 1840, Thiers, aimant à flatter les sentiments bonapartistes du peuple, parvient à convaincre Louis-Philippe de ramener en France les cendres de Napoléon qui reposaient depuis le 5 mai 1821 dans la vallée du Géranium à Sainte-Hélène. Malgré les divergences franco-anglaises sur la question d’Orient, l’Angleterre est alors disposée à faire un geste pour conserver son influence dans cette région : rendre le corps de Napoléon à sa patrie. 

À la tête de l’expédition de La Belle Poule qui doit ramener la dépouille du grand homme, le prince de Joinville, fils de Louis-Philippe, parvient à Sainte-Hélène en octobre avant de revenir en France le 14 décembre 1840. Après avoir remonté la Seine – Louis-Philippe estimait ainsi éviter les risques d’émeute –, le cercueil de Napoléon débarque à Courbevoie, où d’anciens soldats le veillent une nuit entière. Ce fut le dernier bivouac, célébré entre autres par Théophile Gautier dans Émaux et Camées (1852). Le lendemain, le char funèbre remonte les Champs-Elysées et parvient aux Invalides où l’attend Louis-Philippe. Tout au long du parcours ce fut un délire d’enthousiasme donnant à penser que la résurrection de l’Empereur venait de se produire.

A la différence de Philippoteaux, Isabey et Morel-Fatio étaient des artistes spécialisés dans les marines. De même, si le tableau de Philippoteaux fut exposé au Salon de 1867, très tardivement par rapport à l’événement, les deux autres peintures en sont presque contemporaines. Morel-Fatio reçut commande de son tableau en 1841, précisément pour qu’il puisse prendre place dans le tout nouveau musée dédié à toutes les gloires de la France inauguré à Versailles en 1837. Isabey exposa quant à lui son œuvre au Salon de 1842, où elle fut acquise par le roi, un an après celui où Guiaud a représenté le passage d’un cortège place de la Concorde, réaménagée depuis peu.

Ces trois tableaux représentent trois moments successifs du retour des cendres, et montrent ainsi les trois bateaux qui transportèrent le cercueil de l’Empereur en France : La Belle Poule, le Normandie et la Dorade III.
Le tableau d’Isabey est sans doute le plus dramatique. Obscurci par la coque noire de La Belle Poule, il montre le transfert du cercueil à l’aide de cordes tandis que les marins saluent le corps de Napoléon de leurs rames dressées. Œuvre sombre, presque luministe, que viennent éclairer les fumées des salves de canon tirées pour la circonstance, la composition se veut solennelle, et seul le cercueil se présente en pleine lumière comme pour accentuer le côté sacré de l’événement.
La peinture de Morel-Fatio en revanche est assez froide. Elle dégage les navires et insiste plus sur la cérémonie que sur le transfert du cercueil, non visible. Sur une mer d’huile, dans une ambiance générale très calme, seuls se distinguent les drapeaux suspendus aux vergues. Aucune émotion ne se dégage de cette composition maritime sans éclat.
Le tableau de Philippoteaux insiste quant à lui sur les protagonistes de l’événement, présentés sur le pont de la Dorade III lors de leur arrivée à Courbevoie. A l’arrière-plan se dressent une colonne rostrale, encore inachevée le 14 décembre 1840, et un petit temple d’immortalité, en fait un hangar aménagé où se trouvait le char funèbre qui devait passer dans Paris le lendemain. Sur le pont du navire et placés autour du catafalque se tiennent les généraux Bertrand et Gourgaud, l’abbé Coquereau, aumônier de La Belle Poule, prosterné, Marchand, Emmanuel de Las Cases, le maréchal Soult et Philippe de Rohan-Chabot, jeune diplomate qui servit d’intermédiaire auprès du gouvernement britannique. Le prince de Joinville est naturellement le mieux mis en valeur. Fort bien composée avec la colonne qui semble s’élancer vers le ciel à gauche, l’œuvre n’est cependant représentative que de la retenue que requiert la cérémonie.

Très exactes en tant que représentations historiques, ces œuvres se ressentent cependant de leur caractère officiel. Toute dimension cultuelle en est absente, peut-être dans une moindre mesure chez Isabey, et elles montrent par là toute la distance qui existait entre l’art populaire et la représentation officielle de la figure de l’Empereur au XIXe siècle. Si le gouvernement de Louis-Philippe acceptait Napoléon, ce n’était pas par admiration envers le grand homme. En réalité, il s’agissait pour le roi des Français de faire perdurer son régime en gagnant l’opinion populaire par le biais de l’Empereur, mais surtout de faire entrer celui-ci dans l’Histoire par l’intermédiaire du musée de Versailles.

Collectif Catal. expo. Napoléon aux Invalides Paris, musée de l’Armée, 1990.

Jean TULARD Le retour des Cendres, t.2, La Nation , in Pierre NORA (dir.), Les Lieux de Mémoire Paris , Gallimard, 1988, rééd. coll. “ Quarto ”, 1997.

Jérémie BENOÎT, « Le Retour des cendres de Napoléon », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 11/12/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/retour-cendres-napoleon

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