La Liberté éclairant le monde
La statue de la Liberté de Bartholdi, dans l'atelier du fondeur Gaget, rue de Chazelles
Vue intérieure des ateliers Monduit lors de la réalisation de "La Liberté éclairant le monde"
La Liberté éclairant le monde
Auteur : BARTHOLDI Frédéric Auguste
Lieu de conservation : Musée franco-américain (Blérancourt)
site web
Terre cuite.
Domaine : Sculptures
© RMN-Grand Palais (Château de Blérancourt) / Thierry Ollivier
MNB 926 - 04-007712
La Statue de la Liberté
Date de publication : Septembre 2008
Auteur : Alexandre SUMPF
L’amitié franco-américaine en point de mire
Un siècle après le soutien décisif apporté par les troupes de Rochambeau et La Fayette aux insurgents américains, les Français décident d’accomplir un geste fort pour commémorer le centenaire de l’indépendance de 1776. Édouard Laboulaye, fin observateur de la vie politique américaine et partisan décidé de l’Union face aux Confédérés, est l’initiateur de ce projet, né en 1870 et confié à son ami sculpteur Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904).
En France, le Second Empire s’étiole alors et chute bientôt sans gloire face aux Prussiens ; la république est établie, mais timidement, sans trop y croire. Les États-Unis, quant à eux, sont en plein essor après cinq années d’une guerre civile connue en France sous le nom de guerre de Sécession (1861-1865).
La Liberté éclairant le monde est censée non seulement consolider les liens historiques entre Français et Américains, mais surtout rappeler le triomphe des idées des Lumières en Amérique et en France. Bartholdi imagine dès 1871 implanter la statue de la Liberté sur l’île Bedloe, dans la baie de New York. Elle sera tournée vers l’Europe, en souvenir de la traversée depuis les États-Unis des principes désormais réalisés de liberté personnelle et collective. La statue joue donc un rôle symbolique important dans l’acclimatation du régime républicain en France.
Œuvre d’art et prouesse technique
La version réduite de la statue, en terre cuite, conservée au musée de Blérancourt, est une réplique de la première pièce réalisée en 1870 par Bartholdi. Le débat a porté à l’époque sur le visage choisi par l’artiste comme modèle : une femme de sa connaissance (la veuve d’Isaac Singer ?), sa propre mère, une jeune fille aperçue sur une barricade érigée lors du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1852 ? Bartholdi a laissé planer le doute. L’œuvre frappe justement par la sévérité du visage, presque désincarné, surplombé de sa couronne en pointe. Les drapés superposés et la torche tenue à bout de bras représentent eux un véritable défi technique – qui, autant que le retard du financement, explique que la statue ne fut finalement inaugurée que le 28 octobre 1886.
L’huile peinte par Victor Dargaud (vers 1850-1913), quoique de dimensions assez réduites, démontre à elle seule la taille de l’entreprise. La structure métallique servant de support à l’habillage en cuivre fut confiée à Gustave Eiffel, déjà connu pour la réalisation d’infrastructures, et bientôt mondialement célèbre pour la tour qu’il dresse dans le ciel parisien en 1889. La silhouette fixée autour d’une ossature d’acier se détache sur un décor typique à la fois de la capitale haussmannienne (immeuble de gauche) et du Paris plus ancien (commerce de vins à droite). La rue de Chazelles, située dans le XVIIe arrondissement derrière le parc Monceau, est écrasée par la hauteur colossale du monument (46 mètres).
La photographie prise par Emmanuel Flamand dans les ateliers de la firme Monduit met en scène ce gigantisme en ramenant à l’échelle humaine la taille de la main à la torche. Cette partie de la statue crève littéralement le toit, aspirant le regard vers elle et vers le haut. On distingue sur la gauche le plâtre ayant servi de moulage pour la main elle-même : le premier plâtre s’était brisé en mars 1876, preuve des soucis techniques inédits. Un modèle réduit du moulage, au second plan, donne une idée de la progression du travail dans l’atelier. Les ouvriers semblent travailler au réglage de l’assemblage et au polissage du cuivre – le tout sera bientôt démonté pour être transporté aux États-Unis dans non moins de 210 caisses.
La statue des symboles
La statue de la Liberté, assez massive dans l’ensemble, tient en équilibre grâce à la posture que lui a imprimée le sculpteur, avec la jambe droite en retrait. Allégorie s’il en est, elle recèle de nombreux symboles. Les sept pointes de sa couronne seraient soit les continents, soit les océans – et figurent donc le monde. Les tablettes tenues sur le bras gauche portent l’inscription de la date de l’indépendance, le 4 juillet 1776, et correspondent au triomphe du droit. La flamme rappelle quant à elle les Lumières, et par conséquent l’exigence de liberté qui marquait cette pensée. Les chaînes brisées à ses pieds sont celles de l’esclavage, dont la pratique a lié négociants et producteurs des deux nations durant deux siècles.
