Scène de la guerre des chouans.
Auteur : BELLET Auguste Emile
Lieu de conservation : musée des Beaux-Arts (Rennes)
site web
Date de création : 1882
Date représentée : 1794
H. : 320 cm
L. : 235 cm
peinture à l'huile sur toile
Domaine : Peintures
© Musée des beaux-Arts de Rennes, Dist. RMN - Grand Palais / Adélaïde Beaudoin
INV 01591
La guerre de Vendée vue par la IIIe République
Date de publication : Mars 2016
Auteur : Patrick DAUM
La chouannerie
La chouannerie, opposition armée des paysans de l’Ouest de la France aux assemblées révolutionnaires, est un thème de prédilection des peintres d’histoire au XIXe siècle.
En Bretagne, le soulèvement de l’hiver 1793-1794 concerne l’Ille-et-Vilaine, le Morbihan (en avril), la moitié des Côtes-d’Armor et la province du Léon. Cette révolte est violemment réprimée en quinze jours par l’armée et les gardes nationaux. En revanche, l’insurrection se développe en Vendée, où les paysans s’allient à la noblesse locale qui va les encadrer et constituer avec eux l’armée catholique et royale de Vendée.
La IIIe République, se voulant unificatrice, oppose l’émeute des chouans à la guerre des républicains. La Vendée et la Bretagne sont alors les symboles de la contre-révolution, et l’esprit républicain de l’époque considère la chouannerie comme une rébellion de paysans ignorants et fanatiques manipulés par la noblesse et le clergé.
Une iconographie qui n’évite pas l’imagerie
Parfait exemple de cette iconographie développant l’héroïsme des chouans, ce tableau est une œuvre de Salon (elle a été exposée en 1882) pour des Parisiens ignorants de l’histoire des chouans et recherchant l’imagerie.
Un chouan breton, désarmé et blessé, s’agrippe à une croix. Il a rampé jusqu’à ce calvaire, abandonnant en chemin chapeau, fusil et sabot. À l’horizon s’éloigne le peloton de soldats républicains qui a eu raison de sa résistance. Ce martyr de la foi dont la mort est imminente reproduit le stéréotype du paysan breton aux cheveux longs, vêtu d’un gilet et portant des sabots. Le calvaire devient un symbole de la douleur du Christ sauveur de l’homme et un lieu où s’effondrent les chouans qui combattent pour l’Église. L’auteur retient surtout le geste de piété ostentatoire et le détail du costume.
Le format vertical gigantesque donne une impression de monumentalité à la scène et en accentue l’aspect spectaculaire, faisant de ce tableau une icône de la chouannerie. Une mise en page efficace donne toute sa clarté au sujet. Cette peinture d’histoire n’évite cependant pas l’anecdote et rivalise avec la photographie dans sa description scrupuleuse des détails réalistes. La Mort du chouan n’est ici grande que par le format. Le drame se conclut avec emphase. Cette toile conjugue la mise en scène du martyre du chouan dont on célèbre le sacrifice et l’exaltation de l’identité bretonne, notamment celle du paysan rustre mais opiniâtre.
La peinture d’histoire d’inspiration révolutionnaire
À la veille de la célébration du centenaire de la Révolution, les peintres reproduisent abondamment des épisodes liés au soulèvement des chouans. Cette accumulation d’images de la chouannerie lui fait perdre sa force militante au profit d’une exploitation d’un genre. Le sentiment religieux breton s’exprime dans la représentation du chouan, qui peut être considérée comme une sous-catégorie au sein de la peinture d’histoire, en raison de son succès.
Qu’ils soient bretons ou non, les artistes s’attachent à peindre l’affirmation de cette province de Bretagne. Le XIXe siècle, passionné d’histoire, suscite un vif intérêt pour l’histoire locale des provinces et offre aux artistes l’occasion de développer des thèmes historicistes, en relation avec leur région d’origine, mais à l’iconographie souvent imaginaire ou réductrice. L’Ouest de la France est un territoire de référence pour cette peinture à la finalité souvent pédagogique, destinée à entretenir le souvenir.
François FURET, « Vendée », « Chouannerie », in François FURET, Mona OZOUF (dir.), Dictionnaire critique de la Révolution française, Paris, Flammarion, 1988, rééd. coll. « Champs », 1992.
Jean-Clément MARTIN, « La Vendée région mémoire » in Pierre NORA (dir.), Les Lieux de mémoire, t. 1, La République, Paris, Gallimard, 1984, rééd. coll. « Quarto », 1997.
Jean-Clément MARTIN, Blancs et Bleus dans la Vendée déchirée, Paris, Gallimard, coll. « Découvertes », nouv. édition, 2001.
Anne-Marie THIESSE, Ils apprenaient la France : l’exaltation des régions dans le discours patriotique, Paris, Éditions des sciences de l’homme, 1997.
COLLECTIF, Bretons ou Chouans… les paysans bretons dans la peinture d’histoire d’inspiration révolutionnaire au XIXe siècle, catalogue de l’exposition, Quimper-Saint-Brieuc, musée des Beaux-Arts – musée d’Histoire, 1985-1990.
Patrick DAUM, « La guerre de Vendée vue par la IIIe République », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 14/01/2025. URL : https://histoire-image.org/etudes/guerre-vendee-vue-iiie-republique
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Jean-Jacques Level || manque d'informations
Je vous remercie de votre travail.
Les thèmes abordés sont très instructifs mais variablement "fouillés". Ils apportent cependant un éclairage concis et intéressant sur les oeuvres choisies même s'il est souvent très insuffisant.
Je voulais vous signaler pour exemple un manque important lorsque l'on parle d'une oeuvre ; dans votre présentation et analyse de celle-ci, le format du tableau n'est que rarement mentionné. Il est pourtant totalement indissociable d'une représentation : intimiste, théatrale, miniature, etc.. Le format du tableau "La mort du chouan" n'est par exemple ici pas mentionné alors que vous parlez de "la monumentalité de la scène"!?
De même le medium utilisé, la date de réalisation, etc... rien sur la matière!
La date de l'oeuvre est également parfois absente!
Date, nature (huile, pastel, dessin, gravure sur bois, etc..) et format de l'oeuvre devraient toujours figurer sous le nom de celle-ci au même titre que le nom de l'artiste.
Le manque de liens externes permettant d'élargir les recherches est également à déplorer dans l'ensemble de votre travail. Ils sont pourtant aujourd'hui essentiels à notre culture.
Vous remerciant de votre travail, je vous souhaite de pouvoir continuer à élargir et raviver ce beau recueil dédié à la culture.
Level Jean-Jacques
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