Marie-Antoinette, reine de France (1755-1793)
Marie-Antoinette, reine de France et ses enfants
Marie-Antoinette, reine de France (1755-1793)
Marie-Antoinette, reine de France (1755-1793)
Auteur : ANONYME
Lieu de conservation : musée national du château de Versailles (Versailles)
site web
H. : 223 cm
L. : 158 cm
huile sur toile. D'après Elisabeth-Louise d'après Vigée-Le Brun. Original exécuté pour l'impératrice d'Autriche, vers 1778-1778.
Domaine : Peintures
© RMN - Grand Palais (Château de Versailles) / Gérard Blot
10-518100 / MV 3892
Marie-Antoinette, la mal-aimée
Date de publication : Janvier 2005
Auteur : Jérémie BENOÎT
Née en 1755, Marie-Antoinette de Lorraine-Habsbourg, archiduchesse d’Autriche, devint reine de France en 1774 lorsque Louis XVI accéda au trône. Dès 1778, sans attendre qu’Elisabeth Vigée-Lebrun soit élue à l’Académie royale de peinture et de sculpture, et malgré la cabale menée par madame Labille-Guiard, la reine en fit son peintre attitré. Pas moins d’une dizaine de portraits furent exécutés, la plupart en pied. Le célèbre portrait de Marie-Antoinette à la rose qui est en buste long (musée de Versailles) fait figure d’exception. Le style doux et moelleux de Vigée-Lebrun, d’un néoclassicisme atténué, convenait certainement mieux à la souveraine que le solide réalisme d’Adélaïde Labille-Guiard. Elle souhaitait être flattée et la jeune artiste, du même âge que la reine, fut la seule à réussir ce pari. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer ses œuvres au portrait très sec que le peintre suédois Adolf Ulrik Wertmüller réalisa en 1784 : entourée de ses deux enfants, Marie-Antoinette, très réaliste, présente le lourd menton des Habsbourgs (Stockholm, Nationalmuseum). Peu satisfaite du résultat, la reine critiqua ouvertement le tableau, qui fut exposé au Salon de 1785.
Reprenant le principe des portraits royaux dont les premiers exemples remontent au XVIe siècle, Elisabeth Vigée-Lebrun place la reine dans un décor architectural qui lui permet une véritable mise en scène, avec colonnes, tables et draperies. En ce sens, ces portraits répondent aux portraits de Louis XVI en costume du sacre par Duplessis et Callet.
Du portrait officiel de 1778, plusieurs répliques avec variantes sont connues, dont deux conservées à Versailles. La reine se présente avec la tête tournée ou non. Dans le premier portrait qu’exécuta l’artiste, la reine apparaît un peu guindée dans sa robe trop riche. Elle a adopté une posture plus officielle que proprement humaine, avec à ses côtés la couronne de France. Le portrait original était destiné à son frère Joseph II, empereur germanique, et Mme Vigée-Lebrun en réalisa deux autres exemplaires, l’un pour Versailles, l’autre pour la tsarine Catherine de Russie.
Avec le temps, le style de Mme Vigée-Lebrun devint moins raide, ses relations avec la reine étant devenues moins officielles et certainement plus amicales. Les portraits suivants montrèrent une souveraine plus humaine, revêtue de vêtements plus simples, bien que très luxueux par leurs qualités ou leurs couleurs parfois vives. Dans le portrait du Salon de 1787, la reine est présentée en mère entourée de ses trois enfants. Le bébé qu’elle porte sur les genoux est le futur Louis XVII, mort au Temple en 1795. C’est le premier dauphin, Louis-Joseph-Xavier de France, qui donne son sens au tableau en indiquant l’avenir.
Mais le tableau le plus célèbre aujourd’hui est sans doute celui de Marie-Antoinette à la rose. Si le modèle original, dit « en gaulle », a disparu, cinq répliques avec variantes (chapeau, robe de mousseline, etc.) en furent tirées par l’artiste. Ce portrait flatteur, très intimiste, montre une souveraine qui bien que très digne, est revêtue très simplement d’une robe de soie grise et confectionne un bouquet. Rien d’officiel dans ce portrait, où la reine est présentée seule, vraisemblablement dans les jardins de Trianon ou du Hameau, où elle aimait à mener une vie champêtre, loin des complots de la cour.
La dernière reine de France, très mise en valeur par son époux Louis XVI, fut également la plus représentée de toutes les souveraines. Ces tableaux ont beaucoup fait pour la légende posthume de Marie-Antoinette. Ils la représentent non pas comme la femme futile que la légende révolutionnaire s’est plu à donner d'elle, mais comme une femme majestueuse et humaine à la fois, parfaitement à sa place dans son rôle de reine et de mère, même si le portrait à la rose la montre occupée à des activités plus futiles. Cependant, de son vivant, la multiplication des portraits contribua en partie à alimenter sa grande impopularité. Elisabeth Vigée-Lebrun elle-même paya le fait d’avoir représenté la reine et dut s’exiler à travers l'Europe, où elle poursuivit sa brillante carrière de portraitiste.
Joseph BAILLIO « Marie-Antoinette et ses enfants par Mme Vigée-Lebrun », in L’Œiln° 310, mai 1981.Simone BERTIEREMarie-Antoinette l’insoumiseParis, Fallois, 2002.Claire CONSTANSMusée national du château de Versailles.Les peintures1995, t.II, p.933, n° 5247 et 5248.Guy CHOSSIGNAND-NOGARETLa Vie quotidienne des femmes de roi d’Agnès Sorel à Marie-AntoinetteParis, Hachette, 1990.Jules FLAMMERMONT « Les portraits de Marie-Antoinette », in Gazette des Beaux-Arts1898, p.388-390.Evelyne LEVERMarie-Antoinette, la dernière reineParis, Gallimard coll.Découvertes, 2000.Françoise PITT-RIVERSMadame Vigée-LebrunParis, Gallimard, 2001.Muriel VIGIÉLe Portrait officiel en France du Ve au XXe siècleParis, Van Wilder, 2000.
Jérémie BENOÎT, « Marie-Antoinette, la mal-aimée », Histoire par l'image [en ligne], consulté le 23/11/2024. URL : https://histoire-image.org/etudes/marie-antoinette-mal-aimee
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Jmarc
Bonjour,
Je découvre le site : félicitations.
Pour Marie-Antoinette, j'ai lu il y a longtemps le livre de Stefan Zweig (Marie-Antoinette) qui m'a laissé un excellent souvenir. Il pourrait avoir sa place dans votre biblio.
Cordialement,
Jmarc
seanco
Ce hors-série femmes est remarquable comme tout ce que vous nous proposé ,d'ailleurs. Je profite de l'occasion pour vous renouveler mes félicitations.
Merci.
Histoire-image
Bonjour,
Merci beaucoup !
Ca nous fait très plaisir que ce hors-série vous plaise !
A bientôt
Anne-Lise
ConcoursATSEM
Magnifique cette étude et surtout la bibliographie est très utile.
Merci beaucoup encore une fois!
Jean-Michel T.
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