Dès l’époque de sa réalisation, la statue de la Liberté a constitué un phénomène à la fois artistique, intellectuel et technique, suscitant l’admiration et attirant les foules. Il a fallu non moins de cinq années pour réunir en France et aux États-Unis les sommes nécessaires à son achèvement, par l’intermédiaire de grandes campagnes nationales de souscription et de véritables événements forains. La tête est présentée au Champ-de-Mars, lors de l’Exposition universelle de 1878. La main à la torche l’est à l’exposition du Centenaire, à Philadelphie, à l’automne 1876 : les visiteurs pouvaient déjà accéder au balcon qui ceint la torche, moyennant 50 cents. En 1886, au moment de l’inauguration officielle, la république est définitivement installée en France, consacrant le triomphe des idées républicaines de l’Alsacien Bartholdi.
La statuette en terre cuite en 3D
Robert BELOT, Daniel BERMOND, Bartholdi, Paris, Perrin, 2004.
Marie-Sophie CORCY, Nathalie VU HONG, Lionel DUFAUX, La Statue de la Liberté : Le défi de Bartholdi, Paris, Gallimard, 2004.
Bertrand LEMOINE, La Statue de la Liberté, Belgique, Mardaga, 1995.
Alexandre SUMPF, « La Statue de la Liberté », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/statue-liberte
La notice de l’œuvre sur le site de l’Unesco
Lire l'analyse de l'oeuvre sur le site de Panorama de l'art
Réécouter l’émission « La statue de la Liberté : histoire d’une flamme » dans Concordance des temps sur France Culture
Un dossier consacré à la construction de la statue de la Liberté sur Google Cultural Institute
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famille heiser
Après des recherches historiques familiales il semblerait que Félicie HEISER, amoureuse et fiancée à Auguste BARTHOLDI, lui de Colmar et elle de Strasbourg, on ignore s’ils se sont connus en Alsace ou à Paris. Leur union fut impossible, lui étant protestant et elle catholique. A cette époque, il était impensable d'envisager un mariage entre jeunes de confession différente. Les deux familles sont restées muettes à ce sujet mais Félicie et la mère d'Auguste avaient le même type Alsacien, ce qui a permis plus tard à Auguste d'affirmer, selon les dires de sa mère (Marguerite BEYSSER)que Félicie aurait servi de modèle pour la STATUE DE LA LlBERTE.
Consulter http://www.famille-heiser.com/
Philippe Sauv
Bjr
Ce midi au 13h de Fra2, un reportage montrait la livraison et l'installation de cette statue en bronze. Un détail m'a échappé, à cause de la tête d'un technicien devant.
Quelle est la date sculptée sur la tablette, et à quoi correspond cette date? J'ai aperçu 15 Novembre ( ma date de naissance) mais je n'ai pas vu l'année et je ne sais pas à quel évènement cela fait allusion.
Merci d'avance pour votre réponse.
Cordialement
Philippe Sauvé
Histoire-image
Bonjour,
Selon l'article de Wikipédia :
"Une autre réplique existe dans les Jardins du Luxembourg, offerte par Frédéric Auguste Bartholdi au musée du Luxembourg en 1900, puis installée dans le jardin en 1906. Il s'agit du modèle en bronze qui servit à réaliser la statue de New York. Sa tablette porte l'indication « 15 de novembre 1889 » (date d'inauguration de la statue du Pont de Grenelle). Elle est depuis juin 2012 exposée au musée d'Orsay. Elle sera remplacée par une copie dans les jardins du Luxembourg."
A bientôt,
Anne-Lise
Miette
Bonjour,
Une émission de France Culture a été consacrée à la statue de la liberté :
http://www.franceculture.fr/emission-concordance-des-temps-la-statue-de-la-liberte-histoire-d-une-flamme-2012-06-09
Elle rend compte des acquis récents de la recherche, avec l'ouvrage de l'historien américain E. BERENSON, La statue de la Liberté. Histoire d'une icône franco-américaine. (Colin, 2012)
roukaayna
bonjour je voulais dire que ce site est tres bien mais il me manquait une information dont j'avait vraiment besoin: comment ils ont transporter la statue de la france jusqu'en amerique
lady liberty
Lire le livre de Nathalie Salmon, une étude stupéfiante et récente sur une femme qui a posé pour la statue en 1875 : Sarah, l'épouse de l'ancêtre de l'auteur, Adolphe Salmon qui était l'ami et le fondé de pouvoir du sculpteur. La ressemblance est confondante, les circonstances parfaitement établies. L'Express et Europe 1 entre autres ont relayé "Lady Liberty I love you", éditions De Rameau. Et aussi une page facebook très bien alimentée: Lady Liberty I love you - le site officiel, the official website.
